Cette façon de danser. Cette voix puissante et contagieuse. Ce mélange visionnaire des genres musicaux. Cette compétence orchestrale. Cette allégeance aux cultures afro-américaine, occidentale et planétaire. Ce futurisme pop. On le dit et le redit depuis une paire d'années, Janelle Monae Robinson est une surdouée. Sa venue au Métropolis est une bénédiction pour les fans de musique, qui verront une version étoffée des récentes aventures de l'androïde Cindi Mayweather, personnage qu'elle incarne et qui lui permet de déployer un monde fabuleux de divertissement-fiction.

Q. Cette fois, les Montréalais auront droit au spectacle complet de Janelle Monae et non une séquence de 60 minutes comme on l'an dernier à Osheaga ?

R. Nous verrons bien... Chose certaine, le spectacle sera certainement plus long que ce qui a été présenté la première fois chez vous. Mais je ne vous en dis pas plus; je ne parle jamais de mes performances avant qu'elles ne soient présentées. Mes récentes découvertes? Mes récents aménagements? Il faudra vous y rendre pour les constater! J'ai mes petits secrets et je peux régulièrement changer des éléments de mon spectacle.

Q. Peut-on quand même parler d'une progression?

R. Bien sûr! Mon spectacle s'est transformé depuis l'an passé. Je reviens avec le Wondaland Arch Orchestra et j'ose croire que nous nous sommes améliorés. Sincèrement, nous serons à Montréal afin de vous y faire vivre une expérience totale que vous ne serez pas prêts d'oublier! Vous en sortirez touchés, je l'espère, et ce avec une meilleure compréhension de mon univers.

Q. Vous avez créé de la nouvelle musique et de nouvelles chansons depuis la sortie d'Archandroid ? La rumeur parle même de deux albums et d'un film. Alors?

R. Absolument, je m'y suis appliquée. En tant qu'artiste, je me fais un devoir de ne jamais m'arrêter de  et créer. Ma musique est synchronisée avec l'horloge de mon âme. Et toujours en phase parce que la vie m'inspire au moment présent. En fait, je suis toujours en préparation d'un nouvel album. Je suis à l'écoute de mes sentiments, de mon instinct.Bien sûr, de nouveaux chapitres de l'Archandroid seront dévoilés au moment opportun. Ce n'est pas le moment d'en dévoiler la date.

Q. Pouvez-vous quand même nous indiquer quelques balises des sentiers empruntés ces derniers mois ?

R. J'ai tourné beaucoup au cours de la dernière année, en plus de créer les nouvelles chansons. Je réside toujours à Atlanta, une ville que j'aime. J'essaie de rester proche de mon monde, je vais régulièrement visiter ma famille et mes amis à Kansas City (d'où je proviens). J'essaie aussi de rester sensible au combat quotidien que mènent les gens ordinaires et modestes car je proviens moi-même de ce milieu. J'estime en ce sens que les artistes doivent être les porte-voix des gens de qui ils sont proches. De plus, j'ai poursuivi ma formation personnelle, j'ai continué à étudier ou me sensibiliser davantage à différentes causes - l'environnement en étant une parmi d'autres.

Q. Les artistes qui vous ont récemment marquée?

R. Mes amis Roman GianArthur et Deep Cotton sont de jeunes artistes d'Atlanta qui m'inspirent, bien qu'ils soient peu connus pour l'instant. J'aime beaucoup, en fait, la communauté des musiciens et artistes d'Atlanta; chacun encourage  ses collègues et n'hésite pas à partager ses découvertes.  D'autant plus que nombre d'artistes de cette ville ont en tête de repousser leurs limites. Bien sûr, j'adore New York ou Chicago, mais je préfère créer à Atlanta.

Q. L'Archandroïde Cindi Mayweather, le personnage que vous incarnez sur scène, dans vos vidéos ou vos enregistrements, peut-il être aussi interprété comme une protection de votre vie privée ?

R. Ma vie personnelle reste... personnelle. Il faut dire que j'étais une personne secrète bien avant d'être connue. Je respecte la vie privée des autres, j'aime qu'on respecte la mienne. Tout est question d'équilibre... Au-delà de toutes ces tournées, j'aime me retrouver avec mes proches, celles et ceux qui me comprennent, qui rient, réfléchissent ou pleurent à mes côtés.

Q. Les mondes classiques et pop se trouvent dans votre musique. Pourquoi un tel mélange ?

R. J'aime toutes les musiques de qualité, indépendamment du style, de la tradition, de l'époque ou de la région d'origine. J'essaie d'alimenter cet intérêt, cela me semble naturel de le faire. Je souhaite évidemment étoffer mes goûts, car tant genres musicaux apparemment différents peuvent fonctionner ensemble. Ainsi, j'aime reculer dans l'histoire ou vivre dans le présent pour mieux imaginer l'avenir. La bonne musique reste la bonne musique, il n'y a pas de distinction de qualité à faire entre les styles et les époques.

Q. Pouvez-vous identifier des artistes qui relèvent de la même démarche que la vôtre?

R. Non. Je respecte plusieurs d'artistes, certains énormément. Mais nous sommes chacun différents, nous évoluons et grandissons différemment. Les comparaisons directes me semblent donc pas appropriées. Du moins en ce qui me concerne.

Q. On dit de vous que votre talent est comparable à celui de grands artistes afro-américains de la musique populaire, tels Prince, Stevie Wonder ou Outkast. Qu'en pensez-vous?

R. Ces personnes mentionnées sont mes amis, je les connais personnellement, j'admire leur travail incroyable. Je ne peux rien ajouter à cela.

Dans le cadre du FIJM, Janelle Monae se produit le mercredi 27 juin, 20h, au Métropolis.