Toutes les fois que je croise mes nièces ou les ados de mes amis, je leur pose la même question : yo, les jeunes, vous regardez quoi à la télé, ces temps-ci, pour chiller full wesh ?

Leur réponse s’accompagne d’un énorme roulement d’yeux, limite un haut-le-cœur, comme si leurs parents les forçaient à porter des skinny jeans. Arke, dégueulasse, plus personne ne dit yo de cette façon-là, et on est pas mal tous sur Netflix.

XO Kitty, Elite, Stranger Things, Mes premières fois, Heartstopper, Jeunesse royale, Outer Banks, L’été où je suis devenue jolie, Sex Education, leur consommation télévisuelle, toujours sur des plateformes numériques, tourne autour de ces titres populaires.

Je visionnais cette semaine Premier trio, en ligne sur l’Extra de Tou.tv, et je me demandais à qui s’adressait vraiment ce feuilleton jeunesse mettant en scène des personnages de 14, 15 et 16 ans. 

Parce que si vos jeunes raffolent de Gossip Girl et de Riverdale, ils ont été exposés à une version vraiment plus croustillante et coquine de l’adolescence. Et je ne vous parle pas d’Euphoria de la chaîne HBO, où des ados de 14 ans fabriquent quasiment le crack qu’ils mettent eux-mêmes dans leur « wax pen ».

Ce n’est pas mauvais, Premier trio. C’est juste très vanillé, joli et propre, disons-le comme ça.

Vous me répondrez que c’est parfait pour le visionnement en famille, que les séries pour ados n’ont pas à être toutes remplies de vapoteuses du diable, de chapelets de sacres et de sexualité débridée, on se calme, wo, les nerfs !

Je comprends, c’est vrai. Reste que le décalage entre, par exemple, Premier trio et Les petits rois, saute au visage et aux oreilles. Comme s’il n’y avait que deux façons de traverser l’adolescence : la manière polie et la complètement capotée.

L’héroïne de Premier trio, la déterminée joueuse de hockey Chloé Béliveau (Constance Munger), est parfaite. Un peu trop, même. Elle a été recrutée pour le camp de sélection du Bantam AAA, une équipe de hockey masculine d’élite. Elle jogge et s’entraîne tous les midis. Elle réussit bien à l’école (privée) et n’arrive même pas à mentir à sa mère ou à son père, incarnés par Catherine Proulx-Lemay et Patrick Drolet.

Bref, Chloé est l’adolescente dont rêvent tous les parents : déterminée, docile, diligente, raisonnable et peu intéressée par les « chilling au parc » avec ses copines. D’ailleurs, la monomanie de Chloé pour le hockey causera des frictions avec sa meilleure amie Emy (Dounia Ouirzane), qui essaie de se rapprocher de la fille cool de l’école, Clara St-James (Jessica Rousseau).

Le cœur des intrigues de Premier trio se déroule autour de l’aréna, évidemment. Chloé, qui possède un coup de patin redoutable, s’immisce dans un environnement de gars à la manière de Manon Rhéaume en 1993.

Va-t-elle se changer dans le même vestiaire que ses camarades ? Résistera-t-elle aux mises en échec viriles des adversaires qui doutent de son talent sur la glace ?

Aussi, deux méchants coéquipiers feront la vie dure à Chloé, en remplissant notamment ses espadrilles de pâte dentifrice. Le plus gros stress de Chloé consiste à être « coupée » du camp d’entraînement ou à être « scratchée » de l’équipe, comme on disait à l’époque des Huards de Neufchâtel-Charlesbourg-Ouest.

Et qui dit série d’ados dit premiers émois amoureux. On devine assez rapidement où les cœurs battront (allô Xavier) et où d’autres se briseront. Justin Morissette, le fils de Véro et Louis, campe le gardien de but vedette des Lynx, qui débarque plus tard dans l’intrigue.

L’Extra de Tou.tv propose les 13 premiers épisodes de Premier trio, qui dérivent de la série de romans de Nadia Lakhdari. Les 13 autres arriveront le jeudi 6 juillet. C’est à l’automne que Radio-Canada relaiera à la télé conventionnelle ce téléroman sympathique et un brin lisse, comme une glace après le passage de la Zamboni.

Au même rayon pour ados, Netflix a déposé la semaine passée la quatrième et dernière saison (tristesse !) de Mes premières fois (Never Have I Ever) et ça s’annonce toujours aussi drôle, brillant et intelligent. Voilà un exemple de comédie pour adolescents écrite avec punch et sensibilité. Juste assez osée, pas trop édulcorée. Les dialogues y sont rythmés, pétillants, et la narration de John McEnroe (oui, le joueur de tennis) est hilarante.

Pour leur ultime tour de piste, Devi (Maitreyi Ramakrishnan) et ses deux BFF entament leur dernière année à l’école secondaire de Sherman Oaks, une banlieue cossue de Los Angeles. Le beau Paxton Hall-Yoshida fréquente, de son côté, l’université d’Arizona State et, pour la première fois de sa vie dorée, il se sent rejet.

Maladroite, impulsive et sarcastique, Devi garde le cap sur son admission à Princeton, son rêve depuis le tout premier épisode.

La quatrième saison reprend là où le dixième épisode du troisième chapitre nous avait abandonnés : dans la chambre à coucher de l’intello Ben Gross, le rivalami de Devi, qui lui avait proposé de faire l’amour, une autre des quêtes de notre héroïne favorite.

Je ne divulgâche rien ici, mais sachez que la finale de Mes premières fois résoudra le dilemme cornélien de Devi : Ben ou Paxton ? Comme à l’époque de Felicity, tiraillée entre Ben et Noel, la décision de Devi ne plaira pas à tous les fans, qui n’en reviennent pas, lisez leurs réactions ici, pour paraphraser un site web spécialisé dans le piège à clics.