La galerie montréalaise L’Original rend hommage, jusqu’au 14 février, à des artistes qui ont marqué l’art urbain montréalais depuis son émergence. Une double exposition présente une trentaine d’œuvres de précurseurs tels que Zïlon, Scan, Zoltan, Axe, Labrona, Astro, Kevin Ledo, Zema ou Monk E, qui a aussi fait sa marque dans le hip-hop.

Consacrée à l’art urbain montréalais, L’Original (qui a deux locaux, au 4455, rue Saint-Denis, et au 163, rue Saint-Paul) est une galerie sans but lucratif née en 2017 de la volonté d’un groupe d’étudiants de diffuser, promouvoir et aider les artistes de rue. Ses directeurs Dorian Verdier et Normand Giguère célèbrent la bonne santé de leur entreprise sociale avec cet hommage à l’art de rue montréalais. Ils ont invité ceux qui créent des œuvres « intérieures » à venir les accrocher dans leur galerie.

Tout le monde n’est pas présent, bien sûr, mais le déploiement couvre bien l’historique montréalais de l’art urbain que Dorian Verdier – 22 ans, né en France et installé à Montréal depuis 2017 – maîtrise maintenant assez bien, s’étant fait des contacts partout dans le milieu.

« Le premier artiste de rue que j’ai connu, ç’a été Monk E, une immense inspiration, dit-il. Alors, il est présent dans l’exposition. On aurait voulu tous les artistes, surtout que la communauté de street art est assez soudée. Mais on est fiers de ce show. On l’a organisé après avoir rencontré le festival Mural, Under Pressure, [le spécialiste de la scène graffiti+street art], Wall2Wall et [la boutique de matériel artistique] Le Sino. Pour voir si on représentait correctement les pionniers. C’est un show fait avec la communauté. »

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Une superbe œuvre de Monk E, star réputée dont l’art rassembleur donne une belle vision du monde

On trouve une œuvre de Scan, sorte d’hommage à ce grand du graffiti montréalais, malheureusement mort en 2017 à 36 ans. À côté, un beau smiley classique de MakeNoize, artiste semeur d’espoir. Zïlon est évidemment présent avec plusieurs peintures, dont une commandée dans les années 1980 par un restaurateur montréalais qui souhaitait une représentation de son idéal féminin ! Il y a plusieurs Labrona aussi, dont quelques petits cadres récents dénotant une atmosphère tropicale. « J’ai beaucoup aimé les muralistes mexicains quand j’ai voyagé là-bas, alors c’est sûrement une de mes influences », dit Labrona.

  • Une œuvre de Scan, autre légende de l’art de rue montréalais

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    Une œuvre de Scan, autre légende de l’art de rue montréalais

  • Une œuvre de MakeNoize

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    Une œuvre de MakeNoize

  • Magnifique travail du collectif En Masse, valeur sûre de l’art urbain montréalais

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    Magnifique travail du collectif En Masse, valeur sûre de l’art urbain montréalais

  • Une œuvre de Zïlon

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    Une œuvre de Zïlon

  • Une œuvre récente de Labrona

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    Une œuvre récente de Labrona

  • Une œuvre d’Astro

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    Une œuvre d’Astro

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Belle présentation aussi au 163, rue Saint-Paul, avec des œuvres de MakeNoize, Zoltan, Nicolas Craig ou Kevin Ledo. Dorian Verdier est content de promouvoir ces artistes qu’il admire. « Je ne suis pas artiste, mais fan ! J’ai envie de les aider, car ce qu’ils font, je serais incapable de le faire. Mon rôle est d’accompagner ceux qui rêvent de gagner leur vie avec leur passion, et ce, avec l’expertise que j’ai », dit l’étudiant en maîtrise en gestion et innovation sociale à HEC.

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Vue de l’exposition au 163, rue Saint-Paul

Dorian Verdier est impressionné par l’art urbain montréalais.

Pour moi, Montréal est la capitale nord-américaine, voire mondiale, du street art. Il y a tellement de styles différents, tellement d’artistes.

Dorian Verdier, codirecteur de la galerie L’Original

« Venant de France, je peux dire que Montréal met une branlée autant à Paris qu’à Lyon. Oui, il y a du street art partout dans le monde, mais il est beaucoup plus prolifique et consistant ici. Et de meilleure qualité », assure Dorian Verdier.

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Une œuvre de Nicolas Craig

Pour prendre la mesure de cette diversité de l’art urbain local, L’Original a collaboré avec Wall2Wall (de son prénom Stéphane) qui vient de sortir un beau livre consacré à 69 artistes graffiteurs de la métropole. Magnifiquement imprimé, il documente les œuvres d’artistes dont Wall2Wall est très fier. « J’ai beaucoup voyagé, mais quand je reviens à Montréal, je constate combien on fait du beau travail ici, dit-il. Je pense que le fait d’être à la fois nord-américains et européens d’origine donne un beau mélange et une grande diversité. »

Belle idée, donc, que ce regroupement de signatures de l’art urbain montréalais. Il faudrait peut-être qu’un musée songe à une véritable rétrospective ? Avec des moyens, ça ferait un show extrêmement beau. « Le milieu institutionnel a toujours du retard pour reconnaître ce qui se passe au présent, dit Dorian Verdier. Ça prend toujours 20 ans, 30 ans et parfois même que les artistes soient décédés pour être reconnus. Pourtant, c’est bien de le faire de leur vivant… »

Consultez le site de la galerie L’Original