Les héros qui nous sauvent de l’ennui grisâtre de l’automne ne portent pas tous des capes ou des costumes en lycra.

Ils se glissent dans nos écrans sous diverses formes : un bracelet d’amitié du Mexique dans Si on s’aimait, une lettre de menaces de la Vipère dans Alertes ou une voiture Nissan dans chacun des épisodes d’Avant le crash.

Alors, quels objets, personnages ou évènements ont accroché votre œil à la télé québécoise dans les derniers mois ? Voici ma liste personnelle, beaucoup plus courte que celle des critères féminins (professionnelle, sportive, mais pas trop) que recherche Alexandre dans le cabinet de Louise Sigouin.

Les deux coiffeuses de 5e Rang

Avec elles, Valmont se métamorphose en Fargo. Et nos deux joyeuses coiffeuses, Guylaine (Catherine Paquin-Béchard) et Nancy (Marie-Ève Pelletier), volent maintenant la vedette au bon garagiste Jean-Michel (Frédéric Millaire-Zouvi) dans le téléroman agropolicier de Radio-Canada. Elles parlent fort, déplacent des sacs de sport remplis de fric et se mettent toujours dans le trouble, entre deux chiquées de gomme. Vite, donnons-leur une permanence – et une permanente, tant qu’à y être.

Le télésouffleur de la rigolade

Au printemps dernier, Marc Labrèche a instauré un segment hilarant à Je viens vers toi, où il lit, avec un invité, des textes inédits qui défilent au télésouffleur. Lundi soir, cette portion Champagne Showbiz en compagnie de Josée Deschênes a donné lieu à des gags délirants sur Marc Hervieux, Star Académie et Éric Lapointe. Pas étonnant que Martin Matte ait récupéré cette idée pour son propre talk-show à TVA. Enfin, un truc déjà rodé, qui n’a pas à être recalibré !

La combinaison antipunaises de lit

IMAGE TIRÉE DE L’ÉMISSION

Samantha Fins et Suzanne Clément, dans une scène de STAT

J’ai eu des punaises de lit deux fois chez moi (quel cauchemar !) et jamais je n’ai porté une combinaison-scaphandre aussi futuriste que celle de l’infirmière Audrey (Samantha Fins) dans STAT. Comme si elle s’apprêtait à désamorcer une bombe nucléaire sur un territoire en guerre, contaminé par l’Ebola. Vous me direz que je n’habite pas dans un hôpital, c’est vrai. Mais après celui de Milwaukee pour la rage, le téléroman de Radio-Canada a implanté un nouveau protocole encore plus stressant : celui des punaises de lit. Merci, France Castel.

Les snacks à Si on s’aimait

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Guillaume Lemay-Thivierge et Émily Bégin

Pendant que les célibataires raffinent leur connexion tête-cœur-corps avec la thérapeute Louise Sigouin, Guillaume Lemay-Thivierge et Émily Bégin picorent dans un buffet de collations qui n’a jamais été aussi varié en cinq saisons. Croustilles et salsa, petits fruits, popcorn, noix variées, bol de bretzels, petit gâteau, fromage, les animateurs-commentateurs se régalent pas mal plus que Marie-Josée et Julien devant un bac de tire d’érable sur la neige.

La ballerine de glace à Chanteurs masqués

Souvent, la beauté réside dans la simplicité. De toutes les mascottes qui ont défilé à Chanteurs masqués cet automne, la ballerine de glace demeure la plus étincelante avec son habit fabriqué en éclats de boule disco. Et la personne qui se cache dans ce costume en miroir possède une voix cristalline et juste. Julie Ringuette, est-ce toi ?

La microdose de champignons magiques

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Éric Bruneau et Mani Soleymanlou dans une scène d’Avant le crash

Depuis qu’il microdose des champignons magiques, le sympathique Patrick (Mani Soleymanlou) d’Avant le crash a a) reconnecté avec son éros, b) trouvé un sens à son travail de banquier d’investissement et c) recollé les morceaux de sa famille éclatée. La Presse n’encourage évidemment pas la consommation de drogue, mais si leur ingestion débouche sur de délicieuses scènes comme celle de lundi soir, de type Temps des bouffons, gâtez-vous, camarades scénaristes. Vous voulez combien de pilules ?

La perruche qui s’appelle Hector

Heureusement, les auteurs d’Indéfendable ont rapidement coupé les ailes de cette intrigue aviaire, qui ne volait pas haut. À l’institut psychiatrique, Pierre Poirier (Hubert Proulx) filait un bonheur à plumes avec sa perruche Hector jusqu’à ce que la rumeur de son transfert en prison le fasse disjoncter. Résultat ? Une prise d’otages 100 % invraisemblable, où les captifs avaient l’air d’être attachés avec du phentex. Et l’arme du crime ? Un morceau de pot de fleurs, qui mérite juste le pot, pas les fleurs.

Les bébés dans nos séries

Le bébé Gabin dans Aller simple a été l’enfant le plus tranquille de toute l’histoire de la télévision québécoise, passant dans les bras de chacun des personnages sans jamais pousser un cri. À l’opposé du spectre, il y a le bébé Océane dans Indéfendable, dont les pleurs ont été horribles lors du déclenchement de l’alerte AMBER. Note aux acteurs : ça paraît quand vous manipulez une poupée emmaillotée au lieu d’un vrai bébé. Rigueur. Toujours à propos des bébés, pensez-vous que l’enfant qu’ont eu Joe (Céline Bonnier) et Luc (Stéphane Gagnon) dans la commune pourrait être aujourd’hui le journaliste roux (David Noël) du Citadin ? Nostradumas astique ses cartes de tarot et se prosterne devant la triple déesse.

Je lévite

Avec Maple de David Goudreault

L’auteur de l’excellente trilogie La bête signe un polar à la fois trash et truculent, porté par l’attachante et vulgaire Maple, une ancienne prostituée de 57 ans qui se recycle en détective amateur. Un maniaque, surnommé le Ficeleur, terrorise les travailleuses du sexe d’Hochelaga-Maisonneuve et les connaissances du « terrain » de Maple lui procurent une longueur d’avance sur les flics. Voilà un livre punché, rugueux, drôle, cru et surprenant.

Maple

Maple

Stanké

240 pages

Je l’évite

L’expression « dans le fond »

Depuis plusieurs années, on entend ces trois mots partout, à la télé, à la radio ou dans nos conversations de bureau. Plus. Capable. Dans le fond, on le dit tous sans s’en rendre compte, mais c’est extrêmement désagréable une fois qu’on le réalise. Dans le fond, ce que je veux dire, c’est qu’il faudrait collectivement se sevrer de ce tic de langage.