Le centre Le Livart présente Nouveaux environnements : approcher l’intouchable, avec les œuvres physiques et virtuelles de sept artistes : François Quévillon, Olivia McGilchrist, le duo Laurent Lévesque et Olivier Henley, Sabrina Ratté, Baron Lanteigne et enfin Caroline Gagné. Un travail fouillé, mais une réalité virtuelle qui nous laisse sur notre faim.

L’exposition est présentée par Molior, un organisme québécois qui produit, depuis 2001, des expos et des projets utilisant la technologie comme moyen de création. Molior a fait appel à la réputée commissaire Nathalie Bachand pour regrouper des artistes férus de technologie et proposer à la fois des œuvres installées et des œuvres qu’on visionne, l’une à la suite de l’autre, avec le même casque Oculus.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Les artistes François Quévillon, Olivia McGilchrist, Laurent Lévesque, Sabrina Ratté, Baron Lanteigne, Caroline Gagné et Olivier Henley, la commissaire Nathalie Bachand et Aurélie Besson, directrice générale et artistique de Molior

Les œuvres tournent autour du thème de la nature interprétée par la technologie numérique. L’artiste Olivia McGilchrist présente ainsi Virtual ISLANDs, deux vidéos sur le flux et le reflux de l’eau et une œuvre de réalité virtuelle (RV) de 7 minutes dans laquelle on nage dans un univers aquatique où l’on finit par découvrir une forme féminine en train de se mouvoir doucement. Une immersion intéressante, un décor numérique soigné et doux, mais une œuvre qui ne révolutionne pas le genre.

Avec Érosions 2, de François Quévillon, on explore lentement des milieux naturels, notamment rocheux, des côtes du golfe Saint-Laurent. Les six animations en RV ne nous ont pas paru plus spectaculaires que les vidéos Météores que l’artiste diffuse sur des écrans. Il n’en demeure pas moins que le travail photogrammétrique nécessaire pour la numérisation en 3D est bien fait. Mais encore une fois, on reste sur notre faim.

Caroline Gagné a créé une œuvre, Autofading_Se disparaître, assez originale car elle y prend la réalité virtuelle à contre-pied. Si généralement on doit se mouvoir et bouger le plus possible pour apprécier l’univers virtuel, dans le cas de cette œuvre, c’est tout le contraire. C’est seulement si on ne bouge pas du tout, même pas notre tête, que l’on parvient à percevoir toutes sortes de bruits d’animaux et un paysage pointilliste conçu au moyen de millions de petits ronds de couleurs. Un travail, cette fois-ci, original et fort bien réalisé.

On avait déjà pris connaissance de l’installation Nature Morte 7, de Baron Lanteigne, lors de la Biennale internationale d’art numérique (BIAN), en décembre dernier. Dans son œuvre constituée d’écrans plats, la nature reprenait le contrôle.

  • L’installation de Baron Lanteigne présentée à la BIAN 6, à l’Arsenal

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

    L’installation de Baron Lanteigne présentée à la BIAN 6, à l’Arsenal

  • L’installation de Baron Lanteigne au Livart

    PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

    L’installation de Baron Lanteigne au Livart

1/2
  •  
  •  

C’est le même genre d’installation au Livart. L’artiste y ajoute une œuvre de RV, Ascension. On s’y retrouve en suspension au cœur d’un univers liquide et vitreux qui monte et descend tout en réfractant la lumière. Un environnement virtuel que l’artiste considère comme en cours de création. Il est déjà bien scénographié et assez esthétique.

Laurent Lévesque s’est associé à Olivier Henley pour créer sa première œuvre de RV, Le conservatoire : autre horizon. Il s’agit d’un jardin botanique virtuel constitué des plantes qui jouent un rôle de décoration dans les jeux vidéo en 3D. Idée intéressante qui ravira les amateurs de jeux vidéo qui vont sûrement reconnaître certaines plantes. Avec le casque Oculus, on se promène ainsi dans cette exposition d’arbres, de fleurs et de plantes de toutes sortes, greffés à une maille.

L’œuvre Floralia, de Sabrina Ratté, est constituée d’éléments floraux qui découlent d’une série de quatre vidéos inspirée de la science-fiction et de nos angoisses par rapport à cet Anthropocène dans lequel nous sommes plongés. Floralia évoque également notre dépendance aiguë à l’univers numérique. Paradoxal de l’aborder avec la RV, mais c’est un questionnement actuel et Sabrina Ratté amène à le considérer tout en nous immergeant complètement dans ces fleurs et ces plantes, une expérience assez enveloppante. Un beau travail, notamment sonore, avec la collaboration d’Andrea-Jane Cornell.

Cette exposition qui combine œuvres physiques et œuvres virtuelles est plutôt réussie car intéressante. Molior et la commissaire ont choisi des artistes brillants, très à l’aise avec l’univers numérique. Nouveaux environnements : approcher l’intouchable plaira à un public qui n’a pas encore beaucoup expérimenté la réalité virtuelle.

Pour les amateurs plus aguerris de cet univers immersif, l’expo manquera peut-être de saveur. Cela fait 10 ans pile que La Presse couvre l’utilisation de la RV dans les arts visuels, une approche souvent attrayante et utile pour développer un thème comme celui de l’environnement. Mais l’ébahissement n’est pas toujours au rendez-vous, contrairement aux expériences vécues... dans la vraie nature.

Nouveaux environnements : approcher l’intouchable, à la galerie Le Livart, jusqu’au 30 avril

Regardez Météores (3686), de François Quévillon Consultez le site de l’exposition