Il pourrait être encore fiscaliste, n'eût été le 11 septembre 2001 qui a changé sa vie. François-Xavier Demaison (FX pour les intimes) est devenu humoriste, car il avait ça dans les tripes. L'humoriste français qui a joué Coluche au cinéma promet de nous le prouver encore en fin de semaine alors qu'il se produira quatre soirs à la Place des Arts.

«Les gens qui sont bienveillants m'appellent FX!», déclare d'emblée François-Xavier Demaison, au téléphone. FX, donc, revient chez nous cette fin de semaine présenter son spectacle Demaison s'évade et participer au gala La planète des femmes, animé par «son ami» Stéphane Rousseau.

Montréal est une terre de connaissances pour lui. «J'y ai des attaches, car ma femme est née à Montréal, son père habite à L'Île-des-Soeurs, sa mère à Saint-Lambert et elle a longtemps vécu au Québec. Elle est mi-Québécoise mi-Française. Et ma fille a la double nationalité.»

Il vient donc souvent ici. Il était au Grand rire de Québec en juin. Il avait présenté Demaison s'envole en 2008 à Juste pour rire. Et il est venu en 2010 pour la promotion du film Coluche, l'histoire d'un mec, dans lequel il tenait le rôle de l'humoriste décédé en 1986. Rôle qui lui a apporté une certaine notoriété et bien d'autres tournages de films.

Mais le succès en France n'est pas une garantie internationale. Quatre soirs à la Cinquième Salle de la Place des Arts représentent un défi pour lui.

«C'est toujours un défi de sortir de son confort et de son public, car dans son pays, ça finit par être une réunion d'amis à chaque fois, dit-il. Là, il s'agit d'aller conquérir un nouveau public, comme si l'on repartait de zéro. Et c'est toujours beaucoup d'émotions. Est-ce qu'on va m'aimer, quoi?»

FX aimerait bien réussir sa carrière ici comme l'ont fait d'autres comiques européens avant lui. «Professionnellement et pour développer quelque chose d'affectif avec le public québécois, car j'aimerais bien que notre fille ait la double culture.» Et puis, il a déjà travaillé de ce côté de l'Atlantique. À l'époque où l'humour ne faisait pas partie de son environnement de travail.

Il a déjà raconté avoir eu une prise de conscience le jour où, jeune fiscaliste chez PricewaterhouseCoopers à Manhattan, il a vu les tours du World Trade Center s'effondrer. Ayant enfoui pendant des années en lui son désir de faire de la scène, il s'est alors rendu compte, dit-il, qu'il «perdait sa vie à la gagner», et s'est mis à écrire un spectacle.

FX l'humoriste est né le 2 décembre 2002, à l'âge de 29 ans en présentant son premier spectacle à Paris. Il a d'abord connu des salles vides puis a délaissé son costume sombre quand elles se sont remplies. Il est passé à l'Olympia puis au Casino de Paris, puis ce fut Coluche et l'apothéose.

«Je rêvais de cette réussite, mais je ne pensais pas qu'elle serait si fulgurante», reconnaît-il. Aujourd'hui, il dit avoir une sensation de liberté lorsqu'il est sur scène, sensation qu'il n'a pas toujours ailleurs. D'où le titre de son deuxième spectacle, Demaison s'évade, que Stéphane Rousseau a quelque peu adapté.

Monde cruel

FX y expose son regard sur le monde. «Il y a un couple de bourgeois parisiens qui claquent tout pour aller créer une maison d'hôtes à Marrakech. Ça se passe très mal, car ils se comportent comme des nouveaux colons. Il y a aussi un séminaire «Tromper sans se faire attraper!» Il y a un regard sur la crise aussi avec un patron qui joue au golf pendant que ses employés font la grève de la faim.»

Il raconte même une histoire «canadienne»: Bitou le castor qui tombe sur un tueur en série québécois!

Le style d'humour de FX Demaison est d'essayer de voir la réalité, «de la prendre en photo et de la développer ensuite avec mes personnages. J'essaie de tirer le fil d'une justesse, d'une sincérité et de l'emmener jusqu'à une caricature et jusqu'à la folie», ajoute-t-il.

Son humour est parfois mordant et cruel, mais il considère être en dessous de la réalité du monde.

«Je suis un gros nounours, mais mes personnages sont le reflet d'une réalité. Je n'ai pas pu mettre tout ce que j'avais vu et entendu dans mon précédent métier, car les gens me disaient que c'était choquant. Pourtant, quand des patrons disent pendant l'absence d'une de leurs employés: «Elle est malade eh ben qu'elle crève», je ne peux même pas le mettre dans un spectacle, car ça va choquer tout le monde.»

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Demaison s'évade, Cinquième Salle de la Place des Arts, du 14 au 17 juillet à 20h.