Les individus en état d’ébriété qui avaient dérobé une main sur une sculpture faisant partie d’un mât totémique, la semaine dernière devant le Musée des beaux-arts de Montréal, viennent de rendre la pièce à l’institution, avec une lettre d’excuses.

L’objet a été déposé à l’entrée de l’édifice dans la nuit du 1er au 2 octobre.

« Nous voulons nous excuser auprès de tous ceux qui ont été offensés. À ce moment, nous n’étions pas dans un état d’esprit sobre et nous n’avions aucune idée ce qu’était le mât totémique », peut-on lire dans la lettre, rédigée en anglais, dont la direction du musée a diffusé des extraits.

La direction du Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) voit dans le dénouement heureux de cette mésaventure un symbole du « pouvoir de l’art ».

« Nous sommes soulagés de constater que la sagesse l’emporte sur l’ébriété… », a fait savoir, dans un communiqué, Nathalie Bondil, directrice générale et conservatrice en chef du MBAM.

L’acte de vandalisme avait été vertement dénoncé, notamment parce que l’œuvre, intitulée Mât totémique des pensionnats, a été réalisée par le sculpteur Charles Joseph, qui a vécu dans un pensionnat autochtone et présente ce totem comme son témoignage de réconciliation.

Le MBAM avait porté plainte à la police et diffusé sur les réseaux sociaux un appel à tous pour retrouver la main disparue, demandant aux voleurs de la rapporter.

« Quand nous avons réalisé ce que [l’œuvre] représentait pour tellement de gens, ça nous a donné mal au cœur. Nous étions ignorants de sa signification, et nous avons décidé à 100 % que nous devions la remettre. Nous sommes désolés, tellement désolés pour la douleur et la colère que nous avons causé. Amour pour tout le monde », est-il écrit dans la lettre.

Le MBAM a indiqué qu’il retirait sa plainte à la police, maintenant qu’il avait récupéré le morceau de l’œuvre.

« La lettre d’excuses sincères que nous avons reçue de nos délinquants d’un soir montre que l’art éduque et sensibilise sur les questions les plus importantes, notamment la réconciliation avec les Premiers Peuples », a souligné Nathalie Bondil. « Nous sommes convaincus que non seulement l’art public embellit la vie de nos concitoyens, mais participe aussi à une prise de conscience nécessaire. »