Pour sa programmation de printemps sur le thème du corps et de ses récits, le Musée d’art de Joliette (MAJ) offre aux visiteurs deux expositions temporaires, dont celle de Meryl McMaster, en plus d’accueillir la Manif d’art 11 – La biennale de Québec.

C’est la photographe canadienne reconnue comme une voix majeure en art actuel, Meryl McMaster, qui est principalement à l’honneur ce printemps au MAJ. Elle partage l’espace du rez-de-chaussée avec l’artiste Emma Waltraud Howes, qui signe sa première exposition muséale individuelle. Bien que très différents, les projets revisitent des mémoires personnelles et collectives vécues ou racontées. Il s’agit à la fois de récits liés aux communautés autochtones et aux expériences de la danse : les œuvres montrent des corps imprégnés de ces histoires.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Remember The Sky You Were Born Under [Souvenez-vous du ciel qui vous a vu naître] de Meryl McMaster, 2022, impression giclée, 101,6 x 152,5 cm

Coproduite par les collections McMichael et Remai Modern, et assurée par les commissaires Sarah Milroy et Tarah Hogue, Bloodline [Liens du sang] de Meryl McMaster explore les filiations de l’artiste avec ses ancêtres cris des plaines/siksika et britanniques/néerlandais.

Au premier coup d’œil, les 52 papillons accrochés aux cimaises se situant entre les œuvres ou au-dessus d’elles surprennent. Ces insectes donnent le ton au thème, car dans la culture crie, ils font référence à la présence des aïeux lorsqu’ils souhaitent reprendre contact avec le monde des vivants. « C’est comme si je m’étais transformée en glace […] et que les papillons me réinsufflaient la vie. Ils me tirent de mon sommeil », explique McMaster, sur le cartel de l’œuvre Anima (2012). Ces relations intergénérationnelles sont mises de l’avant dès la première salle.

  • Des œuvres de l’exposition Bloodline [Liens du sang] de Meryl McMaster

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    Des œuvres de l’exposition Bloodline [Liens du sang] de Meryl McMaster

  • Des œuvres de l’exposition Bloodline [Liens du sang] de Meryl McMaster

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    Des œuvres de l’exposition Bloodline [Liens du sang] de Meryl McMaster

  • Des œuvres de l’exposition Bloodline [Liens du sang] de Meryl McMaster

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    Des œuvres de l’exposition Bloodline [Liens du sang] de Meryl McMaster

  • Des œuvres de l’exposition Bloodline [Liens du sang] de Meryl McMaster

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    Des œuvres de l’exposition Bloodline [Liens du sang] de Meryl McMaster

  • Leave To Me Your Memories [Laissez-moi à vos souvenirs] de Meryl McMaster, 2022, impression giclée, 101,6 x 134,6 cm

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    Leave To Me Your Memories [Laissez-moi à vos souvenirs] de Meryl McMaster, 2022, impression giclée, 101,6 x 134,6 cm

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La grande force de Bloodline [Liens du sang] réside dans les autoportraits photographiques réalisés dans un paysage naturel pour lesquels l’artiste est célèbre. À chaque œuvre, Meryl McMaster se met en scène d’une manière singulière : elle revêt des costumes qu’elle confectionne, inspirés de tenues historiques et cérémonielles, tous plus originaux les uns que les autres. Les créations récentes de la série Histoires de mes grands-mères, conçues en 2022, restent fidèles à cette pratique. Les œuvres sont dédiées aux grands-mères de l’artiste, soit 130 ans de culture crie de Red Pheasant en Saskatchewan. Pour ajouter une touche poétique et sensible aux propositions, des archives se trouvent au milieu de grandes photographies et d’une vidéo. Des pages de journaux intimes, des notes sur la vie quotidienne et des photos d’époque causent avec les souvenirs de l’artiste et les histoires qu’on lui a racontées au sujet de sa famille.

Place à la danse

Si les deux expositions entrent « en dialogue », pour reprendre les mots de la conservatrice de l’art contemporain par intérim, Marianne Cloutier, c’est cette mise en scène des corps et de leurs histoires qui relie Bloodline [Liens du sang] de Meryl McMaster à The Time it Takes [Le temps qu’il faut] d’Emma Waltraud Howes. Dans les deux cas, les œuvres forment un tout et s’interinfluencent, tantôt par le langage photographique chez McMaster, tantôt par le langage chorégraphique, entre autres, chez Howes.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Dream Catcher [Capteur de rêves], 2015, impression giclée sur papier pressé à chaud, 81,3 x 167,6 cm

Issue de la danse classique où la liberté de parole individuelle laisse place au collectif, Emma Waltraud Howes « dansait pour les autres. Elle incarnait le message des autres. C’est devenu oppressant pour elle », explique la commissaire de l’exposition The Time it Takes [Le temps qu’il faut], Charlotte Lalou Rousseau. « Comment on porte ces histoires-là dans notre corps ? » a été la question qui a guidé son travail.

Si la démarche de la créatrice est touffue, la commissaire réussit à faire une synthèse efficace de sa production. Bang Bang Baroque (2024), un « opéra-anomalie » surréaliste pour trois écrans, s’inscrit comme le projet phare. L’artiste y exploite les codes de l’opéra, mais aussi du heavy métal, du techno et du baguazhang.

Au fil de leurs découvertes, les visiteurs reconnaîtront à travers les dessins, les sculptures et les installations plusieurs couches de références allant de l’esthétique baroque à Bertolt Brecht en passant par les légendes inuites. « Il s’agit de montrer que ces idées font partie de la pratique d’Emma depuis plusieurs années », renchérit Charlotte Lalou Rousseau.

La Manif d’art s’invite au MAJ

Au deuxième étage, tout au fond des salles de l’exposition permanente, Les Îles réunies, consacrée à la collection, se trouve trois œuvres de la Manif d’art 11 – La biennale de Québec. La commissaire Marie Muracciole y présente les installations vidéo de Francis Alÿs, d’Yto Barrado et de Rodney Graham sur les thèmes des conditions de latence et d’arrêt de la productivité. Il s’agit d’un premier partenariat entre l’évènement et le MAJ.

Et finalement, parmi les visites, il ne faudra pas manquer l’hommage à Rodolphe Duguay, D’un naturel, projet soutenu par la commissaire Julie Alary Lavallée qui souligne le 50anniversaire de la mort de l’artiste ainsi que l’exposition jeunesse préparée par le département de l’éducation.

Consultez le site de Musée de Joliette pour connaître les dates des différentes expositions