Ils sont issus de Calgary, forment un quartette rock et pas le moindre: Viet Cong est en lice pour le prix Polaris du meilleur album canadien de l'année pour les meilleures raisons.

«Calgary? Nous y sommes moins souvent par les temps qui courent. On est un peu itinérants. Plusieurs d'entre nous ont passé du temps dans l'île de Vancouver au printemps, et nous revoilà en tournée», dit le multi-instrumentiste et compositeur Scott Munro, joint au téléphone.

Au guitariste et claviériste se joignent Matt Flegel, basse et chant; Daniel Christiansen, guitare; Mike Wallace, batterie.

Quelles sont vos chances de remporter le prix Polaris le 21 septembre? «Aucune idée... Mais quoi qu'il advienne, nous sommes ravis d'être rendus là!», lance Scott Munro.

Né du groupe de Chad Vangaalen

Viet Cong est issu d'un autre groupe: celui de Chad VanGaalen, illustre représentant albertain de la mouvance folk-rock americana.

Scott raconte: «Matt et moi avions commencé à composer ensemble pendant que nous étions en tournée avec Chad. Puis, nous avons enregistré des maquettes à Calgary. Mike et Danny se sont joints à nous et nous avons fini par enregistrer notre premier album, coréalisé avec Graham Walsh [claviériste de Holy Fuck].»

Au-delà du studio et du local de répétition, les musiciens ont jeté leurs plus nobles métaux dans les braises de la tournée. Un répertoire a pris forme devant public: «Nos amis du groupe Freak Heat Wave nous ont offert de partir en tournée avec eux à travers l'Amérique.»

«Nous avons donné 54 concerts en sept semaines, dans des conditions purement artisanales. Cela nous a permis de raffermir notre identité sur scène.»

Post-rock, post-punk, glam rock, prog, improvisation: voilà les multiples matériaux de Viet Cong.

Scott précise: «Nous sommes friands de toutes sortes de musiques, dont quelques variétés de rock des années 70 et 80. Nous sommes tous amateurs de post-punk, de new wave ou d'avant-rock. Nous aimons The Cure, Joy Division, New Order, mais aussi le krautrock allemand ou David Bowie. Parallèlement, certains d'entre nous aiment l'improvisation libre de Derek Bailey, Evan Parker, Peter Brötzmann...»

Assumer son nom

Ce qui distingue Viet Cong de la majorité des formations rock se trouve dans le processus de création, dans la liberté des arrangements et de la réalisation.

«Le processus d'écriture est très ouvert, dit Scott Munro. J'ai une formation de contrebassiste et j'ai abordé la guitare et les claviers sans a priori. Je suis aussi conscient qu'un rock sans qualités timbrales ou texturales n'est pas grand-chose. C'est pourquoi Matt et moi avons passé beaucoup de temps dans mon studio à bidouiller sur nos ordinateurs, claviers et boîtes à rythmes. La découverte de nouveaux sons s'inscrit dans la composition d'une chanson.»

Le nom de votre groupe porte-t-il à confusion?

«Franchement, nous l'avons choisi assez vite, entre autres pour ses qualités phonétiques. À l'usage, nous avons réalisé qu'il pouvait heurter des centaines de milliers de personnes déplacées de force par la guerre du Viêtnam. Convenons que ce nom n'est pas le plus délicat, mais il est ce qu'il est. Nous devons maintenant faire avec.»

On aura saisi que Viet Cong ne voue pas de culte à Hô Chi Minh, mais plutôt à tous les esprits du rock, bons ou mauvais.

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Sur la scène des Arbres ce soir, 21 h, dans le cadre du festival Osheaga.