Fin de la saga du tableau La tour Eiffel, de Marc Chagall, que le Musée des beaux-arts du Canada souhaitait vendre chez Christie's, à New York, le 15 mai. Le MBAC l'a confirmé, jeudi soir, par voie de communiqué.

Quelle histoire ! Finalement, après des mois de préparation et une controverse qui devenait internationale, le Musée des beaux-arts du Canada a finalement renoncé à vendre l'une de ses deux toiles de Marc Chagall dans le but initial d'en acheter une autre, le «Saint Jérôme entendant la trompette du Jugement dernier», de Jacques-Louis David.

Jeudi, le Globe & Mail l'avait annoncé mais le MBAC s'était refusé à le confirmer pendant toute la journée. À 19h, le musée d'Ottawa a finalement envoyé un communiqué de presse confirmant la nouvelle du quotidien torontois.

«La décision d'aliéner et de vendre La tour Eiffel de Marc Chagall n'a pas été prise à la légère, affirme le communiqué non signé. Elle a fait l'objet d'un examen fondé sur des recherches sérieuses et approfondies réalisées par les conservateurs du Musée, le conseil et ses conseillers externes. Puisque le Saint Jérôme de David ne risque plus de quitter le pays, le conseil d'administration en est venu à la conclusion qu'il n'est plus nécessaire de vendre La tour Eiffel le 15 mai 2018, comme il avait été prévu. La tour Eiffel demeurera donc au sein de la collection nationale.»

Le communiqué poursuit en disant que le musée a été sensible «aux débats passionnés des derniers jours et nous nous réjouissons de l'attachement du public pour la collection nationale».

Selon le Globe & Mail, la décision de ne plus vendre la toile de Chagall estimée entre 6 et 9 millions US a été prise mercredi soir lors d'une réunion à tout le moins animée du conseil d'administration du musée. Ce virage à 180 degrés aurait été pris à cause de l'ampleur de la controverse qui avait franchi les frontières. Dans Le Devoir, mercredi, un article faisait état qu'une des petites filles de Marc Chagall, Meret Meyer, avait écrit au directeur du MBAC, Marc Mayer, pour lui demander de reconsidérer le choix de vendre La tour Eiffel.

Même si la présidente du conseil d'administration avait assuré, deux jours plus tôt, que la vente de la toile irait de l'avant, le CA a finalement souhaité mettre un terme à la crise pour éviter que la réputation internationale du musée en pâtisse. Depuis, le musée national canadien négocie avec Christie's les conditions financières du retrait du tableau de l'enchère du 15 mai. Un coût qui peut varier selon la réputation du vendeur.

Le gouvernement fédéral, qui finance plus des trois-quarts du budget annuel du MBAC, a été mis au courant de la décision du CA. La Presse a essayé de joindre Marc Mayer, mais le service des communications du musée a fait état que son directeur général est en déplacement en Europe jusqu'au milieu de la semaine prochaine.

Rappelons que Marc Mayer avait l'intention d'acquérir le Saint Jérôme à son propriétaire, la Fabrique de la paroisse Notre-Dame de Québec pour bonifier la collection d'art français du MBAC, le musée ayant décidé de vendre la toile de Chagall pour éviter de piger dans son budget d'acquisition de 8 millions. Finalement, la décision de la ministre de la Culture du Québec, Marie Montpetit, de faire classer le Saint Jérôme en tant que bien patrimonial, avait rendu la vente du Chagall inutile à court terme.