Sans crier (au loup) ni hurler à la lune, une nouvelle créature des bois a percé la compétition de Chanteurs masqués avec ses griffes acérées et ses yeux phosphorescents.

Une semaine après la première sortie de sa tanière, le grand méchant Loup a rejoint dimanche la Poupée, Mutante Rita et le Caméléon sur la scène de l’émission la plus populaire – et la plus weird, disons-le – de la télé québécoise.

Des grosses mascottes de kermesse qui font du lipsync, avec une voix trafiquée électroniquement, je veux dire, c’est assez spécial comme concept. Nous avons été 1 774 000 détectives de salon à visionner le dernier épisode – et je ne m’exclus aucunement de cette cote d’écoute gigantesque.

Je n’ai raté aucun épisode de Chanteurs masqués cet automne. Cette émission qui dérive d’un succès sud-coréen ne renferme que du plaisir nono, des décors flamboyants et Véronic DiCaire qui crie « ben voyons donc, ça se peut pas » après chacune des prestations.

Les capsules indices, plus vagues et énigmatiques que dans les saisons précédentes, ne nous aident plus tant à deviner l’identité des personnalités qui se cachent sous plusieurs épaisseurs de costumes colorés.

La preuve ? Aucun des quatre juges-enquêteurs, pas même la perspicace Anouk Meunier, n’a reconnu Érik Caouette de 2Frères sous les habits de l’Agent 00-Pingouin. Personne non plus n’a démasqué la grande Lady Lévrier, qui abritait la voix de tête de l’animateur Patrice L’Ecuyer.

Par contre, le nom de celle qui a personnifié la Poupée de chiffon a été évoqué très rapidement : Mahée Paiement, alias Fanny Tremblay dans Bach et Bottine.

On s’entend : la mécanique de Chanteurs masqués devient répétitive et plus on approche de la fin de saison, plus les épisodes renferment des numéros de remplissage, comme ce segment semi-onirique où Véronic DiCaire a chanté Libérée, délivrée ainsi que Set Fire to the Rain d’Adele sans aucune raison logique.

Mais bon. Après autant d’heures investies dans ces grosses peluches de foire agricole, c’est clair que je veux savoir qui incarne les Amoureux, Mutante Rita (ma préférée), la Ballerine de glace (ma deuxième favorite), l’Astronaute et le Lion.

La rumeur place Normand D’Amour à l’intérieur du jeune Loup et cette hypothèse tient la route, car l’acteur campe un loup-garou dans la deuxième saison de la minisérie d’horreur Lac-Noir du Club illico de Vidéotron. Et TVA n’a pas l’habitude de se priver d’une belle convergence en heure de grande écoute.

Par contre, l’importance de cette plogue serait nettement exagérée par rapport à la qualité de Lac-Noir 2, qui n’est pas une œuvre très captivante, hélas. Je suis rendu au quatrième épisode (sur un total de huit) et je n’ai plus envie d’entrer dans cette bergerie.

Ce deuxième chapitre, qui reprend trois semaines après la fin du premier, incorpore à l’histoire principale une intrigue « politique » de sénat qui n’est pas super palpitante. Le chef du sénat canadien des loups-garous, Gabriel (Guy Nadon), qui parle en polonais, en italien et en allemand, débarque à Lac-Noir pour remettre de l’ordre dans la plus vieille meute d’Amérique du Nord.

Car, voyez-vous, une créature de la section dirigée par le boucher Eddy (Normand D’Amour) ne se contrôle plus et dévore tout ce qui bouge, humains, porcs, chiens, nommez-les, ils passent au hachoir à viande. Et ce carnage risque d’exposer le secret mondial des loups-garous, qui se camouflent et se fondent à la population générale depuis plusieurs siècles.

Autre agent perturbateur à Lac-Noir : le podcasteur Éric (Nico Racicot), qui s’intéresse de façon peu subtile aux massacres survenus à la pleine lune.

PHOTO FOURNIE PAR CLUB ILLICO

Mélissa Désormeaux-Poulin dans Lac-Noir

Une des rares à ne pas se transformer en effrayante bête poilue, la policière Valérie (Mélissa Désormeaux-Poulin), patrouille toujours avec son partenaire Adrien (Stéphane Demers), un loup-garou qui s’est beaucoup gâté dans le buffet de chair vivante. Le fils de Valérie, Dave (Anthony Therrien), vit très mal avec son statut nouvellement acquis de loup-garou. C’est sa copine Jade (Laurie Babin), qui ignorait tout de sa propre condition de lycanthrope, qui l’a accidentellement contaminé.

Ces nouveaux épisodes de Lac-Noir manquent de cohésion et s’éparpillent bizarrement. Le maire fou Conrad (Andreas Apergis) bosse dans son coin avec la Dre Morot (Marie-Évelyne Lessard) pour recréer un sérum de guérison, dont la recette originale a été égarée avec l’assassinat de son inventeur. En cachette, Jade tient compagnie à son dangereux frère Victor (Maxime Gibeault, qui remplace Félix-Antoine Duval), enchaîné et enfermé dans un bunker souterrain. Il y a aussi un marchand de chambres fortes pour protéger les loups-garous d’eux-mêmes, bref, ça tire dans toutes les directions, sans balle d’argent.

Lac-Noir 2 donne sa pleine mesure dans les séquences de frousse (et un joli clin d’œil à Alien), quand la bête se tapit dans la forêt et qu’elle rôde. Ça, c’est efficace et stressant. Le volet du tribunal du sénat de même que la hiérarchie mondiale des loups-garous bouffent trop de temps et nous éloignent de la quête principale.

Maintenant, Normand D’Amour, alias Eddy de Lac-Noir, se serait-il jeté dans la gueule du Loup de Chanteurs masqués ? Comme dans une chanson d’Indochine, j’ai demandé à la lune. Elle fait dire que de parler d’un comédien vedette de STAT (Pascal St-Cyr !) pourrait faire sortir les crocs de certaines personnes à TVA.