Accompagnés de leurs enseignants, ce sont quelque 18 000 élèves qui découvrent les stands débordant de livres lors des matinées consacrées aux écoles, les mercredi, jeudi et lundi. Rencontre avec des professeurs du primaire et du secondaire qui se sont donné la mission de transmettre la passion de la lecture.

«Peu importe leur niveau ou leur âge, tous les élèves sont excités d'aller au Salon», affirme Patrick Colmor, enseignant à l'école primaire Lucille-Teasdale, située dans le quartier Côte-des-Neiges.

Pour ce professeur en milieu multiethnique, la sortie remplit un double mandat: faire découvrir aux enfants une nouvelle culture et les inciter à lire.

«Quand ils vont à la bibliothèque interculturelle [sur Côte-des-Neiges], ils finissent souvent avec des bandes dessinées ou des mangas. Au Salon, ils peuvent rencontrer des auteurs et découvrir d'autres genres de livres», dit-il.

Pour les guider dans leur exploration, M. Colmor sépare ses élèves en équipes et donne à chacune d'entre elles une somme d'argent de sa poche. Leur objectif: trouver un livre informatif sur une thématique étudiée en classe - les religions du monde, le corps humain, les catastrophes naturelles... Les élèves parcourent ainsi le Salon à la recherche d'un ouvrage qui s'ajoutera à la bibliothèque de la classe et leur servira tout au long de l'année scolaire.

Les élèves conservent un bon souvenir de cette sortie, estime M. Colmor. Il lui arrive même de se faire aborder au Salon par d'anciens élèves qui y retournent plusieurs années plus tard.

Il y a quelques années, son groupe s'était reconnu dans une photo du journal Métro. «On a affiché la page dans l'école, ils étaient très contents de se voir. Il y a beaucoup d'élèves qui sont allés chercher une copie du journal pour le garder.»

Une sortie appréciée des élèves

Comme son confrère, Marie-Claude Barrette note que la sortie au Salon du livre est sans conteste l'une des préférées des enfants. L'enseignante en 5e et 6année à l'école primaire des Berges-de-Lachine y emmène ses élèves depuis 15 ans et avait déjà inscrit la visite à l'horaire en septembre.

«Avant le Salon, on regarde la programmation en classe et les élèves votent pour les animations auxquelles ils veulent assister. Ça les aide à se sentir plus impliqués dans la sortie. Ensuite, ils ont toujours du temps libre pour visiter les kiosques.»

Ce qu'ils aiment par-dessus tout? Les ateliers interactifs, les jeux, les quiz... et les bandes dessinées!

«Quand je les vois assis dans un coin, incapables de laisser leur livre et que c'est le temps de partir, ça me touche», dit Mme Barrette, qui fait toujours tirer au sort un livre pour ceux qui n'ont pas les moyens d'en acheter.

Geneviève Forest, enseignante en 2secondaire à l'école des Patriotes de Beauharnois, constate de son côté que les jeunes lisent de plus en plus.

«Il y a un intérêt remarquable pour la lecture, et un engouement particulier pour les séries, en particulier depuis une dizaine d'années avec Harry Potter et Aurélie Laflamme, d'India Desjardins», indique l'habituée du Salon du livre.

Son défi: montrer à ses élèves la diversité des livres au Salon, au-delà de ce qu'ils connaissent déjà.

Enseigner la passion de la lecture

Guylaine Rousseau s'est donné pour sa part l'objectif ambitieux d'emmener pour la première fois ses élèves au Salon du livre. Inscrits dans une classe pour jeunes ayant des difficultés d'apprentissage graves à la polyvalente Deux-Montagnes, ses 19 élèves, qui ont 13 et 14 ans, n'aiment tout simplement pas la lecture, dit-elle.

«On a toujours 15 minutes par période pour lire. Et c'est déjà difficile», raconte-t-elle.

Avant la visite, elle compte leur expliquer comment «magasiner» un livre devant autant de choix.

«Je veux surtout qu'ils discutent avec les personnes présentes sur place pour qu'ils trouvent le goût de lire à travers des gens passionnés. Ce que je souhaite, c'est que chaque élève puisse acheter un livre, dit-elle. Et si je peux, d'ici la fin de l'année scolaire, les faire asseoir pour lire un livre, j'aurai gagné ma paie!»