Demi-finale chargée et relevée à Révolution, qui a arraché des larmes aux trois grands maîtres, secoués par un numéro hyper poignant de Gabrielle Boudreau, 22 ans, à propos des violences sexuelles qu’elle a subies.

Dans une robe vert émeraude, la talentueuse danseuse acadienne originaire de Petit-Rocher, maintenant installée à Montréal, a tourbillonné autour de vestons d’hommes suspendus sur les notes de la chanson Juste une femme d’Anne Sylvestre. Un des mannequins lui a retiré sa jupe, un autre lui a agrippé les fesses.

Son moment « révolution », où elle figeait dans les airs retenue par un long morceau de tissu, a été magnifique. Gabrielle Boudreau a amplement mérité sa note de 97 sur 100, la plus élevée de la soirée de dimanche.

Le deuxième finaliste, Sébastien Leroux, 18 ans, d’Orléans, en banlieue d’Ottawa, a déposé sa vulnérabilité sur la scène circulaire de Révolution et obtenu le deuxième pointage avec son 92 sur 100.

PHOTO OSA IMAGES, FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Sébastien Leroux

Oui, il s’agit du même Sébastien Leroux qui avait virevolté pendant la quatrième édition de Révolution, en 2022. Il avait été retranché à l’étape des duos improbables.

C’est peut-être ce qui me chicote le plus de Révolution, une émission rassembleuse, émouvante et bourrée de qualités artistiques. Les mêmes visages y reviennent souvent de saison en saison. Faut dire que, contrairement à OD, le bassin de danseurs doués ne se renouvelle pas aussi vite que celui des célibataires en quête de boxers parfumés (coucou, Anthony !).

Le quatrième finaliste, Sean Wathen, 19 ans, qui a bougé dans le silence le plus complet, avait progressé jusqu’aux duos improbables de Révolution 3, en 2021, avec son groupe Break City All-Stars. Il étonne, ce Sean, il propose toujours des concepts surprenants, qui montrent l’étendue de sa technique précise.

La prestation de Jordan et Santiago, tous deux âgés de 23 ans, a aussi bouleversé les trois maîtres. Il y était question de la mort du père de Jordan, emporté par le cancer il y a 12 ans. La pièce Mélancolie de Patrick Watson, accompagné de Safia Nolin, a parfaitement collé à la chorégraphie de ces deux meilleurs amis, qualifiés de tannants par Lydia Bouchard.

Oui, ce même Jordan a fait partie de la toute première saison de Révolution à l'automne 2018. Il évoluait au sein du duo Crazy-Ray, retranché au ballotage.

Cette demi-finale, où les concurrents dansaient à propos d’un sujet les touchant directement, a aussi abordé l’autosabotage, le désir d’émancipation, le rabaissement, les complexes physiques et l’homophobie intériorisée. Ça finit par plomber l’atmosphère, disons-le. Comme à Star Académie ou à La voix quand les jeunes candidats parlent d’évènements personnels très lourds.

En même temps, ces moments d’introspection diminuent l’intensité des cris poussés par les maîtres, particulièrement Jean-Marc Généreux et Mel Charlot, qui enterrent parfois ce qui se passe devant eux. Un mal pour un bien, quoi.

Cela dit, j’aime l’humanité, la sincérité et la justesse des commentaires émis par les juges de Révolution. Lydia Bouchard s’exprime avec un vocabulaire riche et précis, une chose de plus en plus rare à la télé.

Par contre, huit numéros de quelques minutes en près de 1 h 40 min d’émission, c’est trop peu pour Révolution. Faudrait raccourcir et élaguer. Inévitablement, on se retrouve avec des éléments de remplissage, qui nous détournent des prouesses exécutées dans la magnifique arène.

Après cinq saisons, je n’arrive toujours pas à déterminer si j’aime ou non le travail de l’animatrice-égérie Sarah-Jeanne Labrosse. Elle est impossible à mettre dans une case précise. Sa retenue, souvent justifiée, la fait parfois paraître distante des participants. Et Sarah-Jeanne Labrosse manque d’émotion et d’aplomb dans les moments cruciaux de l’émission, comme à l’annonce des résultats. On prendrait un peu plus d’enthousiasme de sa part, mettons.

Heureusement, on sent bien que Sarah-Jeanne Labrosse, empathique et impliquée, adore les danseurs et qu’elle s’intéresse vraiment à leur parcours. Bref, l’ambivalence demeure.

Chanteurs masqués jongle avec le même problème que Révolution, je trouve. Avec quatre ou cinq prestations par émission, il faut tenir l’antenne pendant une heure complète. Résultat : on peut quasiment couper le temps de visionnement de moitié en regardant Chanteurs masqués en accéléré.

Dimanche soir, la mascotte la plus étincelante du concours, la ballerine de glace, a été éjectée (d’ailleurs, quelqu’un supervise-t-il le système de vote, plutôt nébuleux ?). Sans surprise, c’est la comédienne Julie Ringuette qui se cachait dans ce déguisement fabriqué en éclats de boule disco.

La finale de Chanteurs masqués opposera Mutante Rita, le Loup, le Caméléon et le Lion. Mon vote irait à Mutante Rita, qui sonne comme Jeannick Fournier, en effet.

PHOTO TIRÉE DE L’ÉMISSION CHANTEURS MASQUÉS

Julie Ringuette

Les téléspectateurs ne se formalisent pas des longueurs dans les émissions dominicales, si l’on se fie aux chiffres comptabilisés par la firme Numeris. La demi-finale de Révolution a été vue par 1 142 000 adeptes, tandis que celle de Chanteurs masqués a frôlé les 1,8 million avec son audience estimée à 1 792 000 curieux. C’est du monde en tabarouette.

À Radio-Canada, Tout le monde en parle a franchi la barre magique du million avec 1 115 000 fidèles au poste. Chez Noovo, la finale d’Occupation double Andalousie a retenu l’attention de 488 000 irréductibles.

Pour paraphraser le coanimateur Fred Robichaud, c’est un bel « accouille », euh, un bel accueil qui a été réservé à Simon et Mia, couronnés par un vote de protestation. Vive Simialoès !