Le bâtisseur
Né à Trois-Rivières, Morgan Légaré avait 11 ans quand il a commencé à aider son père dans des projets de construction. Un univers qui a forgé son avenir. « Mon père m’a beaucoup appris et aidé, dit-il. J’ai toujours été manuel. Je m’en allais en enseignement quand j’ai découvert les arts visuels au cégep. »
Ensuite, il n’est resté qu’un an à Concordia. Il avait l’impression de refaire ce qu’il avait appris au cégep de Trois-Rivières avec ses enseignants Frédéric Cordier et Jérémie Deschamps Bussières. « J’ai quitté le bac pour aller à Art souterrain pendant deux ans et demi comme concepteur-designer d’exposition, dit l’artiste de 24 ans. En même temps, j’ai fait une résidence à la galerie Laroche-Joncas. J’y ai présenté mon premier show, Automatisation & Contrôle, en 2020. » Une expo réussie puisque les collectionneurs Pierre et Anne-Marie Trahan lui ont acheté trois œuvres.
Multidisciplinaire, Morgan Légaré fait de la direction artistique, de la conception de décors et du design d’intérieur de lieux de tournage et d’expositions. Il a fondé, cette année, Bon Matin Studio, avec les artistes Samuel Graveline et Laurent Le Bel-Roux. « J’ai travaillé pour des fondations, des galeries, des centres d’art, par exemple pour Elektra et la Fondation Guido Molinari, pour le montage des expositions », dit-il.
Sa démarche plus spécifique d’artiste contemporain se fait d’abord sur ordinateur. Puis il imprime ses œuvres ou les assemble.
Castor né, Morgan Légaré est aussi un drôle de moineau ! Très 2022. Sans gêne ni contrainte. Ouvert à tout, libre dans sa tête, assumant ses côtés masculin et féminin.
Une façon de vivre incarnée dans une série de photos très personnelles réalisée au printemps dernier avec la photographe Camille Tellier et la styliste Mélanie Brisson, dans une direction artistique de Jeanne Joly.
L’Œil de poisson
Morgan Légaré présente, jusqu’au 4 décembre, Extraction, une installation architecturale, à L’Œil de poisson, vénérable centre d’artistes de Québec. Une expo commissariée par Jean-Michel Quirion, codirecteur du Centre Clark. Le corpus est constitué d’une structure métallique créée sur ordinateur puis réalisée physiquement. Il lui a adjoint des tissus encollés et des impressions abstraites. « Ma mère est venue m’aider à nettoyer 230 barres de métal pour l’exposition ! », dit-il.
Extraction est un assemblage de profils d’aluminium et de corps fantômes qui y sont greffés.
L’exposition est une suite naturelle de son solo chez Laroche-Joncas. L’installation de 15 pi de haut est un modèle réduit de chantier avec l’ajout de fibres textiles moulées sur la structure, des fantômes éphémères signant à la fois une présence et une absence.
L’atelier
Morgan Légaré s’est aménagé un atelier bien agréable dans son studio de la rue Fullum, qu’il occupe depuis peu. Grand espace, baie vitrée, cuisinette, casiers de rangement et petit salon confortable pour relaxer au son de Kind of Blue, de Miles Davis. Un endroit zen pour recevoir galeristes, commissaires et collectionneurs, une nécessité pour cet artiste en quête de reconnaissance. « J’ai créé un décor chaleureux, car j’aime bien accueillir les gens », dit-il.
L’atelier est son lieu de conception artistique. Son ordinateur semble tout petit sur la grande table de travail. Il y alterne les essais numériques et leur déclinaison sur des supports à partir du dessin.
Je travaille toujours sur plusieurs séries en même temps. Je produis énormément.
Morgan Légaré
L’endroit est aussi un lieu d’exposition de ses œuvres, sur les murs et à terre. Œuvres récentes, images d’installations et ses premières sculptures en bois et acier.
Les projets
Récemment, Morgan Légaré s’est réapproprié l’usage du bois pour de nouvelles impressions au jet d’encre, au rendu tridimensionnel. L’image de barres d’aluminium sur du merisier recyclé. Une suite d’Extraction, avec les veines du bois qui se marient à la géométrie métallique. Il se plaît aussi à passer du travail numérique au travail au pastel sec, organisant sa démarche sur plusieurs fronts.
J’aurai une expo à Fais-moi l’art, à Montréal en septembre prochain, avec des impressions sur différents supports, toujours dans l’idée de l’installation, la déambulation et l’architecture.
Morgan Légaré
Compte tenu de son attrait pour les installations, Morgan Légaré s’intéresse aussi à l’art public et posera sa candidature à des concours. « Je sais aussi que je vais postuler à la maîtrise à Concordia, dit-il. Et la réaliser cette fois avec assiduité ! »