Lorsqu'on écoute attentivement l'album récent de l'harmoniciste Grégoire Maret (sans titre, sous étiquette eOne Music), on devine que certains enregistrements sont bien en évidence dans la discothèque personnelle du jazzman helvète : Native Dancer de Wayne Shorter, Word of Mouth de Jaco Pastorius, Milton de Milton Nascimento, Secret Life of Plants de Stevie Wonder.

Trêve de spéculation, ses collaborations fructueuses auprès de nombreux artistes mènent à croire que son jeu est, de prime abord, assez proche de l'ancêtre Toots Thielemans et aussi marqué par l'harmonica chromatique de Stevie Wonder. Post jazz fusion à saveur brésilienne et tropicale, facture appréciée depuis le milieu des années 70...

Sur scène, cependant... On découvre un animal plus féroce. Plus personnel, plus intense, usant de phrases explosives et singulières, capable de servir de vives réparties à un Clarence Penn déchaîné à la batterie (un peu trop dans le contexte) et s'avérer le bouillant soliste d'un quartette qui peut décoller bien haut côté performance.

Instrumentiste de premier plan, Grégoire Maret est un compositeur sympathique, sans plus. Pour l'instant, du moins. Or, sa musique n'en beurre pas trop épais pour qu'on se formalise de son manque d'envergure. On n'y relève pas de fautes de goût, on observe également que ces compositions témoignent d'une solide connaissance du jazz et de sa périphérie.

De la bonne musique, de très bons musiciens (Matt Brewer, basse électrique, Federico Gonzalez Pena, claviers, Clarence Penn, batterie) au service d'un killer de l'harmonica chromatique... dont on compte les grands interprètes (jazz) sur les doigts d'une seule main. Et qui, fort possiblement, pourrait devenir une star du jazz et ainsi remplir bientôt des salles plus vastes que que l'Astral (pas tout à fait plein ) samedi soir. À redécouvrir sur scène, donc.