Pour remplir le Métropolis, soit la première grande salle de leur 26e programmation, les Nuits d'Afrique  présentent Gnawa Diffusion, précédé de Syncop. Les souches maghrébines s'apprêtent à rouler de concert avec les rondins français et québécois! Musiques d'Afrique du Nord, gnawi, chaâbi et autres expressions arabo-berbères se fondent dans le ragga, le reggae, la soul/funk, le hip hop, le rock et la chanson multilingue.

Amazigh Kateb, chanteur et leader de Gnawa Diffusion a lancé l'opus Marchez noir en 2009. Après quoi lui a repris l'envie de relancer sa tribu fondée en 1992 et qui s'était arrêtée pendant cinq années après avoir lancé plusieurs albums.

«J'en avais un peu marre, mais ce n'était pas une séparation. J'avais un projet solo à mener à terme,  je voulais un peu moins de bruit autour de moi. Et puisque plusieurs membres de Gnawa Diffusion avaient besoin de repos... Pour Marchez noir, j'ai tout de même rappelé quelques musiciens du groupe. En cours de création de ce projet solo, j'ai eu l'envie progressive de sortir de mon cocon individuel et de remonter Gnawa Diffusion» raconte le chanteur,  parolier et compositeur, de surcroît fils du célèbre écrivain algérien Kateb Yacine.

Dans ses commentaires recueillis à Grenoble où il est joint au téléphone avant de partir pour Montréal, on sent un réel désir de reprendre du service avec un album «best of» en guise de réintroduction - Audio-Globine 20 ans d'âge... sous étiquette Nuits d'Afrique.

«Des choses se sont affirmées, nos musiciens ont fait pas mal de progrès, soulève Amazigh. Par rapport à nos différents chantiers de création, le recul nous a permis d'appréhender la matière nouvelle de manière un peu moins brute, moins brutale. On se connaît depuis longtemps, on a eu aussi la chance d'entendre autre chose, de travailler avec d'autres, d'écouter dans d'autres contextes ce qu'on avait fait auparavant.  Forcément, cette ouverture favorise l'éclosion de nouvelles idées, de nouvelles sonorités.»

Un nouveau chantier de création est mis en branle, force est de déduire.

«Il y a aussi la fraîcheur retrouvée entre nous, de souligner l'interviewé. On s'est pris cinq ans d'âge dans les dents, on a ressenti la nostalgie de cette ambiance unique à Gnawa Diffusion. On a vraiment décidé de repartir ensemble car il n'y a plus ce tourbillon dans lequel on se sentait aspirés avant la pause. Aujourd'hui, on ne sait pas exactement où on va mais on sait qu'on a envie d'y aller!»

Ainsi, Amazigh Kateb croit sincèrement pétrir «une nouvelle pâte», avec des musiciens plus accomplis, techniquement meilleurs et qui lui soumettent des proposition plus abouties. Ce qui le stimule à écrire autrement. En tournée? Gnawa Diffusion peut peupler une scène avec dix musiciens et chanteurs. Au Nuits d'Afrique, les effectifs seront un peu plus modestes mais... la volonté et l'enthousiasme sont clairement au rendez-vous.

«Il y a des endroits où il faut absolument aller, Montréal est de ces endroits. Car on estime très important de soutenir ce qui se passe actuellement chez vous, je parle du mouvement étudiant. Nous, artistes qui avons des microphones et des haut-parleurs, avons l'occasion de jouer dans des pays où il se passe vraiment des choses. Et pas seulement à la télévision», allègue le chanteur, dont la parole progressiste a des affinités claires et nettes avec le carré rouge.

«Je suis libre et je préfère que les gens le soient, renchérit-il. Je n'aime pas les servitudes,  je suis allergique à tous les systèmes de peur et de sanctions. Peur de Dieu, peur du pouvoir, peur de la répression... il y a toujours une peur quelque part et je pense que c'est le malheur du monde. La liberté s'arrête où démarre la liberté des autres ? Je crois au contraire que la liberté se construit avec l'autre. »

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Dans le cadre des Nuits d'Afrique, Gnawa Diffusion et Syncop se produisent ce mercredi, 20h, au Métropolis.