L'orgue dans tous ses états. On n'aurait pu trouver un meilleur titre pour le concert que vont donner Jean-Willy Kunz et son quintette de jazz à la Maison symphonique le 5 juillet.

Non seulement ce titre décrit bien la plus récente proposition de l'organiste en résidence de l'Orchestre symphonique de Montréal (OSM), mais il illustre parfaitement le parcours fort intéressant de ce musicien ouvert à toutes les musiques.

Tout récemment, Kunz a accompagné sur scène Pierre Lapointe, avec qui il avait enregistré une chanson de l'album Punkt, puis participé à un concert de la Virée classique de l'OSM en 2014.

Il a également collaboré à un spectacle de la compagnie de danse Le Carré des Lombes, joué dans des événements orgue et cinéma, participé à un duplex avec la Station spatiale internationale, fait entendre le Grand Orgue Pierre-Béique pendant un défilé de mode, accompagné Martha Wainwright dans son tour de chant à l'église unie Saint-James et fait équipe avec le DJ Kid Koala, ainsi que Rufus et Martha Wainwright, pour un magnifique Ave Maria à l'occasion d'un concert de Noël du clan McGarrigle-Wainwright.

Ce n'est pas tout. Jean-Willy Kunz sera également de l'intrigant Concert à l'aveugle que Kent Nagano et l'OSM donneront à la Maison symphonique en février 2018, avec nul autre que le guitariste de blues rock Steve Hill. L'OSM en parle comme d'un coup de chapeau à la musique rock planante des années 60, mais l'organiste ne veut pas en dire davantage pour le moment.

Déborder le cadre classique

Non, notre homme n'est pas du genre sectaire. En plein le genre de musicien capable de mener à bien une alliance entre le Festival de jazz et le Festival d'orgue de Montréal pour ce concert du 5 juillet qui puisera évidemment parmi les pièces de son tout récent album, Impressions, avec la même bande de musiciens à l'exception du percussionniste Paul Picard, actuellement en tournée avec Céline Dion, qui cédera sa place à Camil Bélisle.

À leurs côtés, on reconnaîtra le contrebassiste Frédéric Alarie et la tromboniste Hélène Lemay ainsi que le clarinettiste et saxophoniste André Moisan, musicien émérite de l'OSM qui partage avec son ami Kunz un intérêt pour toutes sortes de musiques.

«J'ai toujours cultivé une passion pour les musiques qui débordent le cadre classique, des musiques différentes auxquelles on ne s'attend pas de la part d'un grand orgue à tuyaux, explique Kunz. Dans les années 90, j'avais un duo saxophone et orgue dans la région de Grenoble, avec le saxophoniste Frédéric Lagoutte. Au fil des ans, nous sommes passés de la musique classique qu'on présentait dans des églises au jazz et à la musique des Balkans. J'étais tout jeune, j'avais 17 ans, et ça m'est resté dans la tête. Justement, le 5 juillet, on va reprendre les musiques que j'ai jouées il y a une vingtaine d'années avec ce saxophoniste.»

Cette «démocratisation» de l'orgue ne fait pas uniquement partie du mandat qu'avait confié l'OSM à Jean-Willy Kunz en prévision de l'inauguration du Grand Orgue Pierre-Béique en 2014, elle est au coeur de sa démarche de musicien.

«Je pense que l'orgue est un instrument tout à fait polyvalent, lance-t-il. Trop longtemps, il a été mis dans une boîte et les gens ont des préjugés sur cet instrument. Justement, je m'applique à montrer différentes facettes de l'orgue et à l'utiliser dans des contextes très différents dans lesquels on ne s'y attend pas.»

Pousser un peu plus loin

C'est lui qui a proposé à Pierre Lapointe de pousser un peu plus loin la collaboration qu'ils avaient amorcée lors de la Virée classique de 2014.

«J'ai grandi un peu avec Starmania et j'ai rêvé d'une sorte d'opéra rock, l'opéra qui mélange tous les arts, la musique instrumentale, la musique vocale, la danse, le théâtre... Je rêvais de quelque chose comme ça avec de l'orgue et ce projet a mis trois ans à mûrir avec Pierre.»

Jazz oblige, le concert du 5 juillet fera la part belle à l'improvisation, assure Jean-Willy Kunz.

«Chaque musicien est un maître dans son domaine. Même dans les oeuvres traditionnelles des Balkans, il y a de l'improvisation. C'est vraiment le même principe que pour le jazz : il y a des grilles, des carrures sur lesquelles on improvise.»

«On est une formation musicale un petit peu unique, ajoute-t-il. La simple juxtaposition de l'orgue et des percussions, on n'entend pas ça souvent.»

Jean-Willy Kunz était du concert inaugural du Festival de Lanaudière, samedi, avec Kent Nagano et l'OSM. Il y a joué A Globe Itself Infolding du compositeur montréalais Samy Moussa, créée lors de l'inauguration du Grand Orgue Pierre-Béique et que l'organiste et l'OSM reprendront le 17 octobre à la Maison symphonique et le lendemain à Carnegie Hall.

Il accompagnera également des choeurs lors d'un concert de la Virée symphonique 2017 de l'OSM, le 13 août à la Maison symphonique.

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À la Maison symphonique, le 5 juillet, à 19 h.