Curieusement, c'est l'humoriste français Vérino qui a résumé, sans le savoir, le gala animé par Emmanuel Bilodeau et présenté hier soir à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. «Nous, en France, on n'a pas de mot pour le chialage. Nous, on appelle ça «la vie de tous les jours»!»

Et c'est clair qu'il faut avoir vécu en France pour comprendre ce qu'est le vrai chialage! Alors oui, c'était une bonne idée de choisir le chialage comme thème d'un gala, mais de là à prétendre que c'est une obsession des Québécois... la prémisse est un peu ampoulée.

Quand Emmanuel débute en affirmant que «tout va mal», que le Canadien n'a pas encore brillé cette année, que l'environnement fout le camp et que la corruption règne partout, on comprend que le chialage sera prétexte à faire rire, rien de plus.

Une fois qu'on s'est rentré ça dans le ciboulot, on est prêt à rire de tout. Ou presque.

Bilodeau a toutefois un peu erré sur le sujet politique. Moins efficace, moins drôle et moins éclairé que son discours d'un gala Juste pour rire de 2011, qui demeure un modèle du genre.

Bons moments

Chez les invités, il y a eu de bons moments, comme celui avec Peter McLeod, qui a parlé de son goût pour les femmes bien en chair. Les spectateurs ont aimé, mais ne se sont pas levés. Il l'aurait pourtant mérité.

C'est l'hystérique Olivier Martineau qui a eu droit à la seule ovation de la soirée, même s'il s'est permis des insolences bien senties vis-à-vis du public. On a hâte de voir le premier solo de l'humoriste champ gauche.

Billy Tellier et Jérémy Demay, en Laurel et Hardy de l'étalon métrique, ont fait semblant de se chicaner avec de belles perles. «Un Français joyeux, c'est comme un Italien qui te donne une facture: il n'est pas crédible!»

Virginie Fortin leur a succédé avec ses blagues d'observations quotidiennes. Un exercice spirituel sympathique, mais décevant. Martin Petit, lui, y est allé du refrain de la soirée en l'élargissant sur l'environnement et sur sa jeunesse. Correct.

Laurent Paquin a ensuite fait du 100% Paquin. Sur ce qu'on n'ose pas dire aux autres, notamment quand une fille est désagréable ou quand un gars «pue de la gueule». Gentillet.

Avec Guillaume Wagner, on a changé de registre. Caricatural, vulgaire à la puissance 69, on a eu droit à l'arrogance wagnérienne dans toute sa splendeur.

Ce n'était pas un gala exceptionnellement drôle, mais un spectacle bon enfant que le public a récompensé par un salut final. Cette première expérience d'Emmanuel Bilodeau était convenable, sans plus. Pas facile d'animer un gala. Mais bon, on va saluer le risque pris. C'est beau, un risque. Et on ne va quand même pas se mettre à chialer comme un Français...