Pendant que chez nous le 100e anniversaire de naissance de Jean Paul Riopelle est souligné à gros traits, ailleurs dans le monde c’est celui de la légendaire Maria Callas qu’on s’apprête à célébrer en grande pompe le 2 décembre.
Et à en juger par le nombre de manifestations et de parutions qui sont prévues, on comprend que le mythe qui entoure la Callas n’a rien perdu de son étoffe. Au contraire, de nombreuses découvertes sont à prévoir au sujet de celle dont on pensait tout savoir et avoir tout entendu.
S’il existe autant d’archives inédites témoignant de la vie artistique de Maria Callas, c’est grâce à des proches de la chanteuse, dont ses fidèles domestiques, Ferrucio et Bruna, qui ont vécu avec elle pendant 25 ans.
Après la mort de la chanteuse, le 16 septembre 1977, dans son appartement du 36, avenue Georges-Mandel, à Paris, les deux serviteurs ont mis à l’abri plusieurs précieux objets.
Parmi eux, des bandes de répétition et de master class, des enregistrements pirates (Callas rachetait tout), de nombreux documents et des vêtements. Les héritiers de Callas (son ex-mari Giovanni Battista Meneghini, sa mère Evangelina et sa sœur Jackie) ont pris possession du reste.
Les artéfacts qui ont évité les marteaux des commissaires-priseurs sont aujourd’hui réunis dans un fonds de dotation géré par Tom Volf, un grand admirateur de la chanteuse. En entrevue dans Le Figaro il y a quelques jours, ce réalisateur et photographe faisait part de son souhait de voir un musée parisien capable d’accueillir ces objets parmi lesquels on retrouve l’enregistrement de La Habanera interprétée lors de l’anniversaire de John F. Kennedy, le 19 mai 1962, le même soir où Marilyn a chanté son fameux Happy Birthday, Mr. President.
En attendant que ce projet se concrétise, le public français pourra voir les 2 et 3 décembre dans plusieurs salles de cinéma le film Callas-Paris, 1958 réalisé à partir d’images tournées lors d’un récital que l’artiste a offert au Palais Garnier, le 19 décembre 1958.
L’évènement fut d’une telle ampleur qu’il a été diffusé en direct partout en Europe. Trente millions de téléspectateurs ont pu entendre la diva interpréter des extraits de Norma et de Tosca. Grâce aux merveilles de la technologie, les 130 000 images utilisées ont été colorisées et le son, nettoyé. Espérons que ce film soit offert rapidement de ce côté-ci de l’Atlantique sur une plateforme ou une télévision.
Le public québécois a toutefois d’autres moyens de souligner cet anniversaire, notamment en allant voir le spectacle Une voix pour être aimée : Maria Callas que présente Sophie Faucher en tournée. Le hasard a fait que j’ai croisé la comédienne samedi dernier au Salon du livre.
Elle était survoltée, car elle venait d’interviewer Éric-Emmanuel Schmitt, auteur de La rivale, un roman qui porte sur… Maria Callas.
Sophie Faucher et Anne Bryan sont les coautrices de ce spectacle qui nous offre une Callas brisée au soir de sa vie au milieu des années 1970. Meurtrie par des critiques qui la qualifient de chanteuse finie, elle attend chez elle son partenaire de tournée, le ténor Giuseppe di Stefano, interprété par Marc Hervieux, pour une répétition avec le pianiste Robert Sutherland (Dominic Boulianne) en prévision d’une ultime tournée au Japon.
Ce moment de sa vie nous ramène au dernier passage de Callas à Montréal, qui a eu lieu le 13 mai 1974 à la salle Wilfrid-Pelletier avec di Stefano et Sutherland. Notre ancien collègue Claude Gingras avait titré sa critique : « Callas et di Stefano : chacun son déclin ». Nul besoin d’en rajouter.
Si vous aimez les balados, sachez que la RTBF a produit une série de cinq épisodes intitulée Maria Callas, la force du destin. Le résultat est classique, mais aussi efficace et bien réalisé.
Écoutez le balado Maria Callas, la force du destinLes amateurs de bande dessinée apprécieront sans doute le travail de Jean Dufaux et Sara Briotti qui racontent de leur côté l’histoire d’amour impossible entre Maria Callas et le réalisateur Pier Paolo Pasolini, qui a dirigé son amie dans le film Médée, en 1969.
Et puis, il y a le tournage d’un biopic sur Maria Callas mettant en vedette Angelina Jolie. Le tournage se déroule à Paris, à Budapest, à Milan et en Grèce. Les premières photos de l’actrice dans la peau de Callas ont impressionné beaucoup de gens. Pas moi.
Céline Dion, qui a longtemps rêvé d’interpréter la cantatrice au cinéma, aurait été beaucoup plus ressemblante. D’ailleurs, la chanteuse québécoise s’était prêtée à une séance de photos il y a quelques années pour un magazine, et le résultat était bluffant.
La « Bible de l’opéra », comme la surnommait Leonard Bernstein, continue de fasciner le public. Qu’est-ce qui explique que le mythe n’en finit plus de se nourrir de lui-même ? Une piste vient de Maria Callas qui disait : « Je ne sais pas ce qui m’arrive sur scène. Quelque chose d’autre semble prendre le dessus. »
La réponse se trouve dans ce « quelque chose ».
Une voix pour être aimée : Maria Callas
Avec Sophie Faucher, Marc Hervieux, Dominic Boulianne.
En tournée,
Maria by Callas (réédition)
Assouline
256 pages