On sait bien qu'Alex Nevsky ne cherche pas exactement à évoquer ce héros médiéval Alexandre Nevski, soit le plus populaire de l'histoire de Russie qu'a immortalisé sur pellicule le grand cinéaste Sergei Eisenstein. Originaire de Granby, le jeune auteur-compositeur québécois s'applique plutôt à devenir un bon artisan de chanson francophone, et défendre sur scène De lune à l'aube, son premier album sorti en 2010.

Nous en avons eu un avant-goût au premier soir du festival Montréal en lumière, soir de son véritable anniversaire assure-t-on du côté de la console d'éclairages. Au programme de Nevsky, chansons d'auteur, musiques relativement indés, le tout réuni dans un opus plutôt bien reçu par la critique locale.

Les pas de danse qui ouvrent le bal s'avèrent plutôt nonchalants, le ton de notre hôte s'annonce traînassant et pince-sans-rire.

Nevsky nous balance une reprise modernisée de Pour un flirt, tube franchouillard de Michel Delpech créé à la fin des années 60. Son party d'anniversaire, s'étonne-t-il à la blague, a réuni beaucoup plus de monde que prévu. «Ma mère va capoter!» s'exclame-t-il dans ce décor de salon/sous-sol cozy.

On conviendra que le parterre du Club Soda est relativement plein... et que le deuxième étage a été fermé au public. Encore au stade du succès d'estime, force est de constater.

Puis le jeune homme nous sert une version assez solide de Il cherche, avant d'enchaîner avec Notre coeur, une des chansons qui nous l'a fait découvrir, une des mieux construites de son répertoire encore tout neuf. Assez rock de facture, I'm Sticking On You s'ensuit. En formule piano-voix, Nevsky entonne La Solitude de Barbara, avec une insertion de la version originale en fin de parcours. Sympa.

La tapisserie qui sert de toile de fond se transforme alors en écran sur lequel on projette une chute d'eau. Lorsque la chanson Tristessa arrive à son pont de rock, fusent les couleurs de bleu et les égratignures en rafale sur l'écran, le tout culminant en mode technoïde.

Au clavier, le chanteur calme le jeu avec Les oiseaux, ballade funeste sertie d'un autre pont incendiaire. Le party d'anniversaire est un peu «down», convient le fêté, défendant néanmoins le spleen de ses rimes.

Les hommes disent peu, la ballade rock subséquente, donne l'occasion au guitariste Gabriel Gratton de pomper un solo plutôt classique. Puis, guitare acoustique en bandoulière, le chanteur invite ses trois collègues (Gabriel Gagnon, Gabriel Gratton, Olivier Laroche) à faire les choristes pour une ballade romantique qui, on l'aura deviné, inclut «embrasse-moi» et qui s'intitule Shalala (l'amour n'est pas qu'un slogan). La pompe romantique des mots et la dérision qu'en suggère l'interprétation font contraste, c'est le moins qu'on puisse dire.

Fab, rappeuse et chanteuse du groupe Random Recipe, débarque sur scène et offre à Nevsky une paire de gougounes pour son anniversaire. DJ invité, Kilojules de Misteur Valaire, se met à scratcher, les choristes sont en poste, tout ce beau monde danse Sous les stroboscopes. S'amorce la séquence la plus créative de cette soirée. Crions, la suivante, est aussi jouée façon dance rock.

Au téléphone fictif, Alex Nevsky simule une conversation à sa maman et remercie tous ses collaborateurs avant d'entonner une de ses meilleurs titres, Mille raisons. Deux rappels acoustiques boucleront la boucle de ce premier tour de chant. Prometteur? Oui, mais... nous n'en sommes encore qu'à la phase des promesses. Nous verrons bien au prochain anniversaire...