Après Chagall, qui s'achevait hier soir, le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) rebondit en grand avec Révolution. Magnifiquement mise en musique, cette exposition tous publics évoque l'effervescence des années 66-70 dans les domaines de la politique, de l'expression et du développement des idées, de la mode, des technologies et bien sûr de l'art. Une vraie jouissance!

«C'est la première fois que je danse au musée!» Cette réflexion d'un visiteur résume bien le tour de force qu'ont réussi conjointement le MBAM et le Victoria and Albert Museum de Londres qui signent la production de Révolution à Montréal, une adaptation de l'expo présentée l'hiver dernier dans la capitale britannique.

Parler de l'histoire, des avancées sociales, de l'importance d'une époque tout en divertissant entre les deux oreilles... oui, c'est un tour de force.

Révolution est une exposition immersive sur le rôle qu'ont joué les années 60 sur le type de société dans laquelle on vit aujourd'hui en Occident. Pour l'évoquer de façon ludique et détaillée, les deux musées ont créé un parcours qui plaira à tous les publics. Avec ce mélange d'idées, d'images et de sons qui en font une présentation relevée: 700 objets, des photos, affiches, pochettes de disques, vêtements, livres, oeuvres d'art, objets de design, etc. Un déploiement d'artéfacts qui nourrit tous les sens.

C'est en effet une exposition copieuse dans laquelle les férus d'histoire, les nostalgiques d'Expo 67 et les fans de sociologie et de design trouveront leur bonheur autant que les groupies de la musique rock britannique.

Les jeunes, surtout, vont littéralement «capoter» avec cette expo conçue par le commissaire anglais Geoffrey Marsh, à qui l'on doit l'expo sur David Bowie. Car elle se visite d'un bout à l'autre avec des écouteurs qui se déclenchent au contact d'oeuvres que vous regardez. Et on peut monter le son de la musique à s'en péter les oreilles!

Woodstock au musée

Tout le répertoire des années 60 y passe. Les Stones, les Beatles, Pink Floyd, The Who, The Byrds, Bob Dylan, sans oublier, du côté québécois, Charlebois et Pagliaro. Avec la technologie de l'entreprise Sennheiser, notamment dans la salle consacrée à Woodstock où l'installation Ambeo permet au visiteur de délaisser son casque l'espace d'un moment pour apprécier la projection, sur des écrans géants juxtaposés, du célèbre spectacle de 1969. Voir l'immense Jimi Hendrix exploser sa version du Star-Spangled Banner avec ses sons distordus qui évoquaient les bombes lâchées sur le Viêtnam... ouf! Frissons assurés.

Cette salle est le véritable clou de l'expo, et c'est logique. «La musique a toujours accompagné les changements sociaux et politiques», a dit Geoffrey Marsh en conférence de presse. Et des changements, en même temps que les festivals, il y en a eu dans les années 66-70... à commencer par la possibilité de se marier quand on était de couleurs différentes aux États-Unis, a-t-il rappelé. 

Générer un monde meilleur

Adaptée à Montréal par la commissaire Diane Charbonneau, l'expo s'achève par la présentation de 20 oeuvres de la collection du musée, choisies par des élèves de la commission scolaire English-Montréal. Une sélection qui révèle l'ouverture de la jeunesse d'aujourd'hui aux droits de la personne, au respect de l'environnement et aux choix identitaires. Un espace poétique, rempli d'émotion, qui nous fait réaliser que les graines plantées il y a 50 ans ont porté des fruits. 

On sort étonnamment léger de cet exercice de mémoire savamment orchestré qui met de bonne humeur pour la journée et remplit d'espoir, car il illustre avec brio la capacité des hommes et des femmes de générer un monde meilleur. Une expo qui, comme Expo 67, regarde intelligemment en arrière et montre le chemin. 

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Révolution, au Musée des beaux-arts de Montréal (1379, rue Sherbrooke Ouest, Montréal), du 17 juin au 9 octobre.

Photo Victoria and Albert Museum, Londres, fournie par le MBAM

Costume de John Lennon pour Sgt. Pepper, 1967, image provenant du Victoria and Albert Museum, reproduit avec l'autorisation de Yoko Ono Lennon.