Les Ateliers 3333 – création de plusieurs dizaines d’ateliers d’artistes au 3333, boulevard Crémazie, à Montréal, dans un ancien édifice industriel – sont un succès sur toute la ligne. Un an après le lancement du projet par le peintre Marc Séguin, tous les espaces sont loués. Nous avons rendu visite à quelques artistes qui viennent d’y emménager.

La sculptrice Pascale L’italien partage aux Ateliers 3333 un espace de 1035 pi⁠2 avec huit autres artistes dont Bryan Beyung, Frédérique Laliberté, Évelyne Allaire et Ian MacLeod. « On a tous des horaires différents donc on est rarement plus de deux en même temps ici, dit-elle. Avant, on est restés pendant deux ans et demi dans l’ancienne usine Cadbury. On se faisait mettre dehors à coups de hausses de loyer. Au total, 29 % d’augmentation depuis notre arrivée. On a donc déménagé ici. On ne regrette pas. C’est plus grand, plus beau et plus propre ! »

  • Pascale L’italien

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

    Pascale L’italien

  • Ian MacLeod partage un espace avec Pascale L’italien.

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    Ian MacLeod partage un espace avec Pascale L’italien.

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Réalisé par Marc Séguin, la Société de développement Angus et le promoteur Huotco, le projet Les Ateliers 3333 comprend sept étages, avec de 7 à 12 locaux par étage. C’est beaucoup d’artistes, plus de 150, qui sont souvent plusieurs à louer un même espace, d’une superficie de 800 à 1000 pi⁠2. Les 82 baux de location sont partis comme des petits pains chauds, car la demande est très forte. « Il doit manquer quelque 700 ateliers à Montréal », dit Marc Séguin, qui est déjà à la recherche d’un autre édifice dans Saint-Michel.

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Marc Séguin devant Les Ateliers 3333

La différence entre Les Ateliers 3333 et d’autres édifices pour artistes visuels, c’est d’abord le prix de location très attractif, 12 $ le pied carré, et le fait que les loyers n’augmentent qu’avec l’inflation. L’artiste Cynthia Girard-Renard estime que c’est rassurant de savoir qu’elle ne sera pas évincée prochainement, « même si c’est la Place des Arts la plus laide au monde ! », dit-elle.

« Directe sur la Métropolitaine, on dirait un scénario apocalyptique ! C’est tellement pollué et brutaliste, cette autoroute. On n’aurait jamais cru que des artistes seraient jetés dans des endroits aussi laids. Mais bon, le quartier est super chouette. C’est Saint-Michel. Il y a plein d’épiceries et un restaurant haïtien totalement délicieux, le Pam Pi Bon ! C’est un beau projet, le 3333. Je suis contente que mon atelier donne sur le nord. Je ne vois pas la Métropolitaine et il y a de beaux couchers de soleil. »

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Jérôme Lavoie avec Marc Séguin

L’ébéniste Jérôme Lavoie est aussi très heureux d’être désormais dans Saint-Michel.

Le gros avantage que j’ai ici, c’est que je n’ai plus d’épée de Damoclès sur la tête. J’ai juste à me concentrer sur mes affaires.

Marc Séguin, peintre

Mais pourquoi un ébéniste ? L’immeuble n’est pas réservé aux seuls artistes visuels ? Non. Marc Séguin explique qu’il y a quelques artisans dans l’édifice. « Les artistes peuvent avoir besoin d’un ébéniste, dit-il. Quand on était au 305, Bellechasse, on avait un ébéniste par étage ! »

La Fondation Giverny pour l’art contemporain, de l’homme d’affaires François Rochon, est même présente avec un très grand espace pour exposer ses œuvres d’art. Actuellement, une expo présente des créations de Folker de Jong, Sophie Jodoin, Edward Burtynsky, Hajra Waheed, Bill Viola, Magali Reus, Rafael Lozano-Hemmer, Kelly Richardson, Adad Hannah et Eduardo Basualdo. Il faut prendre rendez-vous pour visiter l’exposition.

  • Un dessin de l’artiste Sophie Jodoin

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    Un dessin de l’artiste Sophie Jodoin

  • À gauche, une œuvre de l’artiste néerlandais Folker de Jong

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    À gauche, une œuvre de l’artiste néerlandais Folker de Jong

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Marc Séguin désire que Les Ateliers 3333 soient une véritable communauté. Dans quelques mois, l’organisme privé sera transformé en une fiducie pour que les artistes gèrent eux-mêmes l’édifice. Les promoteurs ont déjà confié son intendance à une artiste et spécialiste du communautaire, Keithy Antoine.

Elle va animer les lieux, organiser des expos et des journées portes ouvertes, notamment lors des Journées de la culture, à l’automne.

On veut que les artistes apprennent à se connaître et que les gens du quartier soient impliqués pour faire une belle symbiose. On aura bientôt un café, une boutique pour que les artistes puissent vendre des produits dérivés et plus tard, une terrasse sur le toit.

Keithy Antoine

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En septembre, l’immeuble aura droit à une cure de jouvence supplémentaire. Toutes les fenêtres seront changées grâce à la perception des premiers loyers, dit Marc Séguin. Le deuxième étage sera terminé pour que les derniers locataires puissent s’installer.

  • Pénélope et Chloé, deux artistes travaillant le textile, sont maintenant aux Ateliers 3333.

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    Pénélope et Chloé, deux artistes travaillant le textile, sont maintenant aux Ateliers 3333.

  • L’artiste Marc-André Yonkers Vidal partage l’espace avec Pénélope et Chloé.

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    L’artiste Marc-André Yonkers Vidal partage l’espace avec Pénélope et Chloé.

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Marc Séguin s’est aussi réservé un espace de 3000 pi⁠2 dans l’immeuble, avec une vue splendide sur le centre-ville, le Stade olympique et le mont Royal. Il a rapatrié des œuvres de son atelier new-yorkais qu’il laissera tomber prochainement, après 16 ans de présence. « L’été, je ne voulais plus y aller, il fait trop chaud et je me suis fait un atelier sur une île alors deux ateliers, c’est assez. »

Parallèlement à sa préoccupation d’aider les artistes émergents et d’envoyer un message contre la spéculation et les hausses de loyer exagérées, Marc Séguin poursuit son chemin artistique. Il prépare actuellement un film d’animation à l’Office national du film avec 6900 de ses dessins. « Ce sera un court métrage de 12 minutes, dit-il. L’histoire est déjà scénarisée. J’ai une équipe avec laquelle je vais entrer en production en septembre. »

Lisez l’article sur la création des Ateliers 3333 Consultez le site internet des Ateliers 3333