Florent Vollant, «le plus mondialement connu des Innus», lancera Présence autochtone, le jeudi 2 août à la place des Festivals. André Dudemaine, Innu lui aussi et directeur général du «festival des Premières Nations de Montréal», a présenté la programmation hier à la Grande Bibliothèque: «Montréal proteste en faisant du bruit, mais nous [les Autochtones], par cette manifestation pacifique et joyeuse, nous perpétuons la plus longue protestation des Amériques.»

Du 31 juillet au 8 août, musique, cinéma, poésie et cuisine «pré-espagnole» - au resto Le Contemporain du MAC - sont au menu de la 22e présentation de Présence autochtone, qui contribue à faire de Montréal «la métropole culturelle du Nouveau Monde». Un nouveau monde où se rencontrent les anciens, comme le vendredi 3 août, alors que les Ojibwés du groupe A Tribe Called Red accueilleront des deejays amazighes, qui veut dire «hommes libres» en langue berbère, a précisé Mustapha Terki, le patron de MEG Montréal (du 26 juillet au 5 août), coprésentateur de la soirée.

La programmation cinématographique apparaît particulièrement étoffée avec des primeurs telles Toomelah (Cannes 2011), du cinéaste aborigène australien Ivan Sen, et Boy de Taika Waititi (Two Cars, One Night), un Néo-Zélandais issu d'un père Maori et d'une mère juive. Plus près de nous, le documentaire Smoke Traders traite du commerce du tabac par les nations autochtones autour de Montréal, «une vue de l'intérieur qui ne fera pas l'unanimité», a souligné André Dudemaine en parlant de ce film du Cri Neil Diamond, à qui l'on doit entre autres Reel Injun (sur la place des Amérindiens dans le cinéma hollywoodien).

Par ailleurs Présence autochtone projettera en extérieur Mesnak d'Yves Sioui Durand, premier film québécois réalisé par un Autochtone. «Loin d'être parfait, mais un film important», dira encore André Dudemaine, féru de cinéma.

Comment expliquer le retard du cinéma autochtone québécois? avons-nous demandé à la cinéaste Manon Barbeau, fondatrice de Wakipioni Mobile, un studio ambulant de formation audiovisuelle et musicale qui s'arrête à tour de rôle pendant cinq semaines dans 21 communautés éloignées. «Peut-être par cette phase d'autogénocide qui a longtemps paralysé les communautés. Mais avec Wakiponi, nous rencontrons des jeunes dynamiques, politisés, ouverts, des jeunes qui n'ont plus, à l'égard du Blanc, la méfiance de leurs parents. La réconciliation est en construction...» Wakiponi est à l'origine de quelque 475 oeuvres audiovisuelles.

Présenté dans le cadre de Présence autochtone, le colloque «Regards autochtones sur les Amériques» se penchera incidemment sur le cinéma autochtone du Brésil (le 1er août à l'INRS), et les relations entre la caméra et les Premières Nations (le 2 à Kahnawake).

On pourra consulter la programmation complète de Présence autochtone le lundi 25 juin sur le site NativeLynx.qc.ca, mais on sait déjà que «le grand esprit du caribou souffle sur la fête».