(New York) Le sculpteur suisse Alberto Giacometti va-t-il égaler Pablo Picasso et devenir, mardi, le deuxième artiste avec quatre œuvres au-delà du seuil symbolique des 100 millions de dollars ? Hypothèse plausible, mais le prix final de la sculpture vendue chez Sotheby’s pourrait rester secret.

La maison d’enchères a choisi un format hybride, dit sous pli cacheté (sealed bid), pour proposer Grande femme I (2,68 m), qui fait partie d’une série comprenant les plus grandes sculptures, en taille, de l’œuvre du Parisien d’adoption.

Concrètement, il s’agit d’enchères à l’aveugle, lors desquelles chaque collectionneur intéressé ne peut proposer qu’un prix, inconnu de tous jusqu’à la fin de la vente, et forcément supérieur ou égale à 90 millions de dollars.

Mardi vers 12 h (heure de Montréal), après la fin de la période d’enchères qui a démarré le 21 octobre à New York, Sotheby’s prendra connaissance des offres, l’œuvre allant à la plus élevée, si elle est supérieure de plus de 5 % à la deuxième (un nouveau tour aura lieu si non).

Contrairement à une vente à enchères classique, Sotheby’s ne révèlera pas le prix d’acquisition, seul l’acheteur étant en mesure de le dévoiler. Il se pourrait donc que le montant demeure secret.

La formule a le mérite d’attirer l’attention sur une œuvre, comme lors d’une vente classique aux enchères, tout en préservant la confidentialité de la transaction, à l’instar d’une vente privée.

Depuis 2010, trois œuvres de l’artiste helvète ont déjà franchi le seuil des 100 millions de dollars, les seules sculptures à avoir atteint ce niveau.

L’homme au doigt, vendu 141,2 millions de dollars en 2015, est la sixième œuvre la plus chère de tous les temps aux enchères.

Les personnages caractéristiques d’Alberto Giacometti, avec leurs corps élancés à l’extrême, n’ont jamais été aussi demandés, portés, pour partie, par un nouvel appétit du marché pour la sculpture.

Grande femme I, qui fait partie d’une série de quatre sculptures, est « l’apothéose de l’exploration (par Alberto Giacometti) de la femme debout au long de sa vie », a expliqué Brooke Lampley, vice-présidente pour les beaux-arts chez Sotheby’s.

Au long de sa carrière, le sculpteur a progressivement agrandi la taille de ses œuvres, pour arriver, à la fin de sa vie, à ces Grandes femmes monumentales.

« La Grande femme se veut vaste, énorme et supérieure à l’être humain », situe Brooke Lampley, pour « susciter la réflexion et l’introspection quant à votre place en ce monde ».

Vedette de ces ventes d’automne de Sotheby’s, la Grande femme sera suivie, mercredi, par deux ventes consécutives, l’une consacrée à l’art contemporain et la seconde aux impressionnistes et à l’art moderne.