Le Festival d'été de Québec fête sa 50e édition. Alors que l'événement attire un nombre grandissant de visiteurs canadiens et américains, le directeur général Daniel Gélinas a les yeux tournés vers l'avenir. Doté d'un plan qui s'étire jusqu'en 2025, il fait avec La Presse le bilan des dernières années et nous dévoile sa vision pour les prochaines éditions.

Une place de choix

Véritable doyen des festivals extérieurs au Canada, le Festival d'été de Québec (FEQ) est devenu une machine de guerre. Nommé en 2016 meilleur festival de musique au monde par le magazine français Les Inrockuptibles, ainsi qu'au septième rang du palmarès des 250 meilleurs festivals du monde par le site Festival Insights, l'organisation compte désormais une cinquantaine d'employés permanents, en plus des 300 employés à temps partiel, avec un budget total en croissance qui s'établit à 31 millions cette année. «Notre modèle d'affaires unique au monde nous permet de rêver à n'importe quoi», dit avec optimisme Daniel Gélinas.

Après un creux, la remontée

Tout n'a pas toujours été rose au cours des dernières années au Festival d'été. Au tournant des années 1990 et 2000, admet Daniel Gélinas, le milieu de la chanson francophone québécoise vivait «une fin de cycle». «On était encore avec des chanteurs rassembleurs comme Claude Dubois et Laurence Jalbert, qui pouvaient attirer de grandes foules, et des artistes émergents qui n'arrivaient pas à remplir un grand terrain comme celui des plaines d'Abraham», affirme le directeur général. Alors que Québec vivait comme tout le monde le phénomène de la mondialisation, notamment sur le plan musical, le festival peinait à maintenir sa position de choix. En 2003, avec un achalandage en forte baisse, le FEQ a établi un plan d'urgence : augmenter l'espace pour les jeunes, intégrer des événements concepts et accroître la place accordée au vedettariat international. En 2004, l'événement a attiré 875 000 festivaliers, deux fois plus que l'année précédente.

Nouveaux sommets, nouvelle vision d'avenir

Il y a près de trois ans, «avec des sommets de ventes incroyables», où le FEQ vendait 100 000 billets seulement dans la région de Québec, la direction du festival a eu le vertige. Avec son modèle, où un bracelet donne accès au festival et est transférable d'une personne à une autre, une personne sur trois du Grand Québec visitait au moins une fois le site pendant l'événement. Pour maintenir la croissance, la direction de l'OSBL, qui est «dirigée comme une entreprise», réinvestit ses revenus dans ses prochaines éditions. M. Gélinas a prévu un plan 2025 fondé sur quatre grands piliers: 

1) Rester un événement multi-genre sur le plan musical, où tous les styles se côtoient.

2) Conserver le modèle d'affaires, où des laissez-passer sont vendus «largement en bas du prix du marché» et sont transférables d'une personne à l'autre.

3) Rester assurément sur le site enchanteur des plaines d'Abraham, qui permet d'attirer des foules de plus de 100 000 personnes.

4) Améliorer l'expérience en dehors des concerts en imaginant des concepts éclatés - notamment dans les transports en commun - où les festivaliers vivront des deuxièmes et troisièmes expériences.

Ils sont venus, mais surtout revenus

En près de 50 ans d'histoire, le Festival d'été de Québec a accueilli des milliers d'artistes, dont certains sont revenus à plusieurs (plusieurs!) reprises. Voici le podium des artistes ayant foulé le plus souvent les planches du FEQ.

1) Plume Latraverse (10 éditions)

2) Robert Charlebois (10 éditions)

3) Jean-Pierre Ferland (9 éditions)

La première femme à obtenir une place dans le palmarès des artistes le plus souvent invités est Laurence Jalbert, qui a participé à sept éditions.

Photo Yan Doublet, Le Soleil

Daniel Gélinas, directeur général du Festival d'été de Québec

Un moment qui est passé à l'histoire

Nous avons demandé à Daniel Gélinas s'il avait vécu au cours des dernières années un moment «Ayoye, que se passe-t-il!?», alors que l'énergie de la foule déborde et qu'il se passe sur le site du FEQ quelque chose qui sort de l'ordinaire. Sans hésiter, le directeur du FEQ a nommé le concert du groupe Bérurier Noir, en 2004, où près de 10 000 punks étaient débarqués à Québec en moins de 24 heures. Avec une météo capricieuse et de forts orages, les Plaines s'étaient rapidement transformées en bain de boue, au grand plaisir de ces festivaliers. «Les punks se sont lancés là-dedans, il y avait de l'hypothermie, c'était rendu le Viêtnam», se rappelle en rigolant M. Gélinas, qui a quand même dû gérer une crise pendant quelques heures, alors que certains bars étaient saccagés par cette foule électrisée et qu'il fallait réparer le site à temps pour le lendemain, où le chic Wyclef Jean présentait un spectacle attirant une foule, disons, pour le moins différente.

La programmation 2017

Le Festival d'été, qui s'ouvrira ce soir avec un grand spectacle d'Isabelle Boulay, présentera cette année encore de nombreux artistes québécois et internationaux, dont certaines grandes têtes d'affiche comme Kendrick Lamar, P!nk, les Backstreet Boys, Lady Antebellum, Les Cowboys Fringants, Flume, The Who, Metallica, Gorillaz et Muse.

Photo Patrice Laroche, Archives Le soleil 

En 2004, alors que le groupe punk Bérurier Noir était sur scène, les plaines d'Abraham se sont transformées en bain de boue en raison d'une météo capricieuse.