Du beau temps avec Weezer en forme et en mode rock sur les plaines d'Abraham: une soirée parfaite et un grand bonheur collectif partagés entre dizaines de milliers de spectateurs, mardi soir.

Après les notes du thème musical de la 20th Century Fox en introduction, Weezer a lancé sa machine à tubes avec My Name Is Jonas et Hash Pipe. Le son? Parfait: lourd, rock et viscéral. 

Le chanteur Rivers Cuomo arborait son look de «petit monsieur» habituel. Oubliez son état survolté à Osheaga en 2010 : Cuomo était en mode rock à la cinquième vitesse. Tout aussi décoiffant. 

«Merci Quebec City. Nous sommes Weezer et nous avons fait le voyage depuis Los Angeles, aux États-Unis, sur la planète Terre, a lancé Cuomo. On va rocker et vous allez sortir de vos bas.» 

Pendant We Are All On Drugs, Cuomo a grimpé sur son amplificateur pour se gâter d'un solo jouissif.  Le poing en l'air, des dizaines de milliers de spectateurs ont crié avec lui « oh-oh-oh-oh » sur Perfect Situation.

Cuomo a déconné en introduisant Island In The Sun, mis ses lunettes sur sa tête pendant la suave Say It Ain't So (classique de «l'album bleu») et s'est gonflé à bloc pour Pork and Beans où il a fait chanter tous ses acolytes en les présentant. Le temps passait trop vite.

Weezer a survolé le meilleur de son catalogue, de El Scorcho à Beverly Hills, en passant par Surf Wax America. Le public a aussi eu l'occasion plus rare d'entendre I Want You To et Keep Fishin'.

Après le rappel, Weezer a repris le tube de MGMT Kids (comme il l'avait fait à Osheaga en 2010), en présence de ses géniteurs Ben Goldwasser et Andrew VanWyngarden (MGMT précédait Weezer sur les Plaines). Puis la soirée s'est terminée dans le délire et l'extase avec la chanson de chambre à coucher de toute une génération d'adolescents: Undone -The Sweater Song.

MGMT: mou

En faisant le saut sur scène avec Weezer, MGMT n'aura pas réussi à se faire pardonner de sa prestation peu convaincante, à 20h. Nous avions quelque peu perdu de vue le groupe dont le premier album, Oracular Spectacular, a eu l'effet d'une bombe sur la planète indie-rock en 2007. Les deux disques suivants n'ont pas suscité le même enthousiasme...et c'est pareil en concert.

Les membres du groupe n'ont pas changé: ils ont l'air d'avoir 18 ans, donnent l'impression d'avoir fumé du pot toute la journée et leurs airs nonchalants et rêvasseurs ont comme seul effet positif d'inviter au lâcher-prise. Les projections «acid-wash» n'ont pas compensé les airs végétatifs d'Andrew Vanwyngarden, qui chantait les yeux fermés.

Pour les fans de MGMT: spectacle correct. Pour les curieux venus voir «le gros show du soir» sur les plaines: mou et pas convaincant. Heureusement que MGMT a servi ses titres phares Flash Delirium, Weekend Wars, Electric Feel et Time To Pretend.

Passion Pit: pop thérapeutique

La soirée commençait avec Passion Pit. Le chanteur Michael Angelakos était en forme, lui qui a partagé avec le public le fait d'avoir reçu un diagnostic de bipolarité, l'an dernier, avant la sortie du deuxième album de son groupe, Gossamer. Après Carried Away, Angelakos a demandé à la foule de faire du bruit sans se faire prier. Passion Pit comptait sur la présence de plusieurs jeunes admirateurs, venus pour lui et non les autres groupes à l'affiche.

Les hymnes électro-rock-pop de Passion Pit sont d'une grande sensibilité, Angekalos y évoquant les hauts et les bas de ses tourments intérieurs. En sachant ce déséquilibre qui affecte l'auteur-compositeur (qui a annulé des spectacles l'an dernier) et qui inspire les pièces comme Carried Away, Take a Walk et Cry Like a Ghost, le voir chanter sur scène a des vertus rassembleuses et thérapeutiques. C'est la beauté de la musique de Passion Pit: des airs légers et estivaux qui illuminent des textes vulnérables. Le beau temps après un gros nuage gris.

Mexican Institute of Sound

À 18h, la place d'Youville comptait sur le beau soleil de fin de journée, mais trop peu de spectateurs pour Mexican Institute of Sound. La scène était désolante compte tenu de la notoriété du groupe électro-traditionnel fondé par le DJ Camilo Lara (collectionneur de vinyles et créateur de la BO de Y Tu Mamá También), qui portait un t-shirt indiquant «Give Cumbia A Chance».

Son groupe a su faire danser les spectateurs (qui se multipliaient graduellement) avec ses échantillonnages remixant des trompettes de mariachis, des percussions, des rythmes hip-hop et ses harmonies vocales de tout-inclus. Un univers à la fois rock, créatif, puissant et kitsch.

Et chapeau pour la ferveur du groupe sur scène et son ironie (que les spectateurs ont mis du temps à saisir). «Nous venons d'un village perdu de 30 millions de personnes appelé Mexico», a dit Lara devant un public muet.

Peut-être aurait-il été préférable que Mexican Institute of Sound soir programmé en fin de soirée au Cercle pour faire danser les oiseaux de nuit. 

Le Festival d'été se poursuit ce soir avec Rush, Loco Locass, Canailles, Gros Mené, Bassnectar et The Jon Spencer Blues Exposion.