Encore en peine/deuil de Normal People ? Ruez-vous sur One Day (Un jour, en version française) de Netflix, une comédie romantique imprégnée de nostalgie, d’intelligence et de chansons pop joliment tristes.

Je suis rendu à la moitié des 14 épisodes d’une trentaine de minutes et je ne veux pas que ça finisse. Cette touchante minisérie britannique ne sombre pas dans le cucul et elle demeure drôle, réaliste, sincère, tendre et branchée sur le cœur de ses protagonistes, deux jeunes diplômés de l’Université d’Édimbourg.

Elle s’appelle Emma Morley (Ambika Mod). Elle a grandi dans le nord de l’Angleterre au sein d’une famille de classe (très) moyenne. Emma est vive, brillante, sarcastique et un brin coincée.

Lui s’appelle Dexter Mayhew (Leo Woodall). Ses parents londoniens sont riches et lui paient des vacances où il le veut en Europe. Dexter est beau et séduisant et plein aux as, ce qui lui a permis de ne jamais vraiment en arracher dans la vie.

Tout de suite, j’entends le claquement des drapeaux rouges qui se dressent. Histoire déjà vue, conflit prévisible de classes sociales, le Nord contre le Sud, Roméo et Juliette du Royaume-Uni, c’est l’inverse de Normal People, rien de nouveau ici. Sauf que non. Dérivée du roman à succès de David Nicholls, la série One Day suit Emma et Dexter pendant le même jour, sur une vingtaine d’années. Voilà où ça devient fascinant pour les téléspectateurs.

Le premier épisode se déroule le 15 juillet 1988. Le deuxième se passe le 15 juillet 1989. Le troisième nous amène au 15 juillet 1990, et ainsi de suite.

En une saison de One Day, nous accompagnons donc Emma et Dexter durant les 20 premières années de leur amitié amoureuse, pas aussi simple et douce qu’on pourrait l’imaginer.

Les épisodes, jamais trop sucrés, se présentent donc à nous comme des polaroïds de la vie des deux héros. Qui fréquentent-ils ? Où habitent-ils ? Quels emplois occupent-ils ? C’est comme si nous les espionnions en accéléré.

Emma, qui rêve d’écrire du théâtre, en arrache et aboutit comme serveuse dans un resto mexicain miteux, tandis que Dexter, toujours aussi charmant et nonchalant, décroche un emploi de présentateur dans une chaîne à la MTV. Mais qui est le plus heureux des deux, pensez-vous ?

Le premier épisode, plus long, montre comment Emma et Dexter, qui ne gravitent pas dans les mêmes cercles sociaux, se croisent à leur bal de finissants d’université. Ils passent une première nuit ensemble et quelque chose se scelle entre eux, et pas de la manière la plus prévisible.

Cette période qui suit la fin de l’université, ponctuée d’essais, d’erreurs et de flottements, est riche pour un auteur. Chacun de leur côté, Emma et Dexter se cherchent, et c’est compliqué entre eux. Ils se révèlent des secrets, ils se repoussent, ils partent en vacances en Grèce et ils hésitent à explorer davantage cette connexion forte qui les unit.

Emma ressemble beaucoup à Devi (Maitreyi Ramakrishnan) dans Never Have I Ever. Allumée, astucieuse et « nerd », elle a des rêves, mais peine à les atteindre.

Dexter, qui s’apparente au fortuné Félix (Jacob Elordi) dans Saltburn, aurait pu être dépeint comme un douchebag de catégorie AAA. Ce personnage sophistiqué porte toutefois une vulnérabilité qui le rend attachant. La mère de Dexter, très présente dans les premiers épisodes, est formidable. C’est elle qui renverra à son fils une image qu’il n’aime pas particulièrement.

Au rythme des épisodes, vous entendrez les Pixies, The Velvet Underground, les Cocteau Twins, Portishead, Massive Attack, Elastica, Suede, The Cranberries et même MC Solaar. C’est délicieux et mélancolique à la fois.

Bonus : il y a un téléphone en forme de hamburger, au premier épisode, comme dans le film Juno. Et comment ne pas être heureux quand on parle dans un téléphone en forme de hamburger, hein ?

La Piaf des concours télévisuels

Les quatre équipes de La voix ont été complétées dimanche soir et il était temps que ces auditions à l’aveugle s’achèvent. Car le talent n’y a pas toujours été à revendre, loin de là, particulièrement dans le dernier épisode.

Difficile de croire à l’enthousiasme délirant de France D’Amour pour le cowboy français, Emmanuel Hue, 36 ans, qui ne progressera pas super loin dans le concours, disons-le. Difficile de croire aussi que personne n’a appuyé sur le bouton pour Joël Cyr, alias Jo Hell, le rockeur de 45 ans qui a fini par « jammer » sur la scène des studios MELS avec la coach de l’équipe D’Amour.

PHOTO BERTRAND EXERTIER, FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Joël Cyr, alias Jo Hell, et France D’Amour

Comme il s’agissait de la cinquième et dernière ronde d’auditions, il a fallu gratter loin et tolérer des fausses notes pour fermer ce chapitre et sauter au prochain. La candidate ayant suscité le plus de réactions a été Leticia Jimenez, 19 ans, de Montréal, qui a refait Histoire d’un amour de Dalida, en français et en espagnol.

Oui, c’est la même Leticia qui a progressé en finale de La voix junior, en 2016, avec l’équipe de Marie-Mai, qui a ensuite participé à The Voice Kids, en France, à l’automne 2019, avant de revenir à La voix de TVA.

Elle court les concours, notre Leticia que France D’Amour a comparée, tenez-vous bien, à Édith Piaf. Si c’était vrai, qu’est-ce qu’on en ferait ? Si c’était vrai, est-ce qu’on y croirait ? Réponse : non.

Rendu là dans l’exagération, je préfère quasiment entendre Roxane Bruneau dire : « Corneille, avec ses grandes phrases, on dirait qu’il lit le dictionnaire. » Quasiment.