Avec le concert de ce soir soulignant son 80e anniversaire de naissance, qu'il célébrera le 11 septembre, Oliver Jones aura participé à 25 des 35 éditions du Festival de jazz où il a tout fait, des premières parties aux hommages, en passant par la série Invitation, le duo, le trio et le quatuor. Il a joué avec Oscar Peterson, son idole de jeunesse, accompagné Ginette Reno et s'est fait accompagner par l'OSM. Oliver, comme tout le monde l'appelle, a participé à 40 concerts dans 12 salles différentes, ce qui doit constituer des records. À la veille du concert de clôture de ce soir où nombre de musiciens viendront l'accompagner sur scène, La Presse a joint quelques personnalités du milieu pour parler de l'ambassadeur du jazz montréalais.

«J'ai rencontré Oliver Jones en 1981, peu avant le deuxième Festival de jazz où il avait fait la première partie de Gary Burton au Club Montréal, l'ancêtre du Spectrum. Il venait juste de revenir à Montréal après plusieurs années dans le Sud et il m'avait été hautement recommandé par Alain DeGrosbois, le réalisateur des émissions de jazz à Radio-Canada. Depuis, Oliver a participé à 25 festivals - sur 35, c'est pas mal. Disons que, comme d'autres grands comme Tony Bennett et Dave Brubeck quand il vivait, il a une invitation permanente: il nous appelle et il dit: "Qu'est-ce que je fais, cette année?" Qu'il accompagne Ginette Reno ou qu'il joue avec l'OSM, tout est toujours correct: Oliver se présente à l'heure, prêt à la tâche. Disons que sa modestie est égale à son talent...»

- André Ménard, vice-président fondateur et directeur artistique du FIJM

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«Oliver est une soie... Avec lui, il n'y a jamais de problèmes; ce n'était pas toujours le cas avec Oscar [Peterson] avec qui j'ai aussi joué. Oliver, c'est le swing! C'est un grand pianiste de la tradition, dans la lignée d'Oscar et d'Art Tatum. J'ai joué avec lui longtemps; sur le disque Lights of Burgundy, entre autres, qui a reçu le Juno du meilleur disque de jazz en 1986. Dans le temps où l'on voyageait beaucoup, on l'appelait "All Over" Jones. Tout le monde avait du plaisir à jouer avec lui...»

- Michel Donato, contrebassiste ancien sideman d'Oliver

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«J'ai accompagné Oliver dans plus de 450 concerts. On n'a jamais vu de set list... On arrive sur scène, on s'assoit et là seulement, Oliver décide de ce que l'on va jouer. Mais le style et la tonalité peuvent être différents de la fois précédente: telle pièce swing devient tout à coup une bossa-nova... Ça dépend de ce qu'Oliver perçoit dans la foule, s'il sent qu'elle est plutôt conservatrice ou si elle est ouverte. Et selon que le trio joue à Montréal, à Toronto ou à Pékin. Oui, musicalement, Oliver est dans la tradition: je ne joue pas avec lui comme je joue avec, disons, [le trompettiste] Dave Douglas. Sur scène, toutefois, il s'en remet complètement à son feeling: Oliver Jones est beaucoup plus un improvisateur que les gens croient... Et, ce que tout le monde sait, un homme de coeur, le même homme généreux sur scène qu'à l'extérieur.»

- Jim Doxas, batteur dans le trio d'Oliver Jones

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PHOTO ARCHIVES LA PRESSE

Oliver Jones et Angèle Dubeau

«Par son élégance, sa joie de vivre, Oliver transcende la musique et c'est pourquoi il est un formidable ambassadeur pour le jazz, pour Montréal, le Québec et le Canada. Je fais partie d'un groupe qui s'appelle les Piano Caméléons [avec Matt Herskowitz, entre autres] dont Oliver est le parrain. J'ai eu la chance de jouer quelquefois en duo avec lui; il entend absolument tout et sa capacité de synthèse rythmique et harmonique le place dans la lignée des grands maîtres que j'écoutais quand j'avais 16 ans: mon père m'avait acheté des cassettes d'Oscar Peterson, de Chick Corea et de Thelonious Monk. Oscar a aussi été mon professeur au Interprovincial Music Camp, en Ontario; j'avais passé un été à essayer de décoder son jeu. Une expérience inspirante pour un jeune pianiste...»

- John Roney, pianiste et hôte des jam sessions du FIJM au Hyatt