Si le New-yorkais George Lewis Jr, alias Twin Shadow, avait émergé en 1985, plusieurs chansons de son cru seraient devenues des mégatubes à la radio de grande écoute. Archi populaire il y a trente ans, cette approche mêlant pop FM, new wave et synth-pop est aujourd'hui considérée comme rétro-nuovo. Idéale pour une invitation à Pop Montréal? Hyper Pop Montréal!

Les pistes de claviers ne sont pas sans rappeler la brit pop de l'époque, pareil pour les guitares jouées par ce chanteur doué, pareil pour les beats, les arrangements, le tout coiffé d'un je ne sais quoi de la période actuelle. Sur scène, les réformes de Twin Shadow sont plus apparentes qu'à l'écoute de ses albums (Confess et Forget, parus respectivement en 2012 et 2010), quelques couches de distorsion salissent heureusement ces sentiers très balisés. 

À défaut de quoi il serait tentant de conclure à une hybridation à peine rafraîchie de Tears for Fears, Blancmange, Thompson Twins ou même Corey Hart! Bien sûr, ce serait faire preuve de mauvaise foi, car son créateur et ses acolytes font preuve d'une compétence et d'un goût certains, même s'il ne prétendent aucunement réinventer la roue.

Chanteur, guitariste, leader d'une formation très compétente, ce jeune trentenaire est néanmoins associé à la pop indie. Ne se produit pas à l'Olympia sur le coup de 21 h mais plutôt en pleine nuit au sous-sol de l'église St. Micheal (coin Saint-Viateur et Saint-Urbain) nolisée, par Pop Montréal et rebaptisée Le Late Night Little Burgundy pour la durée de l'événement. À 1 h 30 du matin (de vendredi à samedi), c'était plein à craquer et les nuitards étaient majoritairement friands de cette pop mise au point à Brooklyn par ce natif de République Dominicaine ayant grandi en Floride avant de migrer direction el norte

Encore confiné au territoire des succès d'estime et des publics de taille moyenne, Twin Shadow pourrait devenir une superstar. Ce qui n'est jamais acquis, on le sait; plusieurs facteurs sont nécessaires à cette érection et le talent strict ne suffit pas. Alors? Si la vie en décide autrement,  George Lewis Jr deviendra au moins un artiste culte ayant l'avantage d'injecter plus de singularité à sa pop sans subir la pression de la méga business. Destin fort acceptable, quoiqu'il advienne.