Le cinéphile le plus rentable est la jeune femme qui préfère les comédies romantiques aux films d'action. Les jeunes hommes sont maintenant trop occupés à jouer à des jeux vidéo pour aller au cinéma.

Quand Sabrina veut voir un film, elle le cherche tout d'abord sur l'internet. «J'ai vu Avatar en le téléchargeant, explique la jeune fille de Saint-Hubert, qui va bientôt avoir 18 ans. Mais parfois je dois attendre de louer un film en DVD parce que les copies sont lourdes et que ça coûte cher de les télécharger.»

«Quand je sors du cinéma, je n'entend plus rien», justifie la jeune femme, qui y va quand même aux quatre ou cinq mois (le dernier film qu'elle a vu est Rapides et dangereux) et loue ou télécharge trois ou quatre films par semaine.

Selon notre enquête, comme Sabrina, un cégépien sur trois a l'habitude de télécharger des films. Les autres disent qu'ils trouvent cela trop compliqué ou que le cinéma les attire toujours.

«Depuis quelques années, la tendance est à un cinéma d'éblouissement, les blockbusters qui valent la peine d'être vus sur grand écran», souligne André Caron, professeur de communications à l'Université de Montréal et auteur du livre Culture mobile, qui parle des adolescents et des jeunes adultes. Le cinéma est donc moins touché par l'essor de la consommation culturelle par internet.

Guillaume, qui habite à Mont-Royal et fréquentera le cégep Saint-Laurent en septembre, confirme qu'il va voir au cinéma les films qui gagnent à être vus sur grand écran: «Je vais voir des superproductions, comme Avatar, des films d'action ou d'horreur.»

Chose certaine, les jeunes de son âge - indépendants financièrement et sans obligations familiales - font l'objet d'une concurrence féroce entre les maisons de production. En 2008, une firme californienne de distribution, Blowtorch, voulait monopoliser les écrans voisins des universités. À la fin février, lorsque Avatar a été remplacé par Dear John puis par Valentine's Day au box-office, des spécialistes ont décrété que le cinéphile le plus rentable était la jeune femme qui préfère les comédies romantiques aux films d'action. Les jeunes hommes sont maintenant trop occupés à jouer à des jeux vidéo pour aller au cinéma, a expliqué un ex-producteur de Sony au Sunday Telegraph de Londres. Cette tendance est tout aussi frappante au Québec.

Les salles de cinéma continuent aussi de subir la concurrence du DVD. Selon notre enquête, un jeune sur trois (34%) en loue au moins un par semaine. Seulement 5% vont au cinéma aussi souvent.

Ils achètent aussi des DVD, autant que des CD, sinon plus. Selon notre sondage, trois jeunes sur quatre achètent au moins 1 DVD par année. Et près d'un sur quatre (22%) en achète cinq ou plus chaque année.

«Je vais au cinéma une ou deux fois par mois, seulement pour voir des films que je ne veux pas attendre de voir en DVD ou des films qu'il sera difficile de trouver, comme un documentaire sur les mouvements politiques chez les artistes», confirme Camille, une Montréalaise qui étudie au cégep de Drummondville.