En humour, on peut débiter des blagues ou bien raconter des histoires. L'humoriste française Florence Forest, venue à Montréal, vendredi, présenter en éclair la dernière de son spectacle Mother Fucker à la Place des arts, appartient à un autre style, celui qui consiste à faire rire en usant d'une expression corporelle toute théâtrale.

Logique de sa part quand on sait qu'elle a débuté sa carrière d'artiste en jouant dans des cafés-théâtres lyonnais dans les années 90 avant de bifurquer irrémédiablement vers l'humour en 2002.

Quelle sage décision pour nous! Sa performance, vendredi, montrait toute l'étendue de son talent et de son potentiel comique.

Loin de ses imitations de vedettes du spectacle, Mother Fucker nous fait pénétrer dans l'univers de la maternité et celui de la femme qui, à 37 ans, remarque de plus en plus souvent qu'elle n'a plus 20 ans.

Vêtue de noir, camisole et pantalon, Florence Foresti excelle du début à la fin de son monologue et déclenche des rires à chaque phrase. Les femmes s'esclaffent plus souvent que les gars, se sentant plus concernées évidemment par le sujet.

Mais la charge humoristique de son jeu atteint aussi les gars qui ont bien du plaisir à voir se plaindre et s'émouvoir cette blonde ou cette soeur devant eux.

Mère d'une petite fille de 4 ans, Florence Foresti débute en brodant sur les enfants et le parent gâteux devant sa progéniture, parlant comme eux ou se mettant à acheter toutes sortes de bébelles inutiles ou peu pratiques.

«En 2011, on peut faire du feu avec un iPhone, mais on ne sait toujours pas comment plier une poussette! C'est des talibans qui ont créé ça? En tout cas, c'est des gens qui n'aiment pas les femmes!»

«Ils nous disent d'acheter des jouets en bois, car c'est plus écolo, mais le jouet en bois, quand tu te l'es pris trois fois dans la gueule, tu vas en acheter un en plastique!»

Engageant un dialogue virtuel avec sa fille et des personnages qu'elle invente, elle raconte en se promenant de long en large sur la scène comment les mères s'ennuient dans les parcs pour enfants, errant «comme des zombies entre les manèges».

«Le parc, c'est le cimetière de ta jeunesse, c'est une prison pour adulte où tu es à la fois détenue et surveillante. Mais j'ai le plan du parc! Si on creuse sous le toboggan, on arrive directement chez Zara! (magasin de mode)»

Puis, l'humoriste évoque l'angoisse des femmes quand elles voient leur visage et leur corps vieillir. «À 20 ans, t'es fraîche comme la rosée du matin. À 37, comme la bouteille de rosé d'la veille!»

Pourtant, l'assistance a pu constater que Florence Foresti a plus que de beaux restes, surtout quand elle danse sur scène comme une déchaînée. Quelle forme!

Elle évoque ensuite l'époque où elle était enceinte. «La grossesse, c'est comme une gastro qui dure 9 mois, sauf qu'avec une gastro tu maigris! L'avantage, par contre, c'est que tu as de beaux seins. Mais des veines apparentes! Ah oui, c'est Google Map en permanence! Monsieur, vous êtes perdu? C'est ici!»

Après l'ovation spontanée obtenue par l'humoriste, Florence Foresti à La Presse son «bonheur» d'avoir joué pour une dernière fois Mother Fucker à Montréal:

«Le public ici est fin au sens français et fin au sens québécois. J'ai adoré. C'était comme un cadeau que je me suis fait. C'était une fête. Comme une "date".»