La vente de 60 œuvres de la collection d’art africain de Guy Laliberté par Christie’s, le 11 mai, a rapporté 5 millions. L’objet le plus convoité a été un buste de 48 cm de hauteur d’origine congolaise, adjugé pour 600 000 $. Si 80 % des lots ont été vendus, l’enchère a été un peu décevante, selon le commissaire Jacques Germain, qui a organisé cette vente pour le cofondateur du Cirque du Soleil.

Christie’s et Jacques Germain fondaient beaucoup d’espoir sur cette vente aux enchères qui survenait en pleine effervescence du monde de l’art new-yorkais, début mai. La collection élaborée depuis 26 ans par le commissaire montréalais spécialisé dans l’art africain avait été estimée entre 4,9 et 6,8 millions. Une estimation conservatrice dite « attractive » qui permettait d’espérer de belles batailles entre enchérisseurs.

Même si 12 lots n’ont pas trouvé preneurs, Jacques Germain considère que c’est un bon résultat. « Le marché est très très haut de gamme, dit-il. Ces objets s’adressent à des clients qui achètent le meilleur à fort prix. Christie’s était satisfait de la vente, mais c’est vrai que certains lots n’ont pas atteint le montant espéré. New York est un peu engourdi au niveau des arts premiers. Pour redynamiser ce marché, Christie’s sait que cela prend du temps ».

PHOTO VINCENT GIRIER DUFOURNIER, FOURNIE PAR CHRISTIE’S

Ce masque facial de première importance Makonde (Tanzanie) n’a pas trouvé preneur, même s’il a été exposé plusieurs fois dans des musées. « Le meilleur masque au monde pour cette typologie, dit Jacques Germain. Et introuvable sur le marché de l’art. »

Le commissaire explique que le contexte d’instabilité né de la situation de guerre en Ukraine a pu jouer dans ce résultat mitigé. « Peut-être aussi que la vente aurait dû avoir lieu à un autre moment, car l’attention était portée, début mai, surtout sur les enchères de grands tableaux. Après cette cohue, cela aurait pu être mieux. Mais les enchères sont les enchères. On ne peut jamais être sûr du résultat. »

PHOTO VINCENT GIRIER DUFOURNIER, FOURNIE PAR CHRISTIE’S

Record mondial pour ce masque-casque Sénoufo, vendu 452 450 $. « Il aurait pu facilement atteindre plus d’un million », dit le commissaire Jacques Germain.

Tout de même quatre objets ont enregistré des records du monde dans leur catégorie. Estimé entre 77 000 et 102 600 $, le masque Bamana du Koré (Mali) est parti pour 218 150 $. Une sculpture de Madagascar, Sakalava Figure, a été adjugée pour 97 000 $ alors qu’elle était estimée entre 25 650 et 38 500 $. Un masque-casque Sénoufo, de Côte-d’Ivoire, à la provenance de choix, a été vendu 452 450 $, soit plus que son estimation supérieure de 384 700 $. Enfin, un masque congolais, Vili-Yombe, a été acheté pour 121 200 $, soit près de deux fois son estimation supérieure.

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Prix record mondial pour un ibis Sakalava vendu 97 000 $.

« Trois grands musées ont acheté des œuvres lors de cette vente, dont le Chicago Art Institute et le Detroit Institute of Arts, dit Jacques Germain. Ils étaient très contents, car ils n’ont pas payé très cher leurs acquisitions. Ça aurait pu être facilement le double. Quelques musées québécois auraient pu faire de très bonnes affaires. »

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Record mondial pour ce masque Bamana du Koré (Mali) vendu 218 150 $.