C'est le travail bâclé et l'incurie du docteur Conrad Murray qui ont tué Michael Jackson.

Tel en ont décidé 12 jurés, lundi, dans une salle d'audience pleine à craquer au centre-ville de Los Angeles. Les jurés - sept hommes et cinq femmes - ont délibéré durant neuf heures avant de rendre leur décision unanime, au terme de 24 jours de procès.

Murray est demeuré impassible durant la lecture du verdict de culpabilité pour homicide involontaire. Katherine Jackson, mère de Michael Jackson, a eu un bref sanglot quand le mot «coupable» a été prononcé. Conrad Murray a été menotté et escorté à l'extérieur de la salle.

La famille Jackson a dit être «soulagée» par la condamnation de celui qui a administré du propofol au chanteur le matin de sa mort, le 25 juin 2009.

«Nous attendions ce moment depuis très longtemps, et nous n'avons pu retenir des larmes de joie dans la salle d'audience, ont fait savoir Joseph et Katherine Jackson. Même si rien ne peut ramener notre fils, justice a été rendue aujourd'hui.»

Le juge Michael Pastor a ordonné que Murray soit mené en prison, sans possibilité de libération sous caution.

«On ne parle pas ici d'un crime impliquant un mauvais jugement... On parle d'un crime dont le résultat a été la mort d'un être humain, a dit le juge. Ce facteur montre, d'une façon claire, que le public doit être protégé.»

Sentence le 29 novembre

Conrad Murray avait plaidé non coupable à un chef d'accusation d'homicide involontaire. Il risque maintenant une peine maximale de quatre années d'emprisonnement, laquelle sera annoncée le 29 novembre par le juge Pastor. La condamnation de Murray entraîne la révocation de son permis de pratiquer la médecine.

Les 12 jurés proviennent de milieux très divers de Los Angeles: ils étaient noirs, blancs ou hispaniques. Ils prenaient leurs repas ensemble et avaient pour consigne de ne pas regarder les nouvelles chez eux, le soir. Chaque jour, une navette les cueillait à un stationnement secret pour les conduire au palais de justice fédéral, au centre-ville de Los Angeles.

Le jury avait commencé à délibérer vendredi, après avoir entendu 49 témoins. Les membres du jury ont fait preuve d'un degré d'attention peu commun durant le procès, si bien que le juge Pastor les a félicités pour leur «ponctualité et le sérieux avec lequel ils ont mené cette tâche».

Durant le procès, les avocats de la poursuite ont dépeint Conrad Murray comme un médecin qui souhaitait gagner beaucoup d'argent pour rembourser des dettes, et qui a dépassé les bornes en administrant le propofol à son patient en dehors d'un contexte hospitalier.

Murray n'était qu'un «petit poisson» dans cette affaire, avait dit son avocat, Ed Chernoff, affirmant lors de sa plaidoirie finale que les témoins s'étaient mis d'accord pour fabriquer de toutes pièces une version des faits incriminant le praticien.

Les fans réagissent

Une foule de plusieurs centaines de personnes s'est massée, lundi, devant l'édifice de la cour fédérale de Los Angeles. Avertis par des messages sur Twitter, sur Facebook et par les bulletins d'information, les fans de Michael Jackson étaient là pour entendre le verdict. «Je suis ici par solidarité avec la famille Jackson, a dit Ferlay Agouda, qui est allée au rassemblement avec sa fille de 2 ans portant une veste de Michael Jackson. Immobile au milieu de la foule compacte, elle fixait l'écran de son téléphone pour connaître les plus récentes nouvelles. Puis, quelqu'un a crié «guilty!» et la foule s'est mise à hurler d'une seule voix. Tony Gonzales, qui tenait une pancarte «We love you Michael», avait du mal à retenir ses larmes. «Aujourd'hui, je suis content et triste à la fois, a-t-il dit. Content que justice ait été rendue. Triste parce que Michael a été victime d'une grave négligence et qu'il n'est plus avec nous.»