On le connaît comme caricaturiste au quotidien Le Soleil (depuis 20 ans !), pour sa bédé Baptiste et sa collaboration à Safarir. Mais ce n'est pas tout le monde qui sait qu'André-Philippe Côté peint aussi depuis des années. Il expose ses toiles à Montréal, à la galerie Artgang, jusqu'au 17 octobre, puis chez son galeriste de Québec, jusqu'au 30 novembre.

Il s'agit de son premier solo de peintures à Montréal et pourtant André-Philippe Côté peint depuis plus de 20 ans. « Mon style, c'est de peindre un tableau et de le mettre dans la garde-robe ! », dit-il en riant. 

Cela fait en effet seulement deux ans qu'il expose ses toiles dans sa chère ville de Québec. On le doit au galeriste Alexandre Motulsky-Falardeau, qui a réactivé un local de la rue Saint-Paul, dans le Vieux-Québec, en vendant des tableaux de Côté et des oeuvres de Louis Boudreault.

« Étant caricaturiste, j'avais un peu peur du jugement. Que l'on voie mon travail de caricaturiste dans mes tableaux. Ça me bloquait. » 

Pourtant, si l'on reconnaît le style Côté dans ses toiles, il demeure que l'acrylique lui sied parfaitement. L'élégance de son trait se marie bien à la peinture, surtout dans des formats qui n'ont rien à voir avec ceux d'une caricature.

Son style, il le développe depuis l'enfance. Jeune, dans les années 70, à l'époque des Guido Molinari et Claude Tousignant, il aurait voulu étudier les arts au cégep et devenir peintre. Il adorait Francis Bacon, Lucian Freud et Picasso. 

« Mais mes professeurs ont refusé, car tous les artistes que j'aimais, ils les rejetaient, dit-il. Pourtant, le dessin était l'outil que j'avais pour comprendre le monde. Du coup, j'ai bifurqué vers la bande dessinée. »

Côté était opiniâtre. Même frustré, il a passé des heures à lire des ouvrages d'art, à voir des expos, à comprendre les démarches des expressionnistes comme des raphaéliens. Sans avoir fait son cégep, sur la présentation de ses dessins, il a pu être admis à l'université. 

À Montréal, il présente 22 toiles créées depuis le printemps dans son atelier de Québec, au bord du fleuve Saint-Laurent. Un travail colossal qui reflète son aisance à peindre. 

« Je ne connais pas le syndrome de la toile blanche. Pour moi, cinq minutes d'inactivité, ça n'existe pas. Je peux peindre pendant trois heures, recouvrir et recommencer ! Je suis toujours dans l'action. J'ai développé ça en caricature. On ne peut pas passer une heure à regarder sa feuille... » 

Pour peindre comme pour caricaturer, Côté a besoin d'être inspiré par un sujet. Ses oeuvres exposées chez Artgang appartiennent à trois séries de peintures, « les salles d'attente », la « série nordique » et « les branchés », des toiles axées sur l'impact des réseaux sociaux et de la technologie dans nos vies.

Plusieurs de ses peintures montrent des personnages collés à leur cellulaire, faisant des égoportraits ou se prenant en photo avec une perche télescopique. Des peintures moins critiques que drôles, découlant de ses observations. Des reflets de la mode actuelle plus que des caricatures proprement dites.

Dans ses peintures, ses influences affleurent. Il est très inspiré par l'art urbain qui a « décoincé et éclaté la figuration pour la rendre très ludique », dit-il. 

Il y a d'ailleurs du Labrona dans certains de ses tableaux, quand les personnages ont ce nez aquilin caractéristique du street artist montréalais. 

Ses toiles ont aussi quelquefois des airs de bande dessinée. On y grefferait parfois un phylactère ou deux ! Les peintures de Côté sont riches et diverses dans les coloris, dans les atmosphères et les compositions.

En peignant, le caricaturiste sort de son cadre strict. « Dans la caricature, je m'en tiens au message, alors que la peinture me ressource et m'évade », dit-il. 

Certaines de ses oeuvres sont des collages, Côté ayant ajouté des morceaux de journaux, bribes d'informations provenant de quotidiens. 

Actuellement, André-Philippe Côté s'intéresse à nos cuisines, ces lieux de rencontre de la famille et des amis. Ce sera peut-être le thème de ses prochaines peintures, en attendant un autre projet de BD. Toujours très actif, André-Philippe Côté ! « Je pourrais dessiner 18 heures par jour, dit-il. C'est une passion. Dès que je m'assois avec un crayon, je redeviens l'enfant que j'étais. Avec toujours le même ravissement. » 

Pour voir l'étendue des talents d'André-Philippe Côté en peinture, Alexandre Motulsky-Falardeau prend la suite d'Artgang à partir du 18 octobre et jusqu'au 30 novembre, exposant des toiles plus anciennes dans sa galerie de Québec. 

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Un autre Côté, expo solo des peintures d'André-Philippe Côté, à la galerie Artgang (6524, rue Saint-Hubert, Montréal), tous les jours de 12 h à 18 h, jusqu'au 17 octobre, puis à la Galerie Alexandre Motulsky-Falardeau (209, rue Saint-Paul, Québec), du 18 octobre au 30 novembre.

Photo Edouard Plante-Fréchette, La Presse

Vue de l'exposition Un autre Côté, des peintures d'André-Philippe Côté présentées à la galerie Artgang jusqu'au 17 octobre