On attribue le fameux «Miroir, miroir, dis-moi qui est la plus belle?» à la belle-mère de Blanche-Neige, qui ne supporte pas la beauté de la jeune fille... par orgueil. Mais le Miroir, miroir de la Franco-Suisse Mélissa Von Vépy n'a absolument rien à voir avec le conte des frères Grimm... Même s'il est question de la perception que l'on a de nous-mêmes, et certainement de la perception que les autres ont de nous.

Pièce lente et grave, Miroir miroir s'anime au son du piano, joué par Stephan Oliva. Mélissa Von Vépy commence par tourner autour de ce grand miroir rectangulaire accroché à une barre de trapèze. Dans un silence de mort. L'air inquiet. Le reflet de son image qui la tétanise. Elle agrippe le miroir et commence son numéro en brisant deux des carreaux par lesquels elle se faufile.

Mise en danger

Durant les quelque 35 minutes de ce spectacle à mi-chemin entre le théâtre et la danse acrobatique, nous guetterons ses moindres gestes. D'une part parce que chaque figure qu'elle exécute dans le miroir risque de briser un autre carreau, et d'autre part parce que le sol est jonché d'éclats de verre. Cette mise en danger, cette tension, ce vertige, nous les ressentons du début à la fin. Tout comme ces états d'âme, qu'elle communique superbement sans paroles.

Beaucoup d'intensité, donc, dans ce qui nous semble être un véritable combat. Où l'on entend jusque la respiration de l'interprète. On peut y voir une critique de la société, obsédée par l'image que l'on projette. Mais aussi la tentative d'aller, nous-mêmes, au-delà de cette image. Dans un exercice d'introspection, de questionnement. Peu importe, il y a beaucoup de place à l'interprétation dans cette pièce-pas-du-tout-familiale.

Les scènes aériennes révèlent magnifiquement toute la fragilité de cette femme qui virevolte sur ce miroir de tous les dangers avec un seul soulier au pied. Qui lui permettra d'atterrir en toute sécurité sur le sol couvert de débris. Mélissa Von Vépy, actrice et acrobate, nous présente ici une performance à la fois puissante et poétique, chorégraphiée avec beaucoup de précision, qui inspire l'admiration.

Jusqu'au 16 juillet à Espace GO