Qui meurt dans STAT, hein, c’est qui le personnage qui part rejoindre le psychiatre François Éthier (Daniel Parent), l’ex-conjoint d’Emmanuelle St-Cyr (Suzanne Clément), au cimetière des disparus du populaire feuilleton médical de Radio-Canada ?

Le suspense dure à peine quelques secondes, au début du premier épisode de la deuxième saison de STAT, alors que la caméra de la réalisatrice Danièle Méthot balaie la pierre tombale du défunt, avec son nom fraîchement gravé dessus.

« Ce n’était pas une surprise », chuchotera même la chirurgienne Isabelle Granger (Geneviève Schmidt) après la cérémonie.

L’identité de cette personne morte vous surprendra, certes, mais c’est la façon dont elle a été rayée du générique qui titille le plus. Et la clé de cet autre meurtre et mystère, il en flotte plusieurs autour de l’hôpital Saint-Vincent, la prolifique autrice Marie-Andrée Labbé ne la remettra pas si rapidement aux téléspectateurs. C’est ce qui rend l’écoute de STAT si accrocheuse.

 PHOTO ÉRIC MYRE, FOURNIE PAR RADIO-CANADA

Lou-Pascal Tremblay dans le rôle de l’urgentologue Jacob Faubert

Dans nos salons et entre fans fidèles, on spécule, on échafaude des théories, on réécrit l’histoire de STAT. Du genre : que fabriquait le jeune urgentologue Jacob Faubert (Lou-Pascal Tremblay) dans l’appartement de François, quelques secondes avant que le psychiatre tombe du balcon de son condo ? Jacob l’a-t-il poussé pour se venger ? Y avait-il une troisième personne dans l’appartement pour projeter François sur l’asphalte ?

Aussi, pourquoi le brillant et mystérieux Jacob a-t-il refusé un prestigieux poste à l’hôpital universitaire pour se coller à la téméraire cheffe des urgences Emmanuelle à Saint-Vincent ? Quel lien spécial – ou très louche – unit Jacob à Emmanuelle, qui le considère quasiment comme son propre fils ?

Les quatre premiers épisodes que j’ai vus mardi ne fournissent évidemment pas de réponses à toutes ces interrogations. L’action de STAT reprend (lundi à 19 h) trois mois après la finale du printemps avec son habile dosage de drame et d’humour, qui ravira ses accros. C’est solide, efficace et rythmé.

Dans les corridors, le personnel – et particulièrement le chef syndical Daniel Laramée (Bruno Marcil) – s’inquiète de l’arrivée imminente d’un inspecteur du ministère de la Santé, dont la mission kamikaze n’a pas été précisée. Comme tous les employés de Saint-Vincent ont déjà transgressé une ou deux règles, la paranoïa grimpe à un niveau nécessitant anxiolytiques ou alcool, mais pas en même temps, vous comprendrez rapidement pourquoi.

Aux soins intensifs, Gabriel Lemaire (Jean-Nicolas Verreault) sort de son coma avec des séquelles importantes, qui l’empêchent notamment de se rappeler les noms de ses proches. Son frère Justin (Alexandre St-Martin), qui en pince pour Isabelle (Geneviève Schmidt), ne l’oublions pas, apporte des nouvelles peu réjouissantes d’Haïti, où Gabriel a ouvert un hôpital récemment. Un lien direct avec son agression sauvage dans le stationnement ?

Aux urgences, Emmanuelle St-Cyr soigne Alix Forgues (Karelle Tremblay), une jeune femme diabétique en panique qui développe une obsession bizarre, limite malsaine, envers elle. Aussi, deux hommes blessés grièvement dans des accidents de voiture ont besoin, à 15 minutes d’intervalle, d’opérations très compliquées. L’un des patients est le populaire humoriste Louis-Jean Marchand (David Boutin), 49 ans, que tout l’hôpital reconnaît, évidemment.

Et oui, Emmanuelle St-Cyr poursuivra son idylle avec l’urgentologue Tristan Rhéaume (Steve Gagnon), son équivalent à l’hôpital universitaire de Montréal. Emmanuelle retrouve en Tristan, et vice-versa, l’ambition et l’adrénaline qui la stimulent.

Cette deuxième saison de STAT fouillera dans la relation tendue, c’est le moins que l’on puisse dire, entre le préposé Éric Perron (Stéphane Rousseau) et son père Richard (Rémy Girard).

La scénariste Marie-Andrée Labbé n’a pas non plus démêlé entièrement l’intrigue impliquant le patient Vincent Dalpé (Luc Bourgeois), qui s’est tiré une balle devant ses deux psychiatres, soit Julie Faubert (Isabelle Brouillette) et François (Daniel Parent). Pour mémoire, l’énigmatique et vaporeuse Julie Faubert, la maman de Jacob, a traité Vincent Dalpé, puis couché avec lui, avant de le refiler à son collègue François. L’enquêteur Alexis Fortin (Emmanuel Bédard) ne chômera pas.

PHOTO ÉRIC MYRE, FOURNIE PAR RADIO-CANADA

Stéphane Rousseau, Suzanne Clément et Patrick Labbé dans une scène de STAT

La grande force de STAT réside dans ses personnages étoffés, nuancés et complexes. Personne n’est 100 % bon ou méchant dans STAT. Chacun navigue dans ses propres zones d’ombre, comme Emmanuelle, qui flirte avec le sexe violent sans jamais perdre son empathie et sa compassion. Même chose pour son frère oncologue Pascal St-Cyr (Normand D’Amour), qui peut défoncer un mur avec son poing et s’occuper doucement de son fils autiste Siméon (Benjamin Gratton) dans le même épisode sans que ça sonne faux.

Il faut également ajouter que STAT dépose des punchs à la fin de chacune de ses demi-heures, ce qui nous ramène au poste le lendemain, puis le jour suivant, jusqu’au jeudi soir, sans rater un seul rendez-vous.

Dans la course aux cotes d’écoute, STAT (1 607 000) de Radio-Canada devance Indéfendable (1 516 000) à TVA. Selon le service de recherche de Radio-Canada, STAT se classe même au premier rang des émissions régulières les plus regardées par les 18-34 ans, tous genres confondus. En résumé clair : STAT performe mieux chez les jeunes que toutes les téléréalités offertes sur le marché.

Comme quoi, une bonne histoire bien racontée, bien jouée et bien emballée, ça fonctionne à tous les âges. Et pas besoin de Bulles de nuit ou de « textooos » pour que ça lève.