Cet été, La Presse vous parle de romans qu’il fait bon lire en vacances, chez soi ou ailleurs. Cette semaine : Sweet chaos, de Meryem Alaoui.

L’histoire

« Étrange immeuble, étranges gens. Même pour New York, c’est assez fou. » Cette phrase pourrait bien résumer le nouveau roman de l’écrivaine marocaine Meryem Alaoui, qui a habité quelques années aux États-Unis avant d’écrire ce deuxième titre. Dans cet immeuble de Brooklyn, les histoires improbables se mêlent aux commérages qui finissent par faire le tour des quatre étages. Il y a Jolene, la doyenne qui occupe un appartement du rez-de-chaussée depuis plusieurs décennies et surveille les allées et venues de tous ses voisins. Ethan, réputé pour ses soirées très courues. L’instable Clara, ses absences inexpliquées et son chien Tramp, qui jappe à n’en plus finir. Ou encore Mme Ruiz et son fils, qui revient habiter chez sa mère chaque fois que sa copine le quitte. Mais il y a aussi Riley et Graham, ce couple ouvert, parent d’un jeune garçon, qui explore jusqu’où il peut conjuguer amour et fantasmes, à travers diverses expériences polyamoureuses. Leurs interactions décousues peignent une mosaïque aux couleurs bigarrées, sorte d’immeuble Yacoubian new-yorkais qui rappelle le célèbre roman de l’Égyptien Alaa El Aswany. Et sous l’effet grossissant de l’œil des voisins, les moindres incartades prennent l’allure de croustillants intermèdes.

Pourquoi le lire ?

On plonge avec plaisir dans Sweet chaos pour s’imprégner de cette vitalité typiquement new-yorkaise que Meryem Alaoui dépeint avec humour et subtilité. C’est drôle, écrit avec verve et très divertissant. Et derrière tous ces ragots de voisinage, il y a surtout l’histoire de ce couple et de ces individus qui se cherchent, un peu comme tout le monde, en fin de compte. En somme, c’est un portrait contemporain qui se dessine à travers cette galerie de personnages truculents, au cœur de Brooklyn, celui d’une microsociété qui brille autant par sa diversité que par son acceptation de la différence. On le lit pour s’évader dans d’autres vies qui ne sont pas toujours simples, mais jamais banales.

On aimera aussi…

Le roman Les amants de Casablanca, de Tahar Ben Jelloun (paru en mai dernier chez Gallimard), nous propose un autre portrait de société à lire dans l’optique des questionnements et des déchirements d’un couple. Par l’intermédiaire de l’histoire de Nabile et Lamia, on découvre la société marocaine dans ses travers, ses coutumes, ses tabous et ses non-dits. Il y est question d’amour, de désamour et de trahison, dans l’une des villes les plus vibrantes du pays. Et comme souvent dans les écrits de l’auteur franco-marocain, on oscille entre traditions et modernité en se laissant entraîner par son grand talent de conteur.

Sweet chaos

Sweet chaos

Gallimard

304 pages