Un médecin qui vous donne une prescription pour le... musée? Ce sera désormais possible, et les ordonnances seront acceptées au Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM).

L'initiative de l'institution muséale et de l'organisation Médecins francophones du Canada (MFdC) serait la première en son genre dans le monde, selon le MBAM.

À compter du 1er novembre, les médecins membres de l'organisation pourront prescrire à leurs patients des visites au musée, qui seront alors gratuites.

L'idée est de permettre aux patients et à leurs proches (famille et aidants) de profiter des bienfaits de l'art sur la santé.

«C'est comme un rêve qui se réalise pour les patients», a confié jeudi la docteure Hélène Boyer en entrevue téléphonique.

Les visites muséales pourront être prescrites aux personnes souffrant de maladies mentales comme physiques. On peut penser ici au diabète, à l'hypertension, aux maladies pulmonaires chroniques et aussi à tous ceux qui reçoivent des diagnostics de cancer ou de maladies dégénératives, a précisé Mme Boyer, qui pratique la médecine familiale et qui est la vice-présidente de MFdC.

Lorsqu'on admire une oeuvre d'art, le corps sécrète des hormones semblables à celles issues de l'activité physique, a expliqué Mme Boyer, soutenant qu'il y a des preuves scientifiques à l'appui de ce constat. Et puis, certains patients ne sont pas en mesure de faire du sport: l'art est alors aussi une excellente avenue thérapeutique, juge la docteure.

Nathalie Bondil, directrice générale et conservatrice en chef du MBAM, abonde dans le même sens.

«Je suis persuadée qu'au XXIe siècle la culture sera pour la santé ce que le sport a été XXe siècle. L'expérience culturelle contribuera à la santé et au mieux-être, comme la pratique du sport à notre forme physique. (...) Nous sommes très fiers de ce projet-pilote visionnaire, une première», fait-elle valoir dans un communiqué.

Ces «prescriptions muséales» permettront de contribuer au mieux-être et au rétablissement de ces personnes en leur offrant un accès gratuit à un lieu sécuritaire et bienveillant, une expérience enrichissante et relaxante, un moment de répit, ou encore l'occasion de resserrer les liens avec leurs proches, est-il expliqué dans le communiqué diffusé jeudi.

«Être en contact une oeuvre d'art, ça a un grand bénéfice. Souvent ça apporte un grand bien-être. Ça nous fait oublier aussi notre souffrance et notre douleur. On arrive à se concentrer sur autre chose et tout d'un coup, le moment présent évacue la souffrance», soutient la docteure.

Pour des patients en fin de vie, cela leur permet d'avoir d'autres activités, ajoute-t-elle.

Dans une première phase du projet, les médecins participants pourront prescrire jusqu'à 50 ordonnances pour une visite des différentes expositions du MBAM, chacune étant valable pour deux adultes et deux enfants.

Le MBAM offre aussi des ateliers d'art-thérapie dans le cadre d'un autre projet.