(Marseille) Un dessin de jeunesse de Paul Cézanne (1839-1906) égaré pendant soixante ans puis acquis aux enchères pour 26 000 euros (36 000 $) est « de retour à Aix-en-Provence », la ville natale du peintre, a annoncé la mairie vendredi.

L’œuvre se compose en fait de deux dessins, l’un réalisé par l’artiste, vraisemblablement lorsqu’il avait 19 ans, à la plume, encre brune et crayon, représentant un soldat tenant une petite bouteille et faisant face à une vieille dame, pieds nus, tenant elle une fiole dans sa main droite.

Au verso, un paysage au calvaire de Marie Cézanne, la sœur cadette de Paul, au crayon noir sur papier.

Ces croquis ont été réalisés par la fratrie Cézanne et rassemblés dans un carnet, probablement pendant les vacances d’été, selon le communiqué de la mairie d’Aix. Un dessin de « petit bonhomme » très enfantin laisse penser que la benjamine Rose a voulu compléter « cette œuvre collective ».

Ces dessins soulignent, selon le communiqué, « le cadre familial apaisant et fraternel dans lequel Cézanne évolue et qui sera essentiel à l’affirmation de sa vocation ».

Le fonds de dotation « Aix-en-Provence mécénat » s’est mobilisé pour acquérir ce dessin au symbole « fort pour Aix-en-Provence » selon la mairie : « c’est ici qu’il a été dessiné, sans doute à la Bastide du Jas, il est une étape dans la consolidation de la destinée artistique d’un jeune homme qui hésite encore ».

L’œuvre, donnée par convention à la ville d’Aix par le fonds de dotation, va être restaurée et encadrée puis exposée au Musée Granet, « avec mise à disposition ponctuelle de la Bastide du Jas de Bouffan ».

Le fils de Paul Cézanne avait hérité du carnet dans lequel figurait ce dessin, qu’il a ensuite transmis à son fils Jean-Pierre. Le carnet a été vendu en 1947 à un collectionneur américain, qui l’a lui-même donné au Musée d’Israël, mais avec six feuillets manquants.

Le feuillet acquis par la ville d’Aix a été redécouvert à Cannes en 2019 seulement, lors d’un règlement de succession. S’il comportait bien un mot inscrit de la main de Jean-Pierre Cézanne, petit-fils du peintre, indiquant que « le dessin ci-contre était un dessin original de (son) grand-père », il a fallu tout de même plus de deux années de recherche — contrariée par la crise sanitaire — pour authentifier le dessin double-face comme appartenant au carnet dit « de Jérusalem ».