(Paris) Les amateurs d’art ont eu une dernière occasion vendredi d’admirer — et de remettre en cause — un tableau vieux de 400 ans retrouvé dans un grenier du sud de la France et attribué au maître italien Caravage, avant qu’il ne soit mis aux enchères.

La maison d’enchères parisienne Drouot a invité les visiteurs à venir admirer Judith et Holoferne, cinq ans après sa découverte dans une résidence de Toulouse. Le tableau, qui aurait été réalisé à Rome vers 1604-05, dépeint l’héroïne biblique Judith décapitant un général assyrien.

L’expert en art Éric Turquin, qui a récupéré le tableau il y a deux ans, indique qu’il avait été retrouvé, dépourvu d’un cadre, par le commissaire-priseur Marc Labarbe pendant qu’il vidait la maison d’un de ses clients.

Il a estimé sa valeur entre 120 et 150 millions d’euros (l’équivalent de 180 à 225 millions de dollars canadiens), tout en reconnaissant que les experts ne s’entendent pas sur son authenticité.

La pièce sera mise aux enchères le 27 juin à Toulouse.

« Lorsque nous avons découvert le tableau, nous savions que dès que nous prononcerions le nom de Caravage il y aurait une controverse, a raconté M. Turquin. Nous le savions que parce que chaque Caravage découvert depuis 1951, chacun de ces tableaux a été l’objet de débats et de batailles. »

« C’est un artiste qui ne fait pas consensus. S’il y avait un consensus, ce serait très suspect », a-t-il relevé.

Aux yeux de M. Turquin, « le visage de Judith est une signature ».

« L’énergie qui sort de ces yeux, la détermination que vous avez dans ces yeux sombres ainsi que la sensualité de ses lèvres brillantes, ça ne peut appartenir qu’à Caravage », a-t-il réaffirmé vendredi, en invitant ses collègues du monde de l’art à garder les yeux ouverts.

« En France, nous n’avons pas de ventes de garage… Les gens gardent des objets. Ils restent dans la même maison pendant une centaine d’années », a-t-il avancé.

« Il y a encore beaucoup à trouver. »