(Londres) Avec des dizaines de milliers de sourires d’enfants exposés à la Tate Britain, mais aussi dans les rues et le métro de la capitale britannique, l’artiste et cinéaste Steve McQueen dresse un saisissant «portrait de Londres» et de son futur.

Accompagné de neuf autres photographes, le réalisateur britannique primé aux Oscars (12 Years a Slave) a immortalisé plus de 76 000 élèves de 1500 écoles, dont celle qu’il fréquentait enfant. Soit plus de deux tiers des jeunes Londoniens âgés de 7 ou 8 ans.  

À la Tate Britain, où l’exposition Year 3 s’ouvre mardi, l’effet d’accumulation est impressionnant. Plus de 3000 clichés revisitant l’éternelle photo de classe recouvrent les hauts murs de la galerie principale du musée.

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Steve McQueen

En parallèle, plus de 600 reproductions gigantesques sont aussi affichées jusqu’au 18 novembre dans les rues ou le métro londonien.  

«C’est un portrait de Londres», a résumé la commissaire d’exposition Clarrie Wallis lors de la présentation de l’exposition lundi.

«Pour moi, c’est incroyable de voir ces 76 000 sourires. C’est une sorte de portrait du potentiel», a-t-elle confié. «Cela résonne très fortement avec tout le reste de l’œuvre de Steve McQueen».  

Dans son installation Queen and Country (2007), 55 feuilles de timbres commémoraient ainsi chacune un soldat britannique tué lors de la guerre en Irak. «L’idée était de réfléchir à la perte de tout ce potentiel. Ici, on nous montre le potentiel de la prochaine génération», a analysé la commissaire d’exposition.  

Avec Year 3 se juxtaposent des classes de six à une vingtaine d’enfants, des élèves en uniformes ou en habits de ville, des poses classiques, en rang d’oignons sur des bancs, ou plus décontractées sur des poufs, soulignant les disparités entre les classes et leurs méthodes pédagogiques.

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«Le but est de montrer aux Londoniens à quoi ressemble leur ville», a expliqué le co-directeur d’Artangel James Lingwood, chargé de l’exposition en extérieur.

Year 3 couvre un large éventail, allant d’écoles privées aux écoles publiques, en passant par les écoles libres, les écoles pour les enfants ayant des besoins spécifiques et même les enfants scolarisés à la maison.

Mais au-delà de ces disparités, le projet cherche au contraire, selon les organisateurs, à incarner l’idée de communauté et créer un «sentiment d’appartenance».  

«Quand vous avez environ 7 ans, c’est le moment où vous vous rendez compte que vous appartenez à quelque de plus grand que votre famille ou votre groupe d’amis, appelé la société», a indiqué M. Lingwood.