La Ville de Montréal et l’Association des galeries d’art contemporain (AGAC) ont décerné, jeudi soir, les prix Pierre-Ayot et Louis-Comtois respectivement aux artistes visuelles montréalaises Michelle Bui et karen elaine spencer.

Le prix Louis-Comtois, du nom du peintre québécois disparu prématurément à l’âge de 45 ans, vise à consolider la reconnaissance d’un ou d’une artiste de mi-carrière et à souligner la qualité de sa production à Montréal. Le prix est accompagné d’une bourse de 7500 $, d’un budget de 2500 $ pour l’organisation d’une expo et de l’achat d’une de ses œuvres par la Ville.

Avant de recevoir ce prix, karen elaine spencer avait dit à La Presse être « contente et surprise » d’avoir été parmi les finalistes, en compagnie de deux autres artistes fort réputés, Mathieu Beauséjour et Nelson Henricks. Elle a déjà été finaliste en 2019. Cette fois, c’est elle qui avait soumis sa candidature, « puisqu’on m’avait déjà donné une sorte de tape dans le dos pour m’encourager ! », dit-elle.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

karen elaine spencer

Après avoir reçu son prix, l’artiste, très émue, a lu un texte en anglais, poétique, sur les chemins de l’art et ceux de la vie, une prose qui reflétait assez bien ses états d’âme et cette énergie, cette liberté qui l’amène à créer des œuvres toujours marquées par un engagement fort et clair envers un art qui questionne et mobilise.

PHOTO GUY L’HEUREUX, FOURNIE PAR LA GALERIE ELLEPHANT

La Presse, 9 juillet 2014, Société des alcools, 2014, karen elaine spencer, acrylique sur toile de lin, 30 x 30 cm.

Originaire de Colombie-Britannique, karen elaine spencer, aujourd’hui âgée de 62 ans, vit à Montréal depuis les années 80. Commissaire et artiste engagée dans la performance, l’art action et un goût prononcé pour l’écriture, c’est une femme qui aime interroger les évidences et dénoncer les injustices. Les minuscules de son nom, c’est aussi pour contester l’ordre établi.

  • how many is too many, cardboard, ink, new york city, body time, 2014, karen elaine spencer, photographie de performance.

    PHOTO FOURNIE PAR L’AGAC

    how many is too many, cardboard, ink, new york city, body time, 2014, karen elaine spencer, photographie de performance.

  • sittin’with cabot square, face wet, 2016, karen elaine spencer.

    PHOTO FOURNIE PAR L’AGAC

    sittin’with cabot square, face wet, 2016, karen elaine spencer.

  • word word, 2014, karen elaine spencer, encre sur papier Arche.

    PHOTO FOURNIE PAR L’AGAC

    word word, 2014, karen elaine spencer, encre sur papier Arche.

  • walkin’with cohen-laval-bridge, 2022, karen elaine spencer.

    PHOTO NATHANIEL SPENCER-CROSS, FOURNIE PAR L’ARTISTE

    walkin’with cohen-laval-bridge, 2022, karen elaine spencer.

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En 2007, elle avait déjà reçu un prix, dans le cadre de l’évènement Paysages éphémères, grâce à l’installation Rue des rêves, des enceintes qui diffusaient les rêves des citoyens. En 2012, elle a été lauréate du prix Powerhouse de la galerie La Centrale. En 2017, elle a exposé à la galerie Ellephant un corpus intéressant, astucieux et actuel, Headlines [Les manchettes], des œuvres ludiques et graves sur l’avenir des médias.

Lisez notre critique de Headlines

Michelle Bui

De son côté, le prix Pierre-Ayot vise à favoriser la diffusion d’artistes visuels de 35 ans et moins. Michelle Bui était finaliste aux côtés de Trevor Baird et de Lucie Rocher. Elle gagne une bourse de 5000 $, un budget de 2500 $ pour l’organisation d’un solo et l’acquisition par la Ville d’une de ses œuvres.

Née à Montréal, Michelle Bui a rendu hommage à sa ville natale « où les gens ont l’audace de mettre la culture et l’art de l’avant ». Et elle a remercié sa famille qui a été sa première galerie, ses premiers collectionneurs, ses premiers amateurs, jusqu’à exposer, il y a 15 ans, « une aquarelle assez réaliste de (son) copain représenté dans son bain, une œuvre qui mesurait 8 pieds de haut ! »

Michelle Bui, qui a étudié au collège Dawson, à l’Université Concordia, à l’UQAM et à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, a toujours été portée par le besoin de s’exprimer par l’art. « Adolescente, j’ai été marquée par des expositions à Montréal, dit-elle. Celle de Nan Goldin ou encore Jean Cocteau au Musée des beaux-arts. Deux expos très intimes qui m’ont permis d’entrevoir ce que ça pouvait être d’être une artiste. »

  • Vue de l’exposition Naked Excess à la Esker Foundation (Calgary), en 2022.

    PHOTO FOURNIE PAR L’AGAC

    Vue de l’exposition Naked Excess à la Esker Foundation (Calgary), en 2022.

  • Still Life Under Rolling Pin, 2019, Michelle Bui, impression jet d’encre sur papier archives.

    PHOTO FOURNIE PAR L’AGAC

    Still Life Under Rolling Pin, 2019, Michelle Bui, impression jet d’encre sur papier archives.

  • Expo Centerfold à l’ex-galerie Parisian Laundry (aujourd’hui Bradley Ertaskiran) en 2019

    PHOTO FOURNIE PAR L’ARTISTE

    Expo Centerfold à l’ex-galerie Parisian Laundry (aujourd’hui Bradley Ertaskiran) en 2019

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Sa première expo fut à la bibliothèque de Mont-Royal, en 2006. Étudiante, elle avait révélé son intérêt pour le corps féminin et la condition féminine. Mais c’est son premier solo, Pool of Plenty, à la Galerie de l’UQAM qui représente son premier déploiement pertinent. Sa démarche est devenue installative, Michelle Bui prenant des photographies d’objets assemblés et mis en scène de façon sculpturale.

« Je travaille beaucoup avec des objets présentement mais, pour moi, c’est tout le temps comme une extension du corps, de la manière dont on interagit avec les objets, de la manière dont on les accumule, dit-elle. Il y a quelque chose de très intime et de très familier. Par exemple, dans mes formes de fleurs, je vois souvent le corps féminin, une colonne vertébrale, une certaine élégance. »

PHOTO FOURNIE PAR L’ARTISTE

Son exposition Pool of Plenty à la Galerie de l’UQAM, en 2018.

Élégance mais parfois aussi chaos dans certaines photos. Michelle Bui a deux manières de travailler, avec des photos verticales d’objets assemblés ou des expériences au sol avec un laisser-aller de la forme. Représentée depuis tout récemment par la galerie McBride Contemporain, elle a déjà exposé à Toronto, à Calgary et à Vancouver où elle a installé une œuvre d’art public au printemps dernier. Elle prépare actuellement une exposition pour l’automne 2023 à McBride Contemporain.

Consultez le site de McBride Contemporain pour plus d’informations sur Michelle Bui