On avait été charmé par son 60 minutes avec, il y a deux ans, au Zoofest. L'humoriste et auteur Simon Delisle récidive cette année avec Avaler la pilule, un spectacle agréable, rempli d'humanité et qui parle de résilience.

Avec sa bouille qui fait penser au personnage de Caillou, Simon Delisle est une petite star des bars montréalais. On a envie d'ajouter «un humoriste comme les autres». Le fait qu'il soit atteint d'une maladie rare, la polyendocrinopathie, donne évidemment une couleur particulière à sa performance sur scène puisqu'il en parle ouvertement, sans pudeur, mais avec simplicité.

En même temps qu'il nous fait rire, on ne peut faire abstraction du fait que ce gars-là a une vie justement pas comme tout le monde. Prendre sept médicaments différents tous les jours, ce n'est pas une sinécure...

Alors, quand, au début, il aborde le thème de la douleur - se mordre la joue en mangeant, se prendre un coup de pied dans les parties ou accoucher d'un enfant - on comprend qu'il sait ce qu'est la souffrance. 

«Ça fait 30 ans que je suis malade, alors je me suis habitué à ma maladie. C'est comme un syndrome de Stockholm!»

Il ne parle pas de ses manques de sécrétions hormonales ou de son diabète pour s'en plaindre, mais pour nous faire réaliser que quoi qu'il arrive, il faut garder le sourire et tordre le cou du destin. Sinon, à quoi bon. «On m'a annoncé ma maladie quand j'avais 18 ans, donc je n'avais plus droit à Rêves d'enfants! Alors, je regarde leurs téléthons en faisant des fingers

Couscous et Pringles!

Il raconte comment il a souvent été perçu, notamment dans sa jeunesse, lui qui n'a ni cheveux, ni sourcils, ni poils sur le corps. «Quand je ne porte pas de lunettes, on dirait que je ne suis pas fini! "Euh, il est de face ou de dos?" [...] J'ai rasé mes cheveux. Je suis imberbe. Bien huilé, je peux rentrer dans une boîte de Pringles!» 

Puis, il laisse un peu sa condition personnelle pour parler du moment, en 2006, où il a quitté sa région natale du Saguenay pour venir en ville. «À Montréal, les gens mangent autre chose que de la viande et des patates, ils mangent même du couscous, dit-il. Au Saguenay, ce sont les homosexuels qui disent couscous au lieu de surprise. Couscooooous!»

Ensuite, il évoque son emménagement avec sa blonde et des accommodements qui furent nécessaires. «J'aime pas qu'une fille me parle quand je fais l'amour car, moi, je suis humoriste, alors je ne peux pas m'empêcher de faire des jokes. "Que voudrais-tu que je te fasse", qu'elle me demande. "Euh... Un pain de viande?"»

Expressif, possédant un bon débit et une élocution remarquable, Simon Delisle fait le bonheur du jeune public qui le suit dans les bars depuis belle lurette. Avaler la pilule est une leçon de courage et un chouette moment de partage avec un humoriste attachant. 

______________________________________________________________________________

Au Monument-National jusqu'au 1er août.