La Presse a appris que Lou Doillon fera partie de la programmation du festival Osheaga qui sera dévoilée ce soir. Lors de son passage au Québec en janvier dernier, l'actrice et chanteuse française a visité notre salle de rédaction pour une entrevue et une séance de photos des plus sympathiques. Discussion sur la vie, la musique et l'amour.

Silhouette élancée, chevelure brune et grandes mains frêles de pianiste: Lou Doillon ressemble à sa mère, Jane Birkin. Son père est le réalisateur Jacques Doillon; Charlotte Gainsbourg, sa demi-soeur. Si Lou Doillon a fait paraître un premier album de musique, c'est grâce au chanteur Étienne Daho, qui l'a mise en confiance en lui disant qu'elle «était peut-être le secret le mieux gardé de sa famille».

Mère d'un garçon né quand elle avait 19 ans, Lou Doillon a eu mille vies. Elle a multiplié les rôles au cinéma, monté plusieurs fois sur les planches et enfilé les contrats de mannequin. Sa carrière a connu des hauts et des bas.

«À 30 ans, dans mon métier, j'ai déjà été hype, bankable, unbankable, unhype, hype again. Mais je crois qu'une expérience négative est toujours une expérience positive. J'en ai mis du temps à me chercher, mais, aujourd'hui, je suis ravie de mon parcours costaud», confie-t-elle.

Il y a trois ans, Étienne Daho, un ami de la famille, l'a convaincue de faire de la musique. «Il m'a regardée avec amour, raconte-t-elle. Pour la première fois de ma vie, j'avais l'impression d'être précieuse et protégée. Pendant deux ans, il a fait de la contre-psychologie et, chaque fois que j'avais un argument pour ne pas faire de la musique, il le démolissait.»

Pour faire son album, Lou Doillon a dû cesser de se remettre en question. «Mon entourage m'a dit de simplement agir et de ne rien préméditer, dit-elle. J'avais la chance d'aller très mal à ce moment-là. J'avais laissé tomber ma carrière, l'amour, la vie. Pour la création, ce sont des moments de grâce. J'ai fait quelque chose de dénué d'ambition et qui vient de moi.»

Lou Doillon qualifie de «merveilleux» les six mois qui se sont écoulés depuis la sortie de son album Places, fort bien accueilli. «C'est la première fois que je ne suis pas au service des autres, comme au cinéma, au théâtre ou en photo. C'est quelque chose de déroutant... presque un manque de pudeur inouï», analyse-t-elle.

Les textes en anglais de Places sont un hommage aux «perdants magnifiques».

Inspirée par ses échecs

Lou Doillon a eu mille vies, mais aussi mille ruptures, qui ont inspiré les textes de ses chansons. «Oui, je suis attirée par les pires connards, lance-t-elle. Je vais me faire fracasser la tronche, mais je ne suis pas une victime, car j'aime ça... Je préfère vivre des histoires de mecs compliqués plutôt que des histoires tièdes.»

Les échecs et le chagrin sont inspirants et rassembleurs. «Les moments de la vie où nous sommes le plus universels sont ceux où nous sommes minables, dit-elle. Le culte du héros ne me parle pas. Quand on avoue l'inavouable, on est tous pareils. Et la responsabilité d'un auteur est de dire ce qui ne se dit pas. C'est pour cela que j'aime des filles comme Fiona Apple ou Lhasa.»

Les musiques de Places sont à mi-chemin entre la chanson française et l'indie rock. Lou Doillon a toutefois été surprise d'être nommée aux Victoires de la musique dans la catégorie du meilleur album rock. «Comme avec Martha Wainwright et Leonard Cohen, j'aime qu'on me raconte une histoire. La musique passe en deuxième. En fait, la démarche est blues.»

La chanteuse remercie Étienne Daho d'avoir réalisé un disque qui lui ressemble. «On a tout enregistré live en deux jours dans le studio La Seine, qui est à côté de chez moi dans le 11e arrondissement, à Paris, raconte-t-elle. Je me fais violence quand j'écris une chanson, mais, en studio, c'était joyeux.»

Les spectacles de Places se déroulent aussi bien que la genèse de l'album. «Je vis enfin mon enfance avec Places. J'ai moins peur, je rigole, je sors plus... Places me fait rencontrer plein de gens.»

Lors de sa visite à Montréal, en janvier, Lou Doillon était émerveillée par la lumière froide de l'hiver. «Je suis venue au Québec avec ma mère deux ou trois fois pour les FrancoFolies, mais je n'avais que des souvenirs d'enfance. Là, j'en ai plein la vue. Je suis émue par l'architecture et la lumière.»

Sa prochaine visite aura lieu cet été au festival Osheaga, du 2 au 4 août, où elle sera une des têtes d'affiche. «D'autres rencontres!» se réjouit-elle.