Un mobile vivant, avec des danseurs-acrobates-musiciens qui tournent au-dessus d'un petit groupe de bébés lovés dans les bras de leurs parents étendus sur le sol, voilà la proposition originale de La marche du crabe, qui investira le garage de la TOHU à partir du 7 juillet.

C'est au milieu de la nuit, il y a deux ans et demi, dans un moment d'insomnie, que Sandy Bessette, en fin de grossesse, a eu une illumination.«J'étais angoissée à l'idée d'être immobilisée par la prise en soin de cet enfant-là, nous raconte la comédienne de 34 ans, formée en danse contemporaine. Je suis quelqu'un qui a besoin de sortir, de voir des gens, de bouger, et là, je me suis mise à angoisser de l'isolement possible, poursuit la jeune femme qui crée des spectacles jeune public depuis une dizaine d'années. J'étais étendue sur le dos et je me suis dit: "On va faire un mobile géant pour les mamans qui sont toutes seules chez eux avec leurs bébés qui braillent!"»

Sans trop y croire, une demande de subvention a suivi. L'idée a tout de suite séduit les institutions, qui ont appuyé le projet.

À son grand étonnement, Sandy Bessette a dû rapidement s'engager dans la création de ce mobile de taille humaine. Comme si elle avait le temps... Avec son amoureux, Simon Fournier, lui aussi comédien et danseur, elle a donc donné vie à ce spectacle d'éveil sensoriel, à la fois acrobatique et musical, lancé le temps d'une représentation l'automne dernier, qui sera présenté dans quelques jours à Complètement cirque. Les deux artistes ont d'ailleurs pu peaufiner ce spectacle grâce à une résidence de production à la TOHU.

Deux ans et demi après la naissance de leur fille Elena, Le mobile est fin prêt à tourner. Tissu aérien, cerceaux et cadres sont fixés sur une structure en croix avec neuf points d'accroche d'où tombent de magnifiques saris multicolores qui donnent une impression de chapiteau.

Les cinq artistes du Mobile font des figures acrobatiques, jouent de l'accordéon ou du ukulélé, chantent des livres pour enfants ou s'adressent carrément aux parents placés aux quatre points cardinaux de la structure avec leurs bébés. Pour maximiser l'effet de proximité, à peine 40 duos parents-bébés par représentation seront admis. «Cette relation avec le public est au coeur de notre proposition, nous dit Simon Fournier, qui a notamment dansé avec la compagnie de Dave St-Pierre. On peut regarder chacun d'eux à tout moment pendant le spectacle.»

L'idée est à la fois tellement simple et ingénieuse qu'on se demande bien comment il se fait que personne n'y ait pensé avant.

«C'est vrai», acquiesce Sandy Bessette.

«Quand j'ai eu l'idée, j'ai parlé à des amis justement pour savoir si quelque chose de semblable avait été fait. On m'a parlé d'un spectacle similaire, j'ai eu peur que ce soit la même chose, mais je l'ai vu au festival Petits bonheurs et c'était très différent.»

«Donc, à ma connaissance, c'est la première fois que ça se fait. Et on constate l'engouement même parmi les artistes de cirque, qui nous ont contactés pour nous proposer leurs services.»

Si les tout-petits seront sollicités par la musique, les chants, les mouvements et les couleurs, les parents ne seront pas en reste. Sandy Bessette a notamment composé une chanson à répondre «pour parents fatigués», dont le refrain est: «Et des bisous on en a plein, mais du sommeil nous n'avons point...» «On s'adresse directement à eux, nous dit-elle, amusée. En évoquant les étapes du début de vie des enfants, mais aussi les commentaires et opinions de tous ceux qui nous entourent. On le fait dans un humour destiné aux parents.»

Pas trop «gnan-gnan»

Il y aura des moments plus mélancoliques, promet la danseuse et comédienne, qui ne voulait pas non plus faire un spectacle trop «gnan-gnan». «J'ai appris une chanson à l'accordéon qui accompagnera un petit récit inspiré de l'histoire du "Giving Tree", qui raconte la dépendance de l'enfant à ses parents, mais aussi son envol et son départ.» Des berceuses seront aussi chantées en russe, en japonais, en arabe, en espagnol, en néerlandais et en créole. Un atout pour une éventuelle tournée internationale.

Les fondateurs de La marche du crabe, qui a notamment produit la pièce Un orteil dans le vide et De doigts ou de pied, estime qu'avec Le mobile, leur compagnie vient de franchir un pas important. «C'est notre première grande reconnaissance du milieu jeune public, nous dit Sandy Bessette, qui constate que le «cirque jeune public» a la cote.

Voyez un extrait du Mobile

Au fait, d'où leur est venu le nom de cette compagnie? «La marche du crabe fait allusion à la manière dont les gens se rendent d'un point A à un point B, explique Sandy Bessette. Il y en a qui y vont en ligne droite et d'autres, comme moi, qui prennent plusieurs chemins de travers pour s'y rendre. Un soir, avec des amis qui avaient le signe astrologique du Cancer, on s'est rendu compte qu'on était comme ça. À prendre des détours, comme les crabes.»

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Présenté au festival Montréal complètement cirque du 7 au 15 juillet à la TOHU. Durée: 35 minutes. Pour les tout-petits de moins de 18 mois.