(Amsterdam) Des coups de pinceau expressifs, des couleurs vives et une vie troublée : des caractéristiques de Vincent Van Gogh qu’on retrouve dans l’histoire de Matthew Wong, un artiste sino-canadien mis à l’honneur dans une exposition inédite à Amsterdam.

« La peinture en dernier recours », accessible au public à partir de vendredi au musée Van Gogh, présente pour la première fois en Europe plus de 60 peintures de l’artiste déjà acclamé outre-Atlantique, qui s’est donné la mort en 2019, « à l’aube de la gloire ».  

L’exposition met en lumière de nombreux paysages fantastiques colorés et énigmatiques, comprenant souvent des tons bleus mélancoliques, avec de hautes lignes d’horizon.  

« Il y a tellement de similitudes avec l’approche de Van Gogh en matière de peinture », a déclaré mercredi le commissaire de l’exposition, Joost van der Hoeven, lors d’une avant-première.  

Wong a appris à peindre en autodidacte à l’âge de 27 ans, tout comme Vincent. Il y a le travail expressif du pinceau et l’utilisation de la couleur.

Joost van der Hoeven, commissaire de l’exposition

« Mais il y a aussi une émotivité très brute dans l’œuvre et quand j’ai commencé à en lire davantage sur lui [Wong], j’ai découvert tous ces parallèles étranges entre leurs histoires de vie », a-t-il ajouté.

Matthew Wong a vécu entre le Canada et Hong Kong tout au long de sa vie et a commencé à peindre huit ans avant sa mort, son « dernier recours ».  

« Je me vois en lui. L’impossibilité d’appartenir à ce monde », avait, selon le musée, déclaré l’artiste sino-canadien à propos de Van Gogh, qui s’est suicidé à l’âge de 37 ans, tourmenté par de lourds troubles mentaux.

Mais si le génie néerlandais est mort dans la pauvreté, « le talent de Wong a été plus largement reconnu au cours de sa courte et tumultueuse carrière », pointe le musée.

Vers 2017, son œuvre fantastique et abondante a attiré l’attention des collectionneurs d’art aux États-Unis. Le New York Times l’avait désigné comme « l’un des peintres les plus talentueux de sa génération ».

Matthew Wong s’est donné la mort à 35 ans, « à l’aube de la gloire », lit-on dans une nécrologie du New York Times en octobre 2019.  

Mélancolie

M. Wong a lutté toute sa vie contre la dépression, l’autisme et le syndrome de Gilles de la Tourette « et avait du mal à communiquer avec les autres », a déclaré le musée Van Gogh.  

Sur les réseaux sociaux, il a trouvé une communauté auprès de laquelle il a beaucoup appris. Outre Van Gogh, M. Wong s’est également inspiré d’un large éventail d’autres peintres, dont Gustav Klimt, Henri Matisse et l’artiste japonais contemporain Yayoi Kusama.  

« C’est bien plus que simplement “Oh, voici Vincent qui influence Wong” », a déclaré Emilie Gordenker, directrice du musée Van Gogh.  

« Wong était un artiste incroyablement talentueux, doté d’une large palette, d’une vraie franchise émotionnelle, un grand peintre » à part entière, a-t-elle souligné à l’AFP.

Les paysages de Wong montrent l’influence de Van Gogh, mais l’artiste sino-canadien « a développé son propre langage », a-t-elle noté. Dans son travail, certaines références inspirent « un sentiment de mélancolie et de tristesse », a-t-elle ajouté.  

On retrouve dans de nombreuses toiles « une petite figure solitaire dans ce monde fantastique écrasant », observe M. van der Hoeven. « Ces figures sont en fait des autoportraits ».