Du haut du toit d'Ubisoft, samedi soir, l'expérience du festival Pop Montréal était complète et à son meilleur: le soleil qui se couche sur le Mont Royal et le centre-ville, un comptoir d'huîtres, de la bonne musique made in Montréal et des mélomanes comblés de bonheur.

Tout au long du weekend, la température était idéale pour gambader en vélo d'une salle et d'un spectacle à l'autre, et se retrouver soudainement sur un toit, un parc ou dans un sous-sol d'église à danser sur du disco.

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Vendredi soir, notre imposant programme commençait au Club Lambi. À notre arrivée, grande surprise: de la synth-pop et du ukulélé pouvaient aller ensemble, gracieuseté de Fevers, groupe électro-pop progressif d'Ottawa dont Laurence Currie (Wintersleep, Sloan, Holy Fuck) signe la réalisation de leur premier album, No Room For Light.

Sur scène suivait leur compatriote ontarienne d'Hamilton Jessy Lanza. Seule aux claviers et à la programmation, l'auteure-compositrice post-R&B (pensez à la musique de Grimes injectée de relaxant musculaire) chantait avec un charme timide et beaucoup d'assurance musicale. Elle a été à la hauteur du buzz entourant son premier disque, Pull My Hair Back.

C'était ensuite le temps de se réchauffer les jambes avec le groupe montréalais Le Couleur et les pièces électro-pop franchouillardes et kitsch de son EP Voyage Love. Une mention spéciale au one-piece doré que portait la chanteuse Laurence Giroux-Do.

Prochaine destination: l'Église Saint-Enfant-Jésus du Mile-End. À notre arrivée, le musicien montréalais Socalled était en camisole avec les membres de son groupe Fabricville, qui se proclame «le meilleur groupe gai funk disco de reprises de tous les temps». Des reprises de Everybody Wants to Rule the World de Tears For Fears et de Power of Love de Huey Lewis and The News: c'est du pur bonheur «back to the future»!

À deux heures du matin culminait la soirée avec la star du disco Pierre Perpall et ses multiples musiciens. En grande forme, Purple Flash a chanté et dansé à pleins poumons et mis le public dans la poche de ses pantalons blancs. Respect à la carrière d'un homme qui mérite pleinement son titre d'entertainer.

Treize heures plus tard, samedi soir, le paysage était magnifique sur le toit d'Ubisoft pour le coucher du soleil. La foule réunie dans les hauteurs du Mile-End a pu découvrir le nouveau groupe montréalais Secret Sun, formé de l'union de la voix céleste d'Anne-Marie Campbell et des accords de guitares de Simon Landry (Beluga). Accompagnés de José Major à la batterie et de Carmel Scurti-Belley (Passwords) aux claviers, ils apprivoisaient la scène à peine pour une cinquième fois avec leurs pièces envoûtantes aux atmosphères nocturnes.  

Au cours des prochains mois, un premier album auquel a collaboré François Lafontaine et Sébastien Blais-Montpetit succédera au EP de quatre titres lancé au printemps dernier. C'est à écouter sur Bandcamp en attendant la suite des choses (la pièce Cold Coast est irrésistible).

Ensuite, la nuit est tombée avec le groupe suédois-montréalais Thus: Owls et le centre-ville qui s'illuminait au loin. Le spectacle frisait la perfection: la texture des sons, l'acoustique, l'interprétation et la voix prenante de Erika Angell. Le public a eu droit à des nouvelles chansons... déjà grandioses après une seule première écoute. Du grand art.

Seulement quelques coups de pédales nous séparaient du Rialto pour le spectacle de Shuggie Otis. Comme Rodriguez, le musicien californien est sombré dans l'oubli après son sublime album Inspiration, Information, sorti en 1974. Un disque soul et R&B psychédélique culte pour BB King, Prince et Lenny Kravitz.

Au Rialto, le spectacle était davantage axé sur le blues avec trop de longues successions de solos. C'était malgré tout un privilège de voir le musicien sur scène.

Dimanche soir, le spectacle Songs Of Darkness de Patrick Watson et d'autres amis musiciens a lieu au Rialto. Ensuite, notre virée 2013 de Pop Montréal devrait se terminer à la Fédération ukrainienne avec Moonface. Les festivaliers les plus téméraires iront au spectacle de clôture de Metz à deux heures du matin.