Les personnages des nouvelles de Marie-Sarah Bouchard ont tous un point en commun : ils cherchent dans l’ailleurs une forme de rédemption, une échappatoire à une vie qui leur colle mal à la peau.

Cet ailleurs, mouvant, prend plusieurs formes : ce voyage qu’on décide de faire pour se rendre intéressante aux yeux de ses camarades (mais surtout, de soi-même) ; cette fille perdue à retrouver, obsessionnellement ; ce rêve de la campagne qui se décompose en lambeaux ; cet appartement dont on ne sort plus, pour se protéger d’un passé qu’on préfère oblitérer, mais qui revient nous hanter ; ce rêve de performance post-maternité qui prend des teintes cauchemardesques.

Celle qui signe avec Pas besoin de dire adieu son premier recueil de nouvelles sait capter la fugacité de ces vies fragmentées, interrompues dans leur élan par un mal-être qui gruge, une indifférence qui se répand, une quête qui se vide de son sens. Et ce, avec une écriture vive, teintée de douce ironie, ancrée dans son époque. Par la bande, Marie-Sarah Bouchard aborde des sujets qui résonnent dans ce monde qui est le nôtre : la course à la performance, l’anxiété sociale, les désordres amoureux, les troubles du sommeil, la charge mentale, les réseaux sociaux et leur côté pernicieux... Et en décidant de tout abandonner pour mieux fuir, de se détourner sans jeter un regard derrière, ces personnages imparfaits mais attachants, voire émouvants avec leurs travers, semblent nous dire : on peut toujours choisir de ne pas se laisser avaler.

Pas besoin de dire adieu

Pas besoin de dire adieu

Boréal

160 pages

7/10