Comme un cosmo sans vodka, il manquait des ingrédients essentiels dans la recette d’And Just Like That… tels du sexe (crucial !) et de la frivolité (capitale !).

Avec ses intrigues imbibées d’alcoolisme, de deuil, d’incontinence urinaire et d’opération à la hanche, la première saison d’And Just Like That… a transformé nos héroïnes dégourdies en grands-mamans grabataires déconnectées de la réalité, prudes et franchement déprimantes.

La deuxième saison d’And Just Like That… jugule ce problème en ramenant la sexualité au cœur des discussions salées de brunch, comme à la belle époque où Samantha parlait, entre deux gorgées de café, du goût du sperme de sa dernière conquête, insérez ici un jeu de mots aussi rigolo qu’efficace.

Dans les sept épisodes que j’ai vus, dont les deux premiers sortent jeudi sur la plateforme Crave et sur Super Écran à 21 h, un amant de la fabuleuse Seema utilise une pompe à pénis pour partir la machine, le mari de Charlotte n’éjacule plus (même s’il orgasme) et Miranda, toujours en couple avec l’humoriste Che Diaz, en découd avec un harnais et son godemiché intégré. C’est plus léger et moins chargé, enfin.

Aussi, les dialogues ont été dépouillés de leur discours woke très premier degré, qui sonnait faux et plaqué. Dieu merci, Carrie ne crie plus à ses voisins de baisser la musique et Charlotte ne gèle plus quand sa fille adolescente Lily, qui aspire à percer le monde de la pop avec sa très mauvaise chanson The Power of Privilege, lui annonce qu’elle perdra sa virginité.

Il faut également se jaser d’Aidan, l’ex-copain de Carrie, dont le retour a enflammé ou enragé, c’est selon, les fans de Sex and the City. Hélas, le diffuseur nous interdit de révéler quand et comment Aidan renoue avec Carrie. De ce que j’ai vu, c’est plausible et charmant, pour l’instant.

En fait, And Just Like That… 2 surpasse le premier chapitre, mais n’atteint pas la brillance et le génie de Sex and the City, où le superficiel débouchait toujours sur un thème plus profond (qu’une gorge, poudoum-tish !).

Le premier épisode d’And Just Like That… 2 débute sur un montage de toutes les héroïnes au lit – sauf une ! – avec leur partenaire actuel. Trois semaines ont passé depuis la finale de la première saison et, oui, Carrie fréquente le séduisant producteur de sa balado, Franklyn, ce qui l’extirpe de sa phase de deuil et la ramène à ses années de fréquentations de trentenaire.

Ne sursautez pas : la nouvelle Carrie prépare même des œufs pochés (pardon ?) et découvre que son four sert à autre chose qu’à entreposer ses manteaux d’hiver (impossible !).

Miranda commence la série à Los Angeles, où elle accompagne son partenaire non binaire Che Diaz qui y tourne l’émission pilote de sa sitcom Che Pasa ! avec Tony Danza. Si délicieusement cynique et sarcastique dans Sex and the City, Miranda a été transformée, au contact de Che Diaz, en quinquagénaire dépendante, peu sûre d’elle-même et 100 % déphasée. Rassurez-vous, la Miranda qu’on aime, pas celle qui a sacré sa carrière aux vidanges, refera surface, éventuellement.

Quant à Charlotte, elle apparaît sur la liste des MILF – les mères sexuellement attirantes – de l’école secondaire de sa fille Lily et cet honneur ne lui déplaît pas. Femme au foyer, Charlotte reçoit une offre extrêmement tentante, qui pourrait la ramener au travail et rallumer une partie éteinte d’elle-même.

Les trois nouvelles amies de Carrie, Miranda et Charlotte occupent beaucoup, beaucoup de temps d’antenne. La plus intéressante demeure l’agente immobilière Seema, qui incarne la nouvelle Samantha avec ses longues cigarettes minces, sa fougue et ses désirs, professionnels et personnels, inassouvissables. Elle est parfaite.

Les deux autres, Lisa et Nya, héritent d’histoires moins captivantes, c’est un euphémisme. L’élégante Lisa peaufine son documentaire engagé (zzzz !), tandis que la professeure Nya traverse une crise matrimoniale qui nous passe dix pieds par-dessus la tête.

Il est là, le plus gros enjeu d’And Just Like That… 2 : on voudrait plus de Carrie, de Charlotte et de Miranda, mais on nous donne – ou on nous force ? – du Che, de la Nya et de la Lisa à la place. Ça pétille moins, mettons.

Mais tout n’est pas perdu. Les filles (et Anthony), qui ont maintenant 56 ans, reçoivent des invitations pour le gala du Met, et la location d’une maison d’été dans les Hamptons s’annonce amusante pour les nouvelles célibataires du groupe.

Les mordus de Sex and the City souriront à l’apparition d’Enid (Candice Bergen), l’ancienne patronne de Carrie chez Vogue, dans un épisode sur la vieillesse bien ficelé avec, en prime, un caméo de la féministe Gloria Steinem. La portion où Carrie enregistre la version audio de son livre se révèle fort touchante et écrite avec finesse.

Bien sûr, la série regorge de robes flamboyantes, de sacs Birkin et de chapeaux farfelus. N’oublions pas qu’à la mort de John, euh, qu’à la mort de Big, Carrie a hérité d’une montagne de fric, même si elle demeure encore dans son appartement de trentenaire de l’Upper East Side.

Vingt-cinq ans après la mise en ondes de Sex and the City, je ressens le même frisson quand la caméra montre Carrie Bradshaw à la fenêtre, pianotant sur son MacBook. Et juste comme ça, on se met presque à trouver Che Diaz sympathique. Presque.