Non seulement Louis-Jean Cormier a conclu une belle soirée de musique miraculeusement épargnée par la météo, il était responsable du choix de tous les artistes qui le précédaient sur scène.

Les prévisions de pluie ont gardé beaucoup de gens à la maison pour la soirée d'ouverture des FrancoFolies. Quoi dire de plus, sinon que tant pis pour eux. Un spectacle gratuit de Cormier, Jimmy Hunt, Klô Pelgag et Bertrand Belin relève du domaine du rare et du privilège.

Comme au dernier festival Montréal en lumière, Louis-Jean Cormier a largué Bull's Eyes comme première bombe musicale dans les airs du Quartier des spectacles. Cette fois-ci, il avait un musicien de plus à ses côtés : le claviériste Alex McMahon. Une belle valeur rock ajoutée à un spectacle qui tourne depuis une longue période, notable pendant Transistors

Cormier a revisité plusieurs désormais classiques de son album Le treizième étage, dont J'haïs les happys ends. Il a raconté à la foule des souvenirs de son groupe Karkwa avant d'exciter les spectateurs avec les premiers accords d'Au long de tes hanches, sa chanson née des mots de Gaston Miron. C'était avant de faire lever les bras du public avec Tout le monde en même temps.

Plus tôt dans la soirée, le coach de La Voix a tenu à présenter Jimmy Hunt, « qu'il aime d'amour ».

Avec les forces réunies du guitarise Emmanuel Éthier, du claviériste François Lafontaine, du bassiste Maxime Castellon et du batteur José Major, les chansons du récent album de Jimmy Hunt, Maladie d'amour, explosaient dans toute leur splendeur seventies

Dès la pièce d'ouverture Antilope, un mur de son s'est érigé au centre-ville. Les guitares popcorn de Nos corps, la batterie en cavale de Rêver souvent et la revisite instrumentale de Ça va de soi: ça rentrait au poste.

La seule et unique Klô Pelgag

Avec très bon goût, Louis-Jean Cormier avait choisi tous les artistes qui le précédaient.

Pour attirer l'attention d'une foule en spectacle, Klô Pelgag a plus d'un tour dans son sac. Accompagnée d'une section à cordes de trois musiciennes portant une robe de mariée blanche assortie d'une casquette de baseball, et d'un musicien déguisée en super héros avec un casque de main, Klô Pelgag a intrigué et allumé ceux qui ne la connaissaient pas.

Entre les chansons, elle se transformait en boule d'énergie joyeusement déroutante, comme à son habitude. La brunette a dit faire de la chanson politisée car elle ne peut pas passer les douanes avec du shampoing. Puis transportée au piano, elle a enchaîné dans le sérieux et l'émotion avec sa pièce tempétueuse Les corbeaux

Klô Pelgag a demandé à l'hypnotiseur Messmer s'il était parmi la foule. À cause de lui, elle a dansé le french cancan pendant trois mois... Klô Pelgag est une musicienne aguerrie et une interprète inspirée, mais aussi une redoutable belle «bébitte» de scène.

Entre deux délires excentriques, la chanteuse a dévoilé des zones d'ombre, notamment sur sa ballade La dermatologue

La pluie retenait ses pleurs depuis le début du spectacle de Bertrand Belin, qui débutait à 18h devant une foule trop peu nombreuse pour sa visite au Québec (vous avez une deuxième chance ce soir!). Avec sa voix grave et son charme de dandy, Belin a laissé parler son charme et la poésie simple et évocatrice des chansons de son album Parc

La sonorisation rendait hommage à la richesse des arrangements de ses chansons, sublimes sur la pièce Le Deluge qui a conclu sa prestation. 

Le déluge appréhendé a épargné la soirée d'ouverture des FrancoFolies. Au risque de se répéter: de quoi faire rager ceux, qui, par souci météorologique, ont manqué la grande soirée de musique gratuite offerte au centre-ville, jeudi soir.